L’hiver dernier, Aurélien Dunand-Pallaz (2nd de l’UTMB® 2021) a été victime d’une chute à vélo dans le Semnoz (fracture du bassin), puis d’une fracture de fatigue. Il a donc revu ses programmes de courses et d’entraînements.
Jeune papa depuis le 7 juillet d’un petit garçon, il vient de s’imposer sur le Trail des Bauges et le X-Trail Courchevel.
Trails Endurance Mag est allé prendre de ses nouvelles à quelques jours du départ de la prochaine édition de l’UTMB® et il se dit « confiant » à quelques jours du départ.
Trails Endurance Mag : Comment s’est effectuée la préparation et le retour au pic de forme, pour être au top dans 10 jours ?
Aurélien Dunand-Pallaz : J’y suis allé progressivement. C’est vrai que la première blessure qui est arrivée au mois de novembre ne m’a pas trop inquiétée : c’était une chute à vélo. Mais après ça quand j’ai repris, j’y suis allé un peu trop fort et j’ai eu une fracture de fatigue au bassin. C’était début février, donc ça m’a mis un petit coup parce que je savais que c’était mort pour le MIUT à Madère.
Ça allait décaler le planning de ma saison, mais en même temps, vu que j’avais l’ambition de faire l’UTMB® et la Diagonale des Fous, je me suis dit que c’est peut-être un mal pour un bien et que j’arriverais peut-être plus frais pour faire cet enchaînement.
Je ne me suis pas mis la pression. Je suis revenu, d’abord avec la MaxiRace, une course à la maison (ndlr : il est arrivé 2nd). Ensuite, je suis allé sur le GR20, j’ai fait un gros bloc d’entraînement en 3 jours et ça m’a bien fatigué, puis je me suis entrainé autour de la maison avec la naissance prévue début juillet.
J’ai fait un trail dans les Bauges en juin et ensuite le X-trail Courchevel qui s’est super bien passé, avec de supers bonnes jambes, cela m’a vraiment mis en confiance, et j’ai fini avec un dernier bloc d’entraînement de 4 jours autour de chez moi fin juillet / début août.
La confiance augmente et les sensations viennent bien. Je suis confiant pour la course qui arrive.
« UTMB, un format qui me convient bien » : Aurélien Dunand Pallaz
TEM : Tu arrives 2nd de l’UTMB en 2021 en un peu moins de 21 heures et à seulement 13 minutes de François D’Haene. C’était ta première expérience sur 100 miles et tu as beaucoup appris. Est-ce qu’avec cette expérience, tu as changé des choses dans ta préparation par rapport à l’an passé, et est-ce que le fait d’avoir fait 2e à seulement 13 minutes d’une légende de l’UTMB, t’a ouvert l’appétit pour, éventuellement, envisager mieux cette année ?
Aurélien Dunand-Pallaz : Non pas vraiment. Je n’ai pas changé beaucoup de choses. Sur le dernier mois, j’ai fait un peu le même schéma que l’année passée parce que cela s’était bien passé et parce que j’ai gardé les mêmes habitudes. On a un petit peu ajusté quelques séances avec mon entraîneur Jean-Louis Bal, mais rien de grand nouveau.
Ensuite, oui c’est sûr que c’est très encourageant d’avoir fait ce chrono-là pour mon premier 100 miles. Ça c’était super bien passé. Ce qui est positif, c’est que j’ai vu beaucoup de coureurs réussir sur 120 km et après buter sur le 170 km.
Je n’ai pas forcément vu de différence. Je pense que c’est un format qui me convient bien, je verrai dans 10 jours si ça se confirme, mais oui j’ai envie de faire mieux en terme de chrono.
Après ça va dépendre des conditions climatiques et on verra si j’ai la même forme que l’année passée avec ce début de saison un peu contrarié.
C’est vrai que n’ai pas tout l’entraînement hivernal d’habitude qui me permet d’avoir la grosse caisse, mais en même temps, j’ai l’impression que ça va bien. Je suis curieux de voir ce que ça va donner et je suis confiant quand même. J’espère me rapprocher des 21 heures comme l’année passée, et pourquoi pas mieux.
TEM : Tu habites au pied du massif du Mont-Blanc. Tu as une pratique du sport été-hiver assez solide, avec, à la fois du ski alpinisme, du vélo en intersaison, puis de la course à pied. Est-ce qu’aujourd’hui le ski-alpinisme c’est la clé de la réussite sur cette épreuve, puisqu’en 2021, il y avait 5 skieurs-alpinistes dans les 6 premiers ?
Aurélien Dunand-Pallaz : Oui, c’est vrai, on a vraiment une culture des sports outdoor, pas uniquement de la course à pied.
On mixe beaucoup avec le vélo et le ski. Moi, je viens du ski alpin, donc c’est logique de faire du ski de randonnée, ça permet de faire une grosse caisse l’hiver, tout en soulageant les articulations. On bosse énormément l’endurance de force et on travaille en altitude, ce qui a aussi son importance.
Je pense que ce n’est pas anodin que des coureurs comme Kílian, François, Xavier, Ludo, tous vainqueurs de l’UTMB®, ou encore Germain, Grégoire….on ait un peu tous le même schéma.
Pour ceux qui ne font que de la course à pied, sur le format 170 km, l’entrainement manque peut-être un petit peu de variétés.
Après voilà, on verra ce que ça donne cette année. Est-ce qu’il n’y a pas 2 écoles ?
Pour l’instant, l’école ski et ski alpinisme marche bien sur l’UTMB®.
« Plus les conditions sont dures mieux ça me va » : Aurélien Dunand Pallaz
TEM : Justement, tu parlais de Jim Walmsley, de Pau Capell, de Ludovic Pommeret et de Kílian Jornet. Aujourd’hui, tu as des coureurs qui vont sans doute plus vite que toi. Pau, veut essayer de descendre sous les 20 heures. La course va sans doute partir très vite devant. Est-ce que tu as prévu une stratégie de course et sur ce parcours que tu connais bien, est ce qu’il y a une partie que tu préfères et une autre que tu redoutes ?
Aurélien Dunand-Pallaz : Le début de course est beaucoup moins approprié pour moi : les 3 premières heures jusqu’aux Contamines, ça court beaucoup. L’année passée ce n’est pas parti vite, j’ai été surpris.
Cette année, ça partira sûrement un peu plus vite. J’attends de voir ce que fait Jim Walmsley. Est-ce qu’il va attendre ? Est-ce qu’il va partir plus vite ? Honnêtement, moi je vais courir à mes sensations comme je fais souvent. Si ça part très vite et bien, non, je ne veux pas partir au charbon non plus et je garderai mon rythme, ça ne m’inquiète pas. Je sais que jusqu’à Courmayeur, beaucoup peuvent partir vite et craquer et je pense que ça va se réguler.
Entre Courmayeur et La Fouly, c’est là qu’on verra qui a bien géré sa première partie de course.
Je ne suis pas du style à partir trop vite donc je ferai ma course et j’espère me retrouver avec des gars de mon niveau quand même pour courir la nuit ensemble.
Ça ne me gêne pas trop de courir seul en général, mais c’est vrai que l’année passée, j’avais bien apprécié d’être avec Germain.
On a couru jusqu’au pied de la montée de Champex ensemble et on était sur un bon rythme avec une bonne allure. Je n’avais aucune notion du chrono, je ne regarde jamais ma montre quand je fais une course, et oui, c’était bien quand même bien de courir à 2.
TEM : Tu viens de la montagne, tu connais ce parcours parfaitement et les changements de climat qui peuvent se produire d’un côté ou de l’autre du massif. Est-ce qu’il y a des conditions météo particulières que tu préfères et qui pourraient t’avantager ?
Aurélien Dunand-Pallaz : Oui, clairement, l’année passée on a de bonnes conditions, il ne faisait pas très chaud. Moi, typiquement, plus les conditions sont dures mieux ça me va. Après, je ne vais pas souhaiter la pluie non plus parce que pour les organisateurs et pour les suiveurs, c’est moins sympa.
Mais c’est vrai que je préfère comme l’année passée, mettre les manchettes et les gants au Grand Col Ferret, que de mettre le short parce que le lendemain il fait 35°.
Après, je me suis quand même bien entraîné cet été comme tout le monde sous la chaleur et je pense que je suis bien habitué.
Plus il fera frais, et mieux ça me conviendra parce que je sais que je suis mieux dans ces conditions-là.
TMB – interview de Manon Bohard
UTMB – interview de Thibaut Garrivier
UTMB – interview de Jim Walmsley
UTMB – interview de Kilian Jornet
UTMB – interview de Pau Capell
Par Fred Bousseau – © Fred Bousseau et Justin Galant – Oriol Batista (Compressport)
Merci à K. Tanguy
décembre, 2024
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