C’est à l’intérieur de la salle de sport Cap Forme de Chambéry que nous avons croisé Julien Rancon, en pleine séance de rééducation musculaire suite à son opération du calcanéum effectuée le 28 novembre 2011. Depuis, Julien prend son mal en patience, et attend de pouvoir reprendre un entraînement sérieux en course à pied…
Julien, tu as subi une opération du calcanéum , de quoi s’agit-il exactement ?
Je souffrais au niveau du tendon d’Achille droit depuis près de 3 saisons maintenant. Au départ, on songe immédiatement à une tendinopathie. C’est ce qu’on me diagnostique au départ puis cela devient plutôt une bursite retro-calcanéenne. Il y avait donc un état inflammatoire permanent au niveau de l’insertion du tendon d’Achille mais la cause a été plus difficile à trouver. Entre entraînement intensif avec dénivelé, frottement de la chaussure, blocage articulaire au niveau du pied… Finalement on me détecte à la fin de l’été une maladie de Haglund. Cette maladie consiste en un conflit entre le bord supérieur du calcanéum (os du talon) et le tendon d’Achille. Le frottement de l’un contre l’autre provoque une inflammation importante et permanente à ce niveau. L’opération consiste donc à raboter le bord supérieur du calcanéum pour enlever ce conflit. Pour moi le tendon en lui même n’était que très peu touché donc il n’y a pas d’intervention sur celui-ci.
Comment se passe ta rééducation? Que peux-tu faire comme activité ? Quelles sont tes limites ?
Ma rééducation est finalement bien plus longue que prévue car l’œdème dû à l’opération a du mal à se résorber. Je ne peux donc pas faire d’activités avec des impacts. J’ai donc simplement repris par du vélo, un peu de musculation et un peu de ski de fond dans un premier temps. Aujourd’hui j’ai encore des problèmes mécaniques au niveau du pied donc je suis encore très limité au niveau de la course à pied même si l’œdème est désormais résorbé. Je m’entraîne donc principalement en vélo où je ne suis pas limité. Le temps de rééducation est du coup assez variable selon le corps médical qui est toujours très optimiste.
Est-ce pour toi la première situation de ce genre à gérer ?
Oui c’est la première fois que je suis "arrêté" si longtemps et que la reprise est aussi longue à se mettre en place. J’avais eu une fracture de fatigue au niveau d’un métatarse en 2002 et une inflammation au niveau d’un pied en 2006 mais une fois guéri, la reprise s’était faite sans problème.
Quand on est sportif de haut niveau, trailer, actuellement au top des classements nationaux, comment vit-on ces moments là ?
Le début a été assez facile à gérer car l’opération était programmée et vraiment nécessaire, placé à un moment "creux" de l’année et le temps d’arrêt annoncé assez court. Je m’étais donc préparé à vivre cela. Ensuite il y a eu un premier moment difficile quand on voit que les délais ne sont pas ceux espérés. Il faut alors se résoudre à faire des activités différentes dans la limite de ce qui est possible puis se dire que la saison est encore longue. Je suis plutôt de nature optimiste donc on se dit que l’on reviendra encore plus motivé. Puis quand les délais s’allongent encore, que les beaux jours arrivent et que l’on voit les compètes qui démarrent, il faut se dire que notre tour reviendra et que finalement quelques mois ce n’est rien dans une vie d’athlète. Il faut essayer de canaliser son envie et puiser encore dans ces moments une source de motivation pour la suite. Mais ce n’est pas toujours facile de positiver, du coup alternent des moments d’espoir et de doutes.
Que peux-tu conseiller à tous les sportifs qui vivent ces situations ?
Je pense que chaque cas est bien particulier et que chaque contexte est différent. Il faut simplement être patient et raisonnable, et se dire que ça peut être plus long que prévu. Il vaut mieux avoir une bonne surprise qu’une mauvaise dans ce domaine. Après ce n’est que du sport, on est encore en bonne santé par rapport beaucoup de gens.
Comment te changes-tu les idées ? Profites-tu de ces moments là pour faire autre chose ?
Oui mon projet professionnel m’a bien occupé pendant ce moment là. Cela m’a permis d’avancer là-dessus, avec une création de la structure R.A.C.E.S pour Rancon Accompagnement et Conseils en Entrainement Sportif, coaching spécialisé dans la course à pied en général et la préparation physique tous sports qui s’adresse à tous du débutant à l’athlète de haut-niveau (www.julienrancon-races.fr). Et puis la rééducation et les soins prennent parfois plus de temps que l’entraînement.
La saison trail a commencé à vive allure, suis-tu ces premières confrontations ? Ou préfères-tu prendre un peu de recul ?
Je suis les résultats bien sûr car la course à pied est quelque chose qui me passionne. Mais j’avoue que c’est parfois frustrant de ne pas se mêler au peloton.
Si tout va bien, ou mieux, on te revoit où et quand cette saison ?
A force de voir sa reprise reculer, je préfère ne pas me fixer de course précise de reprise, et laisser le corps décider. En espérant que ce sera le plus tôt possible. Je ne veux pas me dire "il faut que je sois prêt à telle ou telle date" même si j’ai des compétions dans un coin de ma tête.
Un ou deux grands objectifs ?
Un grand objectif : Reprendre l’entraînement normalement et retrouver un bon niveau avant de se fixer des objectifs compétitifs même si dans l’idéal ce serait un peu de course en montagne dans un premier temps puis du trail sur la fin de saison.
Seras-tu sur le championnat de France TTN ?
Non, pas de TTN cette année, mais ce n’est pas dû à cette opération, je n’aurais pas joué ce challenge cette année de toute façon.
Recueilli par Laurent Valette
novembre, 2024
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