Dans la foulée de Ludo Collet

Dans la foulée de Ludo Collet par Fred Bousseau

Rien ne prédestinait Ludovic Collet à devenir la voix du Trail, à 47 ans le solide gaillard de 1m83 pour 95 kg s’est fait un nom avec sa voix dans une discipline montante…presque par hasard.
Dans la foulée de Ludo ColletIl a posé ses valises à Chamonix il y a 25 ans, débarquant de Paris et d’un milieu fermé, celui des bassins de 25 m, aseptisés par les odeurs de chlore.
Son sport c’est la natation, un record à 25s sur 50 m à 15 ans, 2 Brevets d’Etat en poche et des ambitions d’avoir peut-être un jour des responsabilités au sein de sa fédération de cœur.

Mais c’est dans cette vallée alpine qu’il a construit sa vie depuis les années 90, marié, père de 3 garçons skieurs, il a mené sa barque avec d’abord une petite papeterie puis un snack avant de rénover une vieille ferme, et de se consacrer à sa vie d’animateur – speaker.

C’est à Chamonix que j’ai rencontré Ludo, après François D’Haene et Caroline Chaverot (VOIR CI-DESSOUS), je lui avais proposé après l’UTMB® d’aller courir avec lui avant l’hiver pour compléter la série « Dans la foulée de…. ».
Il a accepté ce moment de partage pour faire un bilan de ces années au cœur du milieu du trail, nous livrer quelques confidences avant de tourner une nouvelle page pour 2018.

« J’ai vécu mon 1er abandon cette année sur l’UTMB® »

Naturellement on se retrouve sur la place du Triangle de l’Amitié, 12 ans que Ludo passe quelques jours dans ces quelques Ludovic Collet et Fred Bousseau - 2017mètres carrés à faire vibrer l’UTMB®.

La place est vide, la neige recouvre partiellement les trottoirs, le soleil est rasant, il faut profiter des derniers rayons avant qu’ils ne disparaissent derrière le Mont-Blanc.

On part en direction du bois du Bouchet, l’allure est faible, et dès le départ on évoque la forme du moment « je veux que ça revienne pour pouvoir courir régulièrement, je veux retrouver ma forme et mon cardio », cette année l’UTMB® a été le second rappel à l’ordre.
«Je suis usé, c’est une grosse fatigue nerveuse et mentale, les kilomètres et la longueur des événements m’épuisent ».
« Je ne veux plus revivre la situation de l’UTMB® 2017, c’était mon 1er abandon en 12 ans, les meilleurs mondiaux sont là, j’en accueille 2 et je tombe (NDLR : Ludo fait un malaise sur la ligne après l’arrivée de Kilian J.), je me retrouve à 100 m derrière dans le post médical…ça n’a pas de sens, on est pas là pour se détruire, c’est pas ça le sport »

« C’est un surmenage et pas un Burn Out comme il y a 3 ans, ou j’avais explosé m’obligeant à arrêter 2 mois (NDLR : et même à partir en retraite spirituelle quelques jours pour se ressourcer), j’étais devenu un alcoolique mondain, j’ai arrêté la fête et l’alcool ».

« j’ai vidé mon pot d’amour »

Il a commencé le job il y a une quinzaine d’année par des défilés de mode puis c’est au Marathon du Mont-Blanc en 2003 qu’il fait ses premières armes dans le sport, avant de rejoindre l’UTMB® en 2005.
Ludovic Collet et Christopher Hardy - UTMB 2017Puis les sollicitations arrivent à travers toute la France « j’ai donné plus de 1 200 départs, 1 organisation c’est entre 3 et 6 courses en moyenne et sur environ 40 week-end dans l’année ».
« Je me suis bousillé la santé, j’ai besoin de prendre du recul et de travailler mon empathie avec les organisateurs. Je dois fermer ma gueule, garder le sourire, rester neutre et ne pas prendre parti, je représente l’organisation d’une course mais en même temps c’est vers moi que les gens viennent….j’étais devenu une éponge ».

Mais la marque de fabrique de Ludovic Collet c’est aussi l’attention qu’il apporte aux personnes et à la personne humaine, un cœur tendre qui parfois ne parvient plus à se protéger.
« Lorsque je suis sur la ligne je me dois d’accueillir le premier et le dernier, il doivent avoir la même considération, je ne peux pas rester sur une chaise, je dois les mettre en avant, on ne le fait pas assez, le monde est dur. Beaucoup de gens me sollicitent et me demandent des conseils, je ne sais pas dire non, je me repose jamais l’esprit ».
Un sport simple ou il s’est construit, mais sans que sa carapace ne soit assez robuste.
« Il y a des émotions incroyables, mais parfois je prends des uppercut, je dois contrôler mes émotions (NDLR : même si parfois une petite larme accompagne une voix éreintée à l’arrivée d’un(e) ami(e))….j’ai vidé mon pot d’amour au fil des années ».

« Je suis heureux d’être devenu la voix d’un sport »

Après une ½ heure à trottiner on arrive vers la DZ, quelques promeneurs profitent du soleil, Ludo connaît du monde, on s’arrête 2 minutes, il prend des nouvelles d’un ami malade, le réconforte, c’est son tempérament…
« J’ai appris ça avec le temps, ce que l’on donne c’est aussi que l’on a envie de recevoir, la vie est un miroir ».
On reprend tranquillement notre chemin, le soleil va bientôt disparaître, il me confirme qu’il va lever le pied en 2018 « je ferai une année OFF, moins d’événements, que 3-4 ultras et des courses plus courtes, je dois me protéger ».
« Je suis heureux d’être devenu la voix d’un sport, c’est gratifiant. J’ai fait de belles rencontres, ce sport m’a fait grandir. J’ai rencontré des gens merveilleux avec de vraies amitiés, mais je ne profite pas assez des gens et on ne peux pas être pote avec tout le monde. Je retiens aussi les sourires des bénévoles qui donnent de leur temps gratuitement, jamais dans un autre sport j’ai eu ces relations là ».

« Je suis un freestyler…les émotions ça ne s’écrit pas »

Un chapitre se tourne, mais l’histoire ne s’arrêtera pas en 2018, « on est dans une société ou l’on oublie vite la performance, tout va trop vite ». «Je veux profiter plus, prendre du temps pour moi, j’ai quelques projets, pourquoi pas un one man show, j’aime me mettre en danger »

Ludovic Collet - Grand Raid reunionMais pas forcément celui du danger physique comme sur les ultras, « j’aime aussi former, c’est mon ADN, pourquoi pas faire une Academy pour speaker, apprendre l’Anglais, c’est mon point faible, écrire un livre, former des jeunes et leur apporter mon expérience et ma sensibilité (NDLR : il coach actuellement 3 athlètes Laurie une Franco – Cambodgienne, un jeune Marocain Abdo et Sabrina W. ».

Un autodidacte passionné, il s’est fait tout seul sur le terrain « Je suis un freestyler, les émotions ça ne s’écrit pas, c’est instantané, tout est dans l’improvisation …si je réfléchis ce sera plus la même chose ! ».

Une bonne heure après, nous voilà de retour du côté du Casino de Chamonix, on partage alors un thé au comptoir d’un des derniers hôtels encore ouverts à cette période.
Ludo aime donner, partager, c’est un altruiste, il partage ses émotions, son plaisir avec les autres dans l’échange, mais il aime aussi faire passer des messages.
C’est peut-être aussi au travers de cette motivation qu’il se projette du côté des Landes pour se ressourcer « j’aimerais trouver un truc là bas, un pied à terre pour inviter et recevoir mes amis ».

L’année 2017 va se terminer, de nouveaux horizons vont progressivement s’entrevoir pour 2018, les bonnes résolutions seront-elles nourries de sagesse, pour retrouver la sérénité et la santé.

Par Fred Bousseau – © Fred Bousseau – Déc 2017

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Ludovic Collet

novembre, 2024

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