Marathon du Mont-Blanc 2023 – Remi Bonnet et Sophia Laukli au sommet…

Marathon du Mont Blanc 2023

Le Suisse Rémi Bonnet (28 ans) et l’Américaine Sophia Laukli (23 ans) ont mis à l’honneur leur pratique hivernale (ski alpinisme pour l’un, et ski de fond pour l’autre) en remportant la 20e édition du Marathon du Mont-Blanc. S’ils sont parvenus au sommet de l’épreuve reine de l’évènement mont-blanais, c’est en prenant des risques sur cette seconde manche du Golden Trail World Series.

Par Bruno Poirier, à Chamonix


Evidemment, naturellement ou ” ITRAséquément “, puisque Rémi Bonnet est le meilleur performer mondial ITRA de tous les temps sur le format XXS (0-24 km), si l’on se réfère à sa cote ITRA (970). Le Suisse était donc le grand favori du Marathon du Mont-Blanc (45,6 km, +2750 m). En 3’35”04, le triple champion du monde de ski-alpinisme (vertical et individuel) a, enfin, remporté l’épreuve servant de support au Golden Trail World Series.

Quatrième à Zegama, le Gruérien a vaincu le signe mont-blanais. ” Cette année, toutes les planètes étaient alignées, résume-t-il. J’avais déjà abandonné à Chamonix (2022) et fait quelques places (4e en 2021, 5e en 2019). J’ai l’habitude de prendre des risques, sinon il ne t’arrive rien dans la vie. En course, c’est ma façon de courir. Parfois, je dois renoncer. Mais si une fois sur cinq, cela me permet de vivre un tel moment, dans une telle ambiance, c’est incroyable. C’était ma quatrième participation et je n’avais jamais été sur le podium. Je voulais écrire cette ligne à mon palmarès. C’est fait. Cela fait plaisir et c’est cool ” .

Marathon du Mont Blanc 2023
Rémi Bonnet


Incroyable, c’est surtout la façon de courir de Rémi, actuellement. Après sa victoire record à Neirivue-Moléson en Suisse (10,6 km, +1290 m en 55’41) et cette fameuse cote ITRA sur le format XXS (970), l’Helvète a récidivé à Chamonix, sur le Marathon du Mont-Blanc (45,6 km, +2750 m, en 3’35”04). Pourtant, c’est parti tranquillement jusqu’à Le Tour (km 14). J’ai pris mon rythme dans la première bosse (montée vers le Col des Posettes). J’ai vu que tout le monde souffrait un peu et j’en ai profité pour faire un bon écart. Après, j’ai vu que je ne perdais pas de terrain dans les descentes. J’ai continué à creuser l’écart dans la dernière montée (La Flégère). J’ai pris des risques, mais en tenant un rythme élevé que je pouvais tenir longtemps. En fait, je n’ai jamais été dans le rouge, car c’est un profil de course avec des longues montées qui me convient bien. Même si dans la descente vers Chamonix, j’ai senti que les crampes arrivaient… Il était temps que cela s’arrête. “

Rendez-vous avec Kilian Jornet à Sierre-Zinal

En enchaînant deux belles victoires consécutives, Rémi a augmenté son capital confiance pour la suite de la saison. ” Mentalement, c’est toujours plus facile lorsque tu es dans un cycle positif “, analyse-t-il. Cependant, il va faire l’impasse sur les Dolomyths Run à Canazei en Italie. Je vais préparer Sierre-Zinal (12 août). C’est à la maison (Suisse) et il y aura Kilian (Jornet)…” Et de confier : ” Ce sera un sacré challenge, mais je pense que cette année, j’ai les moyens pour le suivre, car je suis en meilleur forme que l’an passé(8e). Je suis capable de faire un gros truc. Quand tout va bien dans la tête, c’est toujours plus facile de gagner. Après Sierre-Zinal, j’irai aux Etats-Unis pour les autres étapes du Golden Trail World Series (Pikes Peak Ascent, 16 septembre, et Mammoth, 22 septembre). Comme l’année dernière, l’objectif est de remporter la finale du GTWS, lors de l’Il Golfo Dell’Isola Trail Race en Italie(19 octobre). “


Pour cet été, Rémi a recentré son objectif sur Sierre-Zinal et ce “match ” contre Kilian. Et même si de modèle, le Catalan est devenu un ami du Suisse, est-ce que l’élève peut battre le maître ? ” Rémi est celui que l’on attend depuis cinq-six ans, commente Frédéric Bousseau, observateur du trail-running depuis plus de 20 ans avec Trails Endurance.

 Il incarnait la relève, après Kilian. Ils possèdent les mêmes caractéristiques physiologiques, des grosses VO2 et grandes capacités de grimpeur. Actuellement, Rémi est au plus haut de ce qu’il n’a jamais réalisé dans sa carrière. Il s’est préparé pour le Marathon du Mont-Blanc. On voit ce que cela a donné. Il n’y a pas eu de course et il se révèle avec cette belle victoire. Maintenant, il a pour objectif Sierre-Zinal et j’attends de voir la bataille avec Kilian. ” Et d’annoncer : ” C’est l’année ou jamais, pour Rémi. Et je pense que cela va se jouer dans la dernière descente sur Zinal. Kilian semble revenir très fort et il aura à cœur de remporter la cinquantième édition de Sierre-Zinal.”

Le double projet de Sophia Laukli 


La victoire de l’Américaine Sophia Laukli a encore été plus limpide. Pourtant, c’était la première fois qu’elle s’alignait au Marathon du Mont-Blanc. L’an passé, elle s’était imposée sur la Stranda Fjord Trail Race. Membre de l’équipe américaine de ski de fond, elle pourrait également concourir pour la Norvège. Elle possède d’ailleurs la double nationalité. Lors des Jeux olympiques de Pekin, elle s’était classée 15e du 30 km. Mais c’est en trail-running qu’elle a remporté sa première grande victoire de prestige. En tant qu’athlète multisports, j’essaie de trouver une voie où je peux m’engager pleinement dans le plus haut niveau de compétition dans chaque sportexpliquait-elle, lors de sa signature chez Salomon. Je veux faire en sorte que la course et le ski travaillent ensemble pour m’aider à m’améliorer dans les deux. C’est certainement un travail en cours, mais avoir Salomon derrière moi dans la course et le ski, je pense que le succès dans les deux sera beaucoup plus réalisable.”

Marathon du Mont Blanc 2023
Sophia Laukli

Ce second succès sur le Golden Trail World Series apparaît facile sur le papier, mais sur le terrain, Sophia a dû s’employer pour réaliser cette performance en 4 h 12’39. « À un moment, j’ai eu peur de me tromper de chemin, j’ai eu peur d’être partie trop vite, de ne pas pouvoir terminer la course sur mes deux jambes (Sic)… Heureusement que la descente n’était pas trop technique », expliquait-elle, sur la zone d’arrivée. « C’est la première fois que je courrais une telle distance (45 km). J’étais donc étonnée d’être devant. J’ai pensé que j’aurai pu craquer, dès la première montée (Col des Posettes, km 19). Idem dans la troisième (La Flégère, km 38), mais il n’y avait personne derrière moi. Je n’arrivais pas à y croire. Croire que j’allais gagner cette course. Maintenant, avec cette victoire, je peux dire que je suis aux anges… »

Crédit Photo : David Gonthier – Marathon du Mont-Blanc.

mai, 2024

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