Ils sont frères et coureurs d’ultra tous les deux. D’habitude, chacun dans leur coin de France. Pour une fois, Arnaud, 37 ans, et Ronan Guéguen, 40 ans, viennent de boucler ensemble deux ultras à la suite : l’Echappée Belle ce week-end après avoir participé à l’UT4M, il y a dix jours. Les médecins du sport préconisent une semaine « minimum » pour récupérer d’un ultra. Eux, n’auront eu que cinq jours pour se remettre des 166 km et 10 000 m de dénivelé positif avant de repartir pour ce qui peut d’ores et déjà être considéré comme l’un des plus difficiles ultras français, l’Echappée Belle, avec un dénivelé identique sur 140 km de roche. Devant cette perspective douloureuse, les deux frères ont géré l’idée, comme leur effort en course, avec humour et une douce vélocité.
Pourquoi avez-vous décidé d’enchaîner deux ultras très rapprochés ?
Arnaud Guéguen : « J’habite à Tours, mon frère, ici, en Isère. C’était l’occasion de passer plus de temps ensemble (rires). Ce sont aussi deux premières éditions… Fallait pas les rater. »
Ronan Guéguen : « Des ultras dans le département, il n’y en avait pas jusqu’à cette année. C’était l’occasion de les tester. Et puis, on a toujours l’envie de découvrir de nouvelles courses, courir sur des terrains nouveaux, des sentiers que l’on ne connaît pas encore… En même temps, on n’est pas les seuls. Jean-Michel Touron est connu dans la région pour enchaîner les courses. Je crois bien qu’il a prévu d’enchaîner l’UT4M, l’Echappée Belle et le Tor des Géants ! »
Quel est votre entraînement pour vous y préparer… ?
A.G. : « Je vis dans une région, la Touraine, où le dénivelé n’est pas très costaud. Alors, une fois par semaine, je fais des marches… des escaliers. Pendant une heure, je fais du fractionné sur 120 marches, à côté de chez moi. Le reste de l’entraînement, ce sont les courses qui me l’apportent. Avec le club (Team Trail Touraine), on va aussi souvent faire des courses ou s’entraîner dans le Sancy ou les Alpes Mancelles. »
R.G. : « Il a beau être breton, je crois qu’Arnaud a le pied montagnard ! Moi, j’ai décidé de vivre près des montagnes, donc mon terrain d’entraînement est tout trouvé. Les courses en font aussi partie toute la belle saison. Et dès les premières neiges, j’enchaîne avec la saison de ski rando. »
… Et à quelles courses avez-vous déjà participé ?
A.G. : « Je suis passé de 10 kilomètres sur routes aux ultras. En 2005, j’ai attaqué direct par la Diagonale des fous et j’ai fait 13 ultras depuis : l’UTMB, le GRP – la première édition –, l’Ehunmilak Ultratrail, la Ronda del Cims, le Tour de l’Oisans et des Ecrins en 2011… En moyenne, j’en cours un ou deux par an.
R.G. : « J’ai commencé plus tard, en 2007, par la Saintélyon et la Diagonale des fous. Il y a eu l’Ecotrail, le GRP, l’Occitane, la TGV, l’Ardéchois, le Vulcain… J’en cours 2 ou 3 par an. Mais d’habitude, on prend trois mois pour récupérer entre chaque ultra. »
Après l’UT4M, comment vous sentiez-vous pour aborder l’Echappée Belle ?
A.G. : « J’avais très mal aux cuisses, mais je savais que ça passerait. Le tout était de savoir si ça passerait suffisamment pour tenir l’Echappée. Comme on avait le souvenir encore chaud d’un gros coup de mou à l’arrivée sur Vif, après seulement 40 km de course, on s’est dit que si ça nous arrivait sur Belledonne, on abandonnerait. En même temps, on partait pour ne rien lâcher, on était très motivés. Et puis, il ne fallait pas décevoir le club et me faire chambrer par les potes. »
R.G. : « Physiquement, une grosse fatigue, mais, sinon, pas de gros souci. Il fallait qu’on dorme bien jusqu’à l’Echappée. Ce qui me faisait peur, c’était la première barrière horaire. Je suis plus lent qu’Arnaud et ce serait donc plus difficile pour moi. »
Pour tenir le second ultra, qui s’est révélé d’une grande difficulté technique, l’avez-vous géré différemment de l’UT4M ?
R.G. : « On est parti sur deux rythmes différents, mais dès le premier ravito, on s’est dit qu’on allait la poursuivre ensemble. Souvent, Arnaud partait devant et il m’attendait au ravito suivant. Ou bien il prenait une pause avant moi et me rattrapait. C’est certain que la faire ensemble nous a aidés, surtout quand il y avait des coups de moins bien. On s’entraidait, on se soutenait moralement, et finalement, on a tenu étonnamment bien, même mieux que sur l’UT4M. Comme si le corps avait déjà « digéré » le précédent ultra. Je n’ai même pas de courbatures ! »
Et sur l’Echappée Belle même, que peux-tu en dire, Ronan ?
« Je connais bien Belledonne, mais je ne pensais pas qu’on pouvait passer autant de temps sans courir, notamment entre Freydane et les Sept Laux. Impressionnant ! Sinon, je n’ai que des superlatifs : super, super belle à tomber, tu t’en mets plein les yeux, partout et tout le temps ! »
Nathalie Mathieu (texte et photos)
novembre, 2024
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