Destination le Pérou, et la cité de Cuzco. Pour une expérience unique, entre 3600 et 5200m d’altitude…
Le Pérou donc…
D’abord, il y a la terre rêvée. Préexistante et fascinante, comme ces lieux chargés de tout – histoire, mythes, mystères, télé, RécréA2, pipeau et flûte de pan. Bientôt 30 ans qu’elle fut mon premier coup de pied aux fesses. On pensait faire l’intéressant en soirée étudiante, en avouant son pays rêvé. « Nan moi, ce serait plutôt le Pérou ». Ni comme les autres, ni comme les Himalayistes. En réalité, c’est une confirmation le jour où l’on y débarque. Pour une fois, on se dit que l’intuition était bonne : ça n’était pas de la frime. Ensuite, il y a la terre physique. Brûlée, brûlante, colorée, pouzzolane, oxydée, desséchée, extraterrestre – peut-être méchante – et superlative : une altitude qui dépasse tout. Voyageur, tu seras balancé de 3600 à 5200 m d’altitude : cuis, observe, ne cherche même pas à comprendre. Enfin, il y a les noms. Comprenne qui voudra, on écoute et le reste suivra bien : Ollaytantambo, Choquechaka, Intipunktu, Vilcanota, Ausangate, Qorikancha, Sacsayhuaman. Mais aussi Cortès, Pizarro, Estéban ou Zia ; chacun ses références du moment qu’elles motivent ? Toute dernière chose, qui emporte l’affaire : sur ces hauteurs, on peutcourir sans fin. La messe est dite.
Un défi : courir petit sur quelques millénaires
Nul besoin d’être féru d’Amérique du Sud, pour y être sensible : comme bien d’autres latines, ce Pérou, c’est d’abord une énergie du mouvement. Voire du bouleversement, souvent contrarié : envies d’avenir, magmas politiques et désirs sociaux, écrabouillés par quelque inventivité impérialiste. Républiques éprouvettes, mixant le vin (en pots) et la politique tragicomique. Régimes fantoches, fascinés par le modèle US et jouant du pipeau comme de l’inflation-dévaluation. L’idée n’est pas d’aider ; mais de nous faire petit. Est-ce possible en collant-pipette ? Gringo, trailer, voyageurcoureur, notre fil rouge est d’observer. Petit, taistoi et s’il te plaît : oublie un peu tes pompes et ton cardio. Si possible.
Histoire et cardio : Cuzco, épicentre surpuissant
Mais alors, pourquoi Cuzco ? Il y aurait tant à dire. Mais depuis l’adolescence, la cité est évidence : parmi d’autres flamboyantes, elle sera notre instantané d’histoire. Polaroïd de la bascule. Parmi toutes les Athènes, Cuzco est un daguerréotype milieu 16e siècle : ici on atteignait l’intelligence ; avant d’écrire « fin » et de céder la place. 1534, Pizarro l’Hidalgo se fait prendre pour le divin serpent à plume et en profite pour tout massacrer. Tout de même, l’histoire est comique : une plume bien placée, et vous voici dictateur. Ensuite, Cuzco présente 231% de molécule sportive, tendance excitant cardiaque ; avouons-le : atterrissage à 3300m, logement à 3600m, collines du dimanche à 4200m et plus. D’accord, le concours de celui qui aura couru le plus haut, c’est un peu futile. Mais on ne se refait pas, chacun sa gourmandise. Aller plus haut pour voir, toujours plus. Et l’on dit que l’on y court sans entraves ? Véridique. Pas de cités d’or, mais aux portes de Cuzco s’ouvrent des mondes à découvrir en trottant.
Observer, communiquer, questionner – ne point consommer du trail. Essayer. Passer ces portes, oser, faire confiance, il y aura toujours une solution logistique. Lâcher des préjugés, une Medellin ou une Paz de Far West. Et puis, abandonner toute boulimie de GPX bleue-blanc-rouge.
Devant nous et au choix : crêtes de Cuzco, Vallée Sacrée, Cordillera Urubamba, Cordillera Vilcanota. S’élever de la cité pour toquer aux portails XXL. S’élever de Cuzco, la simplicité miraculeuse
Salut à Carmencita dans sa jugeria (*) du marché – flanquée de 25 autres identiques. Carmen et ses extractos céleri/orange/gingembre/épinards/carotte. Carmen qui chaque matin, peine à trouver du céleri pour le Français. Un abrazo et je suis déjà haut : Cuzco a cette vertu de
vivre en escaliers. 12’ et la ville est quittée, place à près de 50 km alentours. Et si l’envie de pousser me prend ? Je pousserai.
Jusqu’à Chinchero, Pisac, Huanca, Urubamba, et pourquoi pas les plaines de Maras et Moray, leurs salines et ruines mondialement connues ? suffira d’attraper un colectivo à quelques soles(**), pour rentrer heureux sur Cuzco. Peut-on rêver mieux ? je n’aurai qu’à me faufiler dans l’un de ces minibus qui ne partent que bondés. Collé à la vitre, roi du centimètre carré, je deviendrai franco-péruvien à coup de collé-serré. J’adore ces lambadas routières, entre trois mamas enfermées de leurs lainages, deux lamas et un alpaga. Du coup, à
qui donc est cette laine ? Moi j’ai mon short. Calinothérapie gratuite dans les virages serrés. Nota : me faire tester le génome au retour, je suis
sûr que ces 45 minutes à 15 en bus ont tout entremêlé.
Courir, en apesanteur-technicolor Ici, Je suis vêtu donc je suis. Coloré, bariolé, riche d’accessoires, riche tout court, autorisé à courir à l’heure de pointe. Au-dessus de Maras, paumé, 4200 m et entre 1200 lamas, un berger improbable me réclame une propina (***) et me vend une
piaule, eau chaude incluse. Je suis écrasé de couleurs, l’air est si sec que mes mains ont 85 ans. Dans 10’, vais-je retrouver les buvettes et German Bakeries qui fleurissent à chaque col Népalais ? Le Bon Sauvage, c’est moi. Et pourtant…j’ai tout croisé depuis mon arrivée, et l’Internationale Touristique claironne : membranes et fluorescences, marcheurs goretex, contrefaçons, yogis, vegans, veggies,Hayahuascans. Mais pas un trailer. Pas un ! Quand tu aimes, décidément, il faut donc partir. Et bon dieu, cours-y vite.
Alors je me gave : de tentatives d’espagnol en sorties de 8h, de gros mots quechuas en questions à deux balles. Les visiteurs visitent Tambomachay, je les traverse en traversant Tambomachay. Qui observe l’autre ? Je pose une fesse chez l’inconnu. Lagune de Piuray,
cuisine surchauffée d’Ocongate, jusqu’à 50km par journée. Cancha Cancha, 4400m, impossible de refuser un seau de patates (festin local)
et son litre de chicha. Rôts. On ose tout, et l’on repart. Tout ceci, au départ d’une ville au refrain Lonely Planet : Cuzco « Machu Picchu ».
C’est un gringo heureux qui embarque à Cuzco ; mais un frouze remis à plat. Une fois de plus, l’avion décolle «
à faire tomber les stérilets »
et vire serré. 110 bédouins sont projetés sur leur hublot bâbord. Jubilatoire. Oui, je suis remis à plat à chaque voyage, car Dieu qu’il est bon de s’être entendu dire ses 4 vérités durant 23 jours à courir.
Légende n°1 : moi qui continue de me croire pur (taux variable), je porte pourtant le marketing en bandoulière. « Je serai coureur invisible. Je ne serai pas touriste ». La course m’aidera. Non ? Non. Même l’air que j’ai déplacé a crié ma singularité pop. J’ai été un juron ambulant. J’ai fait sourire, moquer doux mais laissé une trace. Trailer prétentieux, vive le voyage, précisément. Ceci étant, continuer sur la voie de la discrétion.
Légende n°2 : le Péruvien aime courir des heures. Facile et ancestral ! Non, j’en ai bien peur. On ne court pas partout dans le monde. Les moins dotés, les moins habitués, regardent courir. Parti de son club d’athlé, Alex m’a rejoint un matin pour 1h30 de «
footing ». 22 printemps et l’air de rien, Alex m’a déposé à 3800m. Jeune cadre sup’, il travaille 54h par semaine, et vise 1h10 au semi. Le trail ? «
C’est vous, que nous regardons. Courir, même pour moi, c’est un luxe. Tu saurais me trouver une paire de running ? pas des fake ».
J’aimerais éternellement Cuzco. Même touriste.
(*) : échoppe proposant tous jus de fruits et légumes. Prix dérisoires, quantité astronomique, bonheur quadri-quotidien.
(**)monnaie péruvienne
(***) pourboire
Et si… on y allait à Cuzco ?
S’y rendre :
Vols réguliers (bientôt) Paris/Lima. Vols intérieurs Lima/Cuzco, nombreux bus – trajet de nuit conseillé. Autre possibilité : réaliser le trajet en étapes, via quelques incontournables (Pisco, Paracas, Ica, Nazca,…).
S’y loger :
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La Bohème (de Sarah) : au coeur du San Blas bohème, une Hospedaje (auberge) aussi sympathique que rustique. Excellent repère de backpackers de tous chorizons, et crêpes légendaires.
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Hostal Madre Tierra : romantisme, farniente Cusquénienne ou désir de confort ? hôtel de charme à San Blas. En cas de mal du pays, l’inénarrable Buffet Francès vous fait face. Oui, vous y trouverez vos raclettes et quiches – véridiques. Prêt d’appareil en prime.
Y découvrir (en courant) 🏃♀️ :
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Acclimatation : quel que soit le projet, séjourner au minimum 5 à 7 jours à Cuzco reste fortement conseillé. Intégrer quelques promenades sur les hauteurs, grimper les nombreux escaliers pour entamer son D+ …bref : se cultiver en profitant de la Cité millénaire. Et oublier le trail !
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Hauteurs de Cuzco : il faut se pincer. Nous trottons entre les Temples de la Lune, du Soleil, Ollaytantambo… à près de 3700m. S’élever de Cuzco en 15’ vers le Cristo Blanco. S’ouvrent alors 20- 50km voire davantage, de sentiers vers le Nord (Tambomachay, Laguna Qoricoha et ville de Pisac), l’est (Cerro Pachatusan, et long trip vers Huanca) ou le nord-est (Laguna Piuray et village de Chinchero). Retours faciles via l’un des colectivos revenant sur Cuzco.
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Trails de l’Ausangate – Cordillera Vilcanota : l’une des plus belles et méconnues cordillères du sud Pérou ; mais aussi des plus accessibles. Réalisable en boucle intégrale (75K) ou en 2-4 étapes (camping ou chez l’habitant), via des cols entre 4800 et 5200m. Passage aux thermes d’Upis ou Pacchanta, en début et fin de parcours. Camp de base : Tinqui (3800m), quelques hospedajes très ruraux, incontournables. Peu voire pas de réservation possible, à moins de passer par une agence de Cuzco ; mais aisé de demander de-ci de-là à l’arrivée du bus. S’y rendre 👉🏻 depuis Cuzco, bus réguliers vers Ocongate, Av.Condemayta (derrière le Coliseo).
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Trails de Larès – Cordillera Urubamba : une pépite. Célèbre pour ses thermes, le trek de Larès est encore peu fréquenté et conserve une authenticité rare. Coup de coeur pour cette trace sauvage, parcourable sur 60K ou 2-3 étapes (camping ou chez l’habitant), jusqu’à 4900m d’altitude. Toute l’âme des communautés locales y respire, et la variété des paysages est à couper le souffle. Camp de base 👉🏻 Huaran, village
et hébergements. Départ de Huaran / arrivée à Yanahuara, aisément reliables par colectivo (minibus).
S’y rendre 👉🏻 depuis Cuzco, colectivos réguliers vers Urubamba, Calle Puputi (derrière le collège Garcilaso).
S’y restaurer 🍽 :
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La Rukula : avec sa nouvelle terrasse donnant sur la Plazza de Armas, se démarque joliment d’autres blockbusters touristiques du centre. Produits bios, cultivés dans la vallée. Créatif et pas bobo. 226 Calle Ataud – à dénicher, pour le plaisir.
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La Quinta Eulalia : bel endroit simple et sans chichis, parfait pour goûter aux spécialités locales (chicharones, caldos, lechon…). La clientèle Cusquénienne ne s’y trompe pas. 384 Choqechaka. Rien que pour le nom de rue – et son profil. Osez le Cuy, si mignon avant la broche.
S’y cultiver 🧐 :
Que dire de Cuzco, sinon qu’elle renferme l’un des sous-sols archéologiques les plus denses du monde ? Et encore largement inconnu.
Seuls ou guidés, au gré des ruelles ou nez sur la carte, Cuzco se lit au fil des déambulations. Juste une faveur : réservez autant de temps que possible pour…le prendre. Et ne pas foncer-fissafouler un territoire légendaire. Le pas de côté pour s’y plonger : trek, expéditions, alpi, glaciers, paddle ou kitesurf à 4500 m ? 2 guides parmi tous, pour vous immerger de façon unique et personnalisée dans l’univers Cuzco (et Pérou). Dominique Riva-Roveda (www.guide-accompagnateur-perou.com) et Stéphane Vallin (www.treks-perou.com). Précurseurs, respectueux : deux
monuments de l’accompagnement.
novembre, 2024
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