Second de la Transju'Trail, ITW de Jean Marie, l'autre Thévenard

Quand une jeune pousse croise le fer contre cette légende vivante qu’est Dawa Dachiri Sherpa… Non, vous n’avez pas la berlue, c’est exactement ce qu’il s’est produit le 3 juin dernier sur l’épreuve reine de la Transju’Trail connectant Mouthe au Lac de Lamoura, soit 72km pour 3000m de dénivelée. Et le coup n’est pas passé bien loin pour cet intrépide et inconnu prétendant, le Népalais le reléguant à seulement 6’35, et ce à l’issue d’une odyssée interminable où il fallut sans cesse relancer la machine sur les derniers 36km en montagnes russes. In fine, les deux hommes seront les seuls à passer sous le seuil des 7h en dépit de conditions atmosphériques dantesques (brouillard, foehn, orage au 5ème km, pluie battante au départ et continuelle à l’arrivée).
Mais alors, quel est le patronyme de ce mystérieux trailer ? A y regarder de plus près, il figure finalement en bonne place dans le panthéon de la course nature, et ce à la suite de son inopiné et retentissant succès sur la prestigieuse CCC®, opus 2010, devenant par ricochet l’une des figures emblématiques du team Asics.
Aussi, sa prouesse n’en est plus vraiment une, d’autant plus que le pedigree de l’athlète en question s’est considérablement étoffée après son épopée montblanaise. La déception est alors palpable lorsqu’on imaginait tout à l’heure avoir à faire à un pur néophyte, et donc à une colossale surprise. Xavier Thévenard, mais c’est bien sûr, cela ne pouvait être que lui ! Fin du suspense ? Eh bien non, car sa frimousse n’était pas la sienne mais celle de son double en réalité, à savoir son petit frère Jean-Marie, lequel à s’y méprendre, même s’il est davantage affiné physiquement, est quasiment son jumeau, tant la ressemblance est troublante.
Né le 22 octobre 1990 à Nantua et originaire d’Hotonnes, village de 300 âmes blotti sur le Plateau de Retord (Ain), une des Mecque du ski de fond et biathlon hexagonal, Jean-Marie Thévenard, 1m75 sous la toise et 70kg sur la bascule, est issu d’une fratrie de trois frères et d’une sœur. Aujourd’hui, il n’a qu’une hâte : se faire un prénom dans le microcosme du trail nonobstant l’ombre portée par Xavier.
Question de FV : Revenons à ton fait d’armes jurassien. Comment as-tu abordé cette prestigieuse épreuve ?
JM : En parfaite condition, ayant rechaussé mes running fin  mars après ma traditionnelle saison de ski nordique, toujours aussi dense. Depuis, j’avais épinglé à deux reprises le dossard. D’abord,  le 15 avril sur le 38km du Rêverot’Trail dans le Doubs, réduit de 3km à cause des intempéries, où ma 5ème position m’a permis  notamment de devancer de solides athlètes, à l’image du Doubiste Bruno Philipona ou du Jurassien Séverin Panigot. Puis seconde compétition au menu, la Promenade du Bûcheron, concourue le 19 mai sur mes propres terres haut-bugistes où, avec mon pote du team Ski S’ Cool Sacha Devillaz, nous avons touché le jackpot sur le 42km en relais.
En réalité, la Transju’ servait de premier test grandeur nature en vue de la CCC® qui sera  l’objectif majeur de la saison, bien dans la lignée de mon frangin qui, lui, étrennera l’UTMB ! Le 68km du Restonica Trail, disputé le 7 juillet en Haute-Corse, entrera pareillement dans ce cadre. Et en fonction de ma prestation sur la petite sœur de l’UTMB et bien sûr de ma récupération, je prendrais peut-être le départ du 50km des Aiguilles Rouges, le 30 septembre.
Comment te sentais-tu au départ de la Transju’ ?
JM : Eh bien mon moral n’était pas au beau fixe ! Lauréat l’an passé, Xavier devait s’y aligner et, tout en jouant la gagne, me booster. La mort dans l’âme, il a dû abdiquer une semaine auparavant en raison d’un genou récalcitrant.
Cela ne m’as pas dissuadé de prendre la proue de course mais sans forcer outre-mesure, me retrouvant alors avec un vent de face et voulant absolument m’économiser dans l’optique des principales difficultés du parcours concentrées en seconde partie après Morez (km36).
En cohérence avec ton tempérament volcanique, tu t’es quand même résolu à dynamiter rapidement l’allure ?
JM : Effectivement, mais cela s’est passé en deux étapes. A la Chapelle-des-Bois (km15,7), un quatuor dont je faisais partie et où figuraient Sherpa, Christophe Meier et autre Daniel Biollaz, s’est détaché. Puis juste après Bellefontaine (km25,1), à l’entame de la rampe conduisant aux Trois Commères, je me suis extirpé seul de ce petit groupe.     
Pourquoi avoir pris la poudre d’escampette, et ainsi défier un trailer comme Sherpa ?
JM : J’avais à cet instant-là précis d’extraordinaires sensations. Aussi, je voulais tenter quelque chose pour n’avoir aucun regret par la suite, faisant mienne cette maxime : « Oser, c’est encore le meilleur moyen de réussir » !
De plus, je craignais de rentrer dans un faux rythme sur cette portion roulante qui aurait permis à mes adversaires de rester auprès de moi, ce qui aurait pu me porter préjudice a posteriori.
Ta virée en solitaire s’est-elle éternisée ?
JM : Pendant environ 35km ! C’est peu avant de déboucher au ravitaillement établi dans la Vallée de la Valserine (km61,1) que Sherpa est revenu à ma hauteur lors d’une descente. Il m’a alors encouragé à m’accrocher à ses basques, ce que j’ai essayé mais vainement, mes jambes étant malheureusement en feu !
Dommage car sinon rien n’entravait ma progression, que se soit le cardio ou l’alimentation qui me voyait alterner toutes les demi-heures un gel avec une pâte d’amande.
As-tu entrevu la victoire ?
JM : Certainement pas car je savais que les formidables qualités d’endurance de Sherpa allaient finir par payer. D’autant que plus que mon avance a toujours été assez ténue, de l’ordre de six minutes par exemple au Balancier (km55) ! Aussi, je me doutais bien qu’il allait revenir tôt ou tard sur moi. Raison pour laquelle je n’ai pas trop cherché à me retourner, qui plus est avec une telle brume !
Que penses-tu de Sherpa ?
JM : C’est quelqu’un de fabuleux, la bonté même ! Lorsqu’il était à mes côtés dans la partie initiale, il évoquait souvent Dame nature, avec le sourire constamment aux lèvres. En outre, son allure métronomique m’a vraiment stupéfait !
Cerise sur le gâteau, avant de me faire une longue accolade, il aura cavalé avec moi sur les cinq cents derniers mètres, et ce en compagnie de Xavier, qui lui également aura été adorable, me supportant en de multiples endroits du trail. Toutes ces images, et bien je peux te l’assurer, ne sont pas prêtes de s’étioler de ma mémoire !
Quel bilan fais-tu de cette Transju’ ?
JM : Excellent, étant le premier étonné de ma performance à laquelle j’aurais signé immédiatement alors que j’ai découvert le trail il y a à peine plus d’un an ! D’ailleurs à l’arrivée, je n’étais pas plus esquinté que cela, au contraire de certains périples qui m’ont littéralement broyé, à l’exemple l’an passé du 100km de la Promenade du Bûcheron (3ème) ou du 63km du Quechua Tour des Fiz (9ème). Du coup, mon moral est au zénith, ce qui est véritablement le top dans la perspective de la trois C !
En tout cas, je retournerai l’an prochain sur la Transju’, avec mon frère cette fois-ci !
Comment t’es-tu lancé dans le trail et quel est ton format privilégié ?
JM : Le triomphe de Xavier en 2010 sur la CCC® auquel j’ai assisté n’a pas été pour rien dans la naissance de cette passion, si on excepte toutefois quelques courses nature concourues au préalable mais servant uniquement d’entraînement pour le ski de fond. Le 8 mai 2011, j’ai ainsi franchi le rubicond en ralliant le très relevé 45km des Forts du Grand Besançon comptant pour le Trail Tour National long. Hyper-stressé, je me contentais d’un modeste 81ème rang. Heureusement, les lendemains n’allaient pas être du même acabit !
Concernant la distance, ma préférence va pour le long. Mais la CCC® va peut-être me faire changer d’avis, et ainsi basculer dans l’ultra.
Quel rôle joue Xavier pour toi ?
JM : Il est tout simplement mon mentor mais pas seulement sur le plan sportif où il me prodigue de judicieux conseils. Il l’est aussi professionnellement parlant. Ainsi en septembre dernier, je l’ai rejoint dans le Haut-Doubs, précisément dans le village de Jougne (1400 habitants), où je prépare le Brevet professionnel de la jeunesse, l’éducation populaire et du sport afin d’endosser le costume d’éducateur sportif dans les activités de plein air. Motif pour lequel j’officie comme stagiaire au sein d’une structure de loisirs dénommé « Espace Mont d’Or ».
Quelle place désormais occupe le trail par rapport au ski de fond ?
JM : Ma flamme pour le sport est équitablement partagée entre la course nature et le ski nordique. L’hiver, je range définitivement mes running pour me retrouver sur les planches, avec une préférence pour la longue distance et via le team Ski S’Cool, fort d’une quinzaine de sociétaires dont mon inséparable frangin. N’empêche, le trail commence tout doucement à prendre le dessus.
Propos recueillis par François Vanlaton – Photo : Photogone

PALMARES :
2009 :
Cross/Trail de la Biche : 18ème.
2011 :
– Trail des Forts du Grand Besançon (45km) : 81ème.
– Transju’Trail (18km) : 3ème.
– Promenade du Bûcheron (100km) : 3ème.
– Quechua Tour des Fiz (63km) : 9ème.
– Rubatée Verte : 9ème.
– Trail des Quatre Châteaux à Ambérieu-en-Bugey : 4ème.
– Trail des Sept Monts (32km) : 4ème.
– Kilomètre Vertical de Fully : 108ème en 40’14.
2012 :
– Rêverot’Trail (38km ramené à 35) : 5ème.
– Promenade du Bûcheron (42km) en relais à deux, Jean-Marie Thévenard assumant la seconde portion de 20km : 1er avec Sacha Devillaz.
– Transju’Trail (72km) : 2ème.

décembre, 2024

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