Après une saison 2020 modifiée, la Golden Trail World Series était de retour ce dimanche 13 juin 2021, sur les traces de l’Olla de Nuria, dans les Pyrénées espagnoles, qui remplaçait Zegama. Une première épreuve qui a placé la barre très haut pour le reste de la saison avec un plateau de haut niveau au départ et une intensité de course exceptionnelle à plus de 2 000 mètres d’altitude.
Vall de Nuria, 8h50 heures du matin. Le silence des lieux a laissé place depuis plusieurs dizaines de minutes à l’excitation caractéristique des départs de course. Dans 10 minutes sera donné le départ de l’Olla de Nuria, une course technique – avec plus de 70 % de passages à plus de 2 700 mètres d’altitude – qui fait sa première apparition dans la Golden Trail World Series, pour pallier l’annulation de Zegama.
Sur la ligne de départ on retrouve un plateau d’un rare niveau : Davide Magnini (Team Salomon, Italie), Rémi Bonnet (Team Salomon, Suisse), Nadir Maguet (Team La Sportiva, Italie), Bartlomiej Przedwojewski (Team Salomon, Pologne), Stian Angermund (Team Salomon, Norvège), Nicolas Martin (Team Hoka One One, France), Sylvain Cachard (Team Hoka One One, France), Thibaut Baronian (Team Salomon, France), Johann Baujard (Team Matryx)… la liste longue et non-exhaustive complique fortement les pronostics. Chez les femmes, tout aussi peu de certitude. La présence de Maude Mathys (Team Salomon, Suisse), grande gagnante du Golden Trail Championship aux Açores en novembre 2020, focalise l’attention. Mais à ses côtés, des filles comme Blandine L’Hirondel (Team Hoka One One, France), Judith Wyder (Team Salomon, Suisse), Rachel Drake (Team Nike Trail, USA), Denisa Dragomir Red Bull/Merrell, Roumanie), Oihana Kortazar (Team Salomon, Espagne) ou encore Mathilde Sagnes (Team Hoka One One, France), Lucile Germain ou encore Elise Poncet (Team Matryx), peuvent tout à fait prétendre à quelque chose sur le parcours du jour : 21,5 km et 1 940 m d+ à plus de 2000 mètres d’altitude.
Stian Angermund en patron
On attendait un combat intense entre Rémi Bonnet et Davide Magnini dans la longue montée qui devait mener les coureurs au sommet de la course (après environ 5 kilomètres et 1000 m d+). C’est finalement le Suisse qui pointait en tête avec 25 secondes d’avance sur le Norvégien Stian Angermund venu se mêler à la bataille. Dès lors les deux hommes ne se sont plus lâchés pour faire course commune sur la longue crête à plus de 2 700 mètres d’altitude, enchaînant descentes techniques et montées sèches. Si pendant longtemps on a pensé devoir attendre l’ultime descente pour connaître le dénouement de ce duel, une chute de Rémi Bonnet permettra à Stian Angermund de prendre la poudre d’escampette. Au final, le Norvégien du Team Salomon s’imposera en 2h04 à plus d’une minute du Suisse qui aura serré les dents pour terminer la course avec une coupure assez profonde sur le bras et un choc au thorax. « C’est incroyable de voir toute cette énergie, nous confie tout sourire Stian Angermund à l’arrivée. On attendait ça depuis si longtemps ! Rien que de finir une course avec du public ça aurait suffi à mon bonheur. Mais c’est vrai que je me sentais bien aujourd’hui, poursuit-il. Je sentais bien à l’entraînement que j’étais en bonne forme mais c’est difficile de se jauger quand on n’a pas couru avec les autres depuis aussi longtemps. En tout cas je suis vraiment heureux de cette victoire. » Rémi Bonnet aussi est satisfait de cette première course, même s’il aurait aimé poursuivre le combat plus longtemps avec son copain de team. « On était bien tous les deux. J’ai fait une grosse montée, puis je le suivais sur les crêtes. Il descend vraiment fort alors j’essayais de m’accrocher sur les parties descendantes… Puis j’ai pris une boîte juste avant la dernière grosse difficulté. J’ai cru que j’allais abandonner, ça m’a ouvert le bras et coupé le souffle, je n’arrivais plus à respirer. Je me suis arrêté 30 secondes puis je suis reparti. Stian en a profité pour accélérer, mais j’aurais fait pareil », assure-t-il en rigolant. Du côté de Davide Magnini, en revanche, que peu de sourires… « Ce n’était pas un grand jour pour moi, je suis clairement déçu. J’espérais vraiment faire mieux que troisième mais je n’ai jamais eu les jambes ! Je ne me sentais pas bien, j’ai eu du mal à relancer. J’ai passé toute la course à me battre contre moi-même pour accrocher ce podium, mais il faudra faire beaucoup mieux sur les prochaines courses. »
Côté Français, Thibaut Baronian termine 5ème devant Sylvain Cachard qui l’emporte dans sa catégorie en U23, Johann Baujard est 9ème, Nicolas Martin 14ème et Anthony Felber 16ème
Maude Mathys intouchable
Du côté des filles, c’est sans surprise que l’on a vu la Suissesse Maude Mathys dominer la course de bout en bout. Partie seule dès la première montée elle n’a eu de cesse d’accroître son avance sur ses poursuivantes. « Je suis montée très vite car j’avais peur des parties techniques sur la crête et dans les descentes, explique-t-elle. Mais après je n’avais plus aucune idée des écarts et j’étais super stressée de voir les filles revenir. J’avais aussi un peu de mal avec l’altitude mais quand je voyais que les garçons n’allaient pas plus vite que moi, ça me rassurait. » Elle finira finalement avec plus de 12 minutes d’avance sur ses poursuivantes. Derrière, plusieurs filles se sont livré un duel sans merci pour le podium. Parmi elles, Judith Wyder finira par accrocher la seconde place à la faveur d’un gros effort dans la dernière montée et une très grosse descente. « Pour moi c’est une énorme victoire personnelle aujourd’hui, nous confie-t-elle, en pleurs à l’arrivée. Je reviens de ma seconde grossesse et j’ai dû m’entraîner très dur pour revenir à ce niveau. Je n’avais d’ailleurs aucune idée du niveau que je pouvais avoir. Maude est sur une autre galaxie, et il faudra que je m’entraîne encore plus dur pour revenir à mon meilleur niveau, mais aujourd’hui j’ai juste envie de savourer ce résultat qui signifie beaucoup pour moi. » Derrière Oihana Kortazar réalise le gros coup de la journée en terminant troisième de cette course très relevée. « C’est une énorme surprise ! Je ne pensais absolument pas finir à cette place aujourd’hui, affirme-t-elle. Je m’étais dit avant le départ qu’un top 5 serait déjà un excellent résultat. Mais faire un podium ? Impensable ! Quand tu regardes aux Açores, j’étais toujours loin derrière des filles comme Rachel ou Blandine… Franchement, c’est incroyable et je suis très heureuse ! »
Côté Françaises, Blandine L’Hirondel termine 4ème devant Elise Poncet, Lucille germain est 7ème, Mathilde Sagnes 12ème, Iris Pessey 20ème.
Rendez-vous désormais à Chamonix (France), le 4 juillet pour le Marathon du Mont-Blanc, seconde manche de la Golden Trail World Series 2021.
© J. Saragossa – juin 2021 – Olla De Nuria
décembre, 2024
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