Grand Raid Réunion 2023 – Mathieu Clément

Mathieu Clément

Depuis ses 20 ans, Mathieu Clément creuse son sillon. Le Fribourgeois du Team ASICS construit un solide palmarès qui n’est pas le plus médiatisé. Erreur, car à 28 ans le vainqueur du Trail de Bourbon 2022 repiquera au truc Réunionnais 2023 : oui, Clément jouera le Grand Raid Réunion 2023.

Recueilli par Julien Gilleron

 

Mathieu Clément retrouvera son second de 2022 en la personne d’Alexis Sevennec. Une trace plus longue pour jouer la revanche ? Ce serait sans compter avec un plateau masculin façon wok à volonté. D’Haene, Grangier, Dunand-Pallaz, Tschumi, Blanchard, Boucheix, Guillon, ou Santelli, on cherche encore les touristes. Rencontre avec un (potentiel) héros discret, qui vient de rafler 3 victoires avant sa Réunion.

 

Difficile d’y couper car beaucoup d’observateurs ne te connaissent pas forcément : tu cours depuis très jeune. La voie tracée : école d’athlé, cross puis trail ?

MC : Jusqu’à mes 13 ans je n’étais pas un grand pratiquant de sport, c’est le moins qu’on puisse dire. Mais j’aimais beaucoup la montagne et j’y passais du temps avec mes parents, qui eux faisaient déjà beaucoup de trail (je n’ai que 28 ans !) et courent toujours. C’est à cet âge que je me suis à la natation car l’élément aquatique m’a toujours plu, et vu que je faisais déjà de la course à pied en famille, je me suis mis au triathlon à 15 ans. Ça a duré 3 ans, jusqu’à je bifurque sur la course pure. Il se passait quelque chose ; c’est drôle comme on élimine, on épure sur ce qui matche vraiment. S’en est ensuivi 2 ans de road running et en 2015, je m’alignais sur mon 1er trail : Sierre-Zinal, une pépite. Difficile de ne pas avoir le déclic sur un tel parcours, et sur un format qui permet encore de garder du plaisir physique. Ce n’est qu’après que j’ai progressivement augmenté les distances.

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Dès 2017, les victoires s’enchainent avec régularité. Décides-tu clairement d’en faire un métier, ou est-ce encore impossible ?

MC : Ce serait un rêve, mais pour le moment, non : ce n’est pas possible. Asics est le seul sponsor qui me soutient financièrement ; et je mesure la chance que j’ai car je pense qu’une carrière professionnelle reste difficile dans notre milieu. Mais je garde l’espoir d’un jour y parvenir. Alors pour le moment, je travaille à mi-temps à La Poste Suisse.

Mathieu Clément

En 2020, tu commences à creuser la voie du long format et une belle polyvalence apparait chez toi : performant sur roulant (UTMB, Mozart ) ou plus cassant (Bourbon, Verbier). Une préférence ou un instinct naturel ?

MC : Ta question m’y fait réfléchir ! Franchement, je crois que j’ai la chance d’avoir un physique qui s’adapte relativement bien dès lors que le terrain de jeu est beau, et que j’y sens un plaisir, une attirance – qu’il soit roulant, technique et même très long ou plus court. En outre, j’ai également la chance d’être super bien accompagné en la personne de Christophe Malardé, en qui j’ai une entière confiance pour préparer spécifiquement chaque objectif : j’arrive sur mes courses en sachant intérieurement que nous avons tout mis en œuvre pour adapter au mieux l’entrainement, et ça, c’est un confort considérable.

 

Tu dis adorer La Réunion – et l’on te croit au vu de ta victoire en 2022 – mais comment t’y es-tu préparé au mieux (ou au moins pire, vu ses spécificités ) ?

MC : Pas toujours simple en effet, mais possible, peut-être notamment si l’on connaît un peu l’île et à quoi on va s’attendre. Pour préparer la Diagonale,  j’ai conservé les sorties longues que j’ai adaptées en allant chercher davantage de technicité, car j’ai en effet un peu pratiqué le terrain et je sais (en partie) à quoi m’attendre maintenant.

Mathieu Clément

Pas d’édition anniversaire ; pourtant la Diagonale affichera un plateau joliment garni. Parmi les élites, tu retrouveras un « vrai faux débutant » sur l’île (A. Sevennec), un collectionneur de titres cette saison (A. Dunand-Pallaz), un revanchard explosif (JP. Tschumi), sans oublier Germain Grangier et François d’Haene. Comment imaginerais-tu leur gestion de course, à chacun ? Faisons de la fiction.

MC : Hormis le potentiel athlétique incontestable de chacun, c’est difficile à dire car je ne connais pas très bien leur profil, leurs spécificités. Une chose est certaine : je ne doute pas qu’ils auront tous leur façon précise d’aborder la course, et un objectif mental solide. Je n’ai également aucun doute sur le fait que le départ sera rapide. Et en ce qui me concerne, le piège à éviter sera de ne pas me faire embarquer par le rythme des autres. C’est peut-être banal, mais on y revient toujours sur ultra : faire sa propre course calée sur son ressenti à soi. Et pour la suite, on verra quelle (longue) journée chacun passera !

Tu connais donc déjà 106 kilomètres sur 165 ! Garderas-tu la surprise et la fraicheur de la découverte, ou pourras-tu reconnaitre au maximum la première partie ? En ressens-tu un avantage psychique ? 

MC : Vu que l’an passé c’était déjà une totale surprise de gagner, cette année je vais jouer la sagesse. Sûrement les années qui parlent ! Je suis sur place depuis le 2 octobre, et je vais en profiter pour aller…tâter le terrain au propre comme au figuré. Je ne sais pas si c’est un avantage ou un risque, mais j’aime savoir à quoi m’attendre et pouvoir m’adapter au mieux, même à l’approche immédiate de l’épreuve. Et j’aime beaucoup profiter de l’ambiance et de la culture locale quand je voyage pour courir. C’est pour moi une belle forme de découverte, et c’est un aspect que j’aime énormément dans ma pratique de l’ultra.  

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novembre, 2024

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