Jim Walmsley, 27 ans, élu meilleur Ultra Runner US 2016, actuel leader au classement mondial de l’ITRA, est arrivé en France le 10 août dernier, près de 3 semaines avant le départ de l’UTMB® 2017.
Sous la coupe de Nicolas Mermoud, qui l’a placé dans les meilleures dispositions pour peaufiner sa préparation, l’athlète Américain a accepté la proposition de passer une journée en notre compagnie.
Annoncé comme l’un des favoris il reste très humble face à la course qui l’attend et à ses adversaires.
Première d’une série de rencontres avant l’UTMB®, « Dans la foulée de….».
Rendez-vous est pris avec le coureur Américain pour le lundi 14 août 2017, on se retrouve alors aux Contamines Montjoie chez Nicolas Mermoud, 4 jours qu’il est arrivé, pas encore remis du décalage horaire.
Il arrive de Flagstaff en Arizona, ou il s’est installé en 2015 après avoir quitté l’Armée de l’Air Américaine, il apprécie et profite du calme, du cadre et du terrain de jeu qu’il a sous ses yeux, en ajoutant avec le sourire, « c’est un petit peu bas en altitude », lui qui habite à 2 100 m.
A peine arrivé, il reprend rapidement l’entraînement avec une première sortie le lendemain au Mont-Joly puis du côté des chalets de Miage. Mais il « profite » aussi du manque de sommeil du début de nuit, pour faire 2 sorties nocturnes sur le parcours de l’UTMB®, l’une du côté de la Charme l’autre jusqu’au col de Seigne dans les conditions de la course.
1 mois d’entraînement à 4000 m dans le Colorado
Consciencieux, calme et appliqué il prépare avec minutie son sac Nathan, un sac qui tient avec quelques épingles à nourrices sur chaque côté et qui est lesté.
On prend le temps de le peser avant de partir, la balance affiche bien 5,2 kg,
Jim utilise ce sac depuis plus d’un mois, « je me suis beaucoup entrainé dans le Colorado en Juillet, mon sac était un peu moins lourd, autour de 4,5 kg, car j’avais pas le même matériel ».
Il revient alors sur son mois de juillet dans le Colorado après son échec à la Western States (abandon au 78ème miles) – RETOUR SUR SA WS 2017 ICI, sans rentrer dans les détails, il en retient l’essentiel avec déjà le regard tourné sur l’UTMB®, et une pointe d’humour « l’an prochain je partirai moins vite sur la WS 100 ».
Mais c’est surtout pour mettre toutes les chances de son côté et se préparer à ce nouveau challenge alpin qu’il a pris la direction du Colorado du côté de Silvertone : « J’étais sur la Hard Rock en juillet, j’ai fait le pacer de James Bonnett, puis j’ai campé pendant 1 mois à environ 3 000m. Je me suis bien entraîné en altitude jusqu’à plus de 4 000 m».
Le jour de notre sortie au dessus des Contamines, Jim est sur un jour de repos, ou plutôt, un jour plus calme, le dispositif est le même, il remplit a nouveau ses flasques, charge son sac avec quelques barres énergétiques, ajuste les bâtons et mange un dernier morceau de pain au chocolat.
« C’est un nouveau challenge » : Jim Walmsley
On part tranquillement, direction le chalet du Truc, le sentier serpente dans la forêt, Jim est dans ma foulée, je lui dis de passer devant moi et d’aller à son rythme mais très humblement, il me répond « I’m fine, it’s OK for me ».
On progresse à un bon rythme, je lui montre quelques chanterelles en bord de chemin et un peu plus loin les framboises sauvages, je lui propose d’en déguster mais lui qui vit dans le désert et à l’habitude de s’entraîner dans le Grand Canyon a plus besoin de boire que de manger.
Il est par ailleurs végétarien, mange du poisson, des oeufs et du fromage, C’est aussi ce qu’il aimerait avoir en premier rêve s’il franchit la ligne d’arrivée, un bon verre de vin rouge et un morceau de fromage…Français !
Un peu plus de 30’ après notre départ, on rejoint le chalet du Truc, une première pause pour profiter du paysage déguster une tarte aux myrtilles (un peu petite) et une bière au génépi pour Jim.
L’endroit est calme, la vue sur les Aravis d’un côté et les Dômes de Miage offre des panoramas grandioses, nous continuons alors nos discussions.
Jim a accroché une paire de bâtons sur son sac, je lui demande alors s’il les prendra pour l’UTMB®, la réponse est alors sans équivoque : « Oui, je les prendrai je n’ai jamais couru avec des bâtons, je me suis entraîné avec dans le Colorado pour faire de la marche rapide, je pense que cela peut être utile sur la fin du parcours même si ce sont quelques grammes en plus sur le sac tout au long de la course ».
L’américain ne néglige rien dans sa préparation, tout est minutieusement étudié et réfléchit, il mettra d’ailleurs en application un peu plus tard dans l’après midi une nouvelle fois l’utilisation des bâtons dans la montée du col du Tricot (réalisée en 24’43’’, second meilleur chrono sur Strava – une application sur laquelle il affiche toutes ses sorties).
C’est alors que l’on vient à discuter de la course en elle même, pour Jim « c’est un nouveau challenge, je me prépare pour, mais que la course soit bonne ou mauvaise, ce qui est sûr c’est que je vais beaucoup apprendre et j’ai d’ailleurs déjà appris pendant ces semaines d’entraînements ».
Jim Walmsley : «my confortable pace»
Au regard de ses performances en 2016 (11 courses, 9 victoires, 5 records) – A LIRE ICI, de son début de saison 2017 à Tarawera ou il pulvérise le record de l’épreuve de 21 min à une moyenne de 14km/h pour 102 km et 2600 m D+ et de sa victoire devant Tim Tollefson et Sage Canaday à Speedgoat (50 km) début août, avec le record à la clé, après 1 semaine d’entraînement à 200 km et 12 500 m D+, beaucoup de gens envisagent un départ rapide de l’Américain pour essayer de faire valoir ses qualités et distancer ses adversaires dès le départ.
A cela Jim est très clair, « la course est plus lente, on ne peut pas courir 20h au rythme de la Western States, ce sont 2 courses complètement différentes. Je préfère courir 20h ici car c’est plus beau et il fait moins chaud, je suis polyvalent et prêt à relever le challenge ».
« Je ne sais pas à quelle vitesse je vais pouvoir courir pendant la course, les cols sont longs et pentus, et il y a une longue nuit quelques heures après le départ.
Mon séjour dans le Colorado m’a permis de voir que les vitesses de progression étaient plus lentes et accepter de marcher dans les cols ».
« Je n’ai pas de plan de course, je vais courir à mon rythme de confort (my confortable pace), en fonction de ce que je ressentirai le jour J ».
Après un aller/retour express au col du Tricot, nous reprenons le chemin de la descente vers Les Contamines, la foulée de l’Américain est très aérienne comme on peut le voir sur les photos depuis qu’il est revenu à la compétition en 2015, c’est ainsi son style et comme le rappelle Nicolas Mermoud, « il n’a peut-être pas une foulée économique mais en attendant c’est efficace » !.
Effectivement, la foulée caractéristique de l’Américain volant interpelle, lui qui vient de l’école de l’Athlétisme Américaine, mais il court en souplesse, en fluidité, détendu et dès qu’il accélère il dégage une facilité déconcertante encore plus incroyable dès que la pente s’accentue, il reste sur l’avant des pieds et accélère.
« Impatient de courir avec François, Kilian, Xavier.. » : J. Walmsley
De retour au chalet (après 14 km et 1 300 D+), Jim Walmsley prend le temps de se concocter un milkshake d’une boisson de récupération, il se pose pour profiter des derniers rayons de soleil et nous terminons nos échanges du jour.
Une dernière question me trotte dans la tête depuis que je sais que l’on va se voir, finalement Jim, quel regard portes-tu sur Kilian Jornet et François D’Haene, annoncés comme favoris ?
Et là encore, la réponse est sans hésitations, « Je n’ai jamais couru avec Kilian, François Xavier, Luis, Zach.., j’ai juste vu leurs résultats et ce sont de grands coureurs qui ont gagné ici, je suis vraiment impatient de les rencontrer et je pense que eux aussi vont être intéressés de courir avec moi ».
Jim n’a terminé qu’un seul 100 miles (WS 100 en 2016 en 18h45’ après s’être perdu à 10 miles de l’arrivée alors qu’il avait près de 40’ d’avance sur le record) ne cache pas quelques doutes quand même !
« Kilian, Xavier et François ont beaucoup plus d’expérience que moi, ce sera une course très difficile, il faudra être patient, partir moins vite et essayer de garder la même vitesse tout le long. Il faudra trouver la force mentale en fin de course, je pense que Kilian sera très fort ».
Jim doit alors se préparer pour se rendre à la fête des Guides de Chamonix, il partira le lendemain (le 15 août) pour faire en solitaire le repérage de l’UTMB® en 3 étapes.
A une moyenne de 120 km à 150 km de course à pied par semaine, il peaufine sa consciencieuse préparation et va lever le pied 10 jours avant la course en faisant quelques footing et balades en montagne.
A son retour de cette reconnaissance nous échangeons quelques SMS avant qu’il rejoigne les autres membres du Team Hoka du côté de Chamonix, ses impressions du repérage confirment son analyse initiale « le terrain est très roulant et peu technique, on a souvent envie d’accélérer mais il faudra économiser l’énergie, être patient et surtout respecter la distance et les montagnes…nous verrons…» !
A LIRE AUSSI : UTMB® 2017, « Dans la foulée de Caroline Chaverot »
Par Fred Bousseau – ©Fred Bousseau- août 2017
Jim Walmsley né le 17 janvier 1990 à Phoenix
8 ans d’athlétisme de 12 à 20 ans, arrêt pendant 4 ans et reprise en 2014.
Professionnel au sein du team Hoka One One.
Partenaires : Nathan et Cliff Bar.
8’41’’ : 3000 m steeple
13’52’’ : 5000 m
29’08’’ : 10 km en 2012
2014 : Vainqueur de JFK 50 miles
2015 : Vainqueur de JFK 50 miles
2016 : Vainqueur de JFK 50 miles (nouveau record), vainqueur du Lake Sonoma 50 (nouveau record), Bandera 100 K (nouveau record), Franklin Mountains Trail (nouveau record) et record dans le Grand Canyon de R2R2R.
2017 : Vainqueur de Tarawera Ultramarathon (record) et de Speedgoat 50K (record).
A LIRE AUSSI
GRR 2018 – « Dans la foulée d’Audrey Tanguy »
UTMB® 2017, dans la foulée de François D’Haene
UTMB® 2017, Dans la foulée de Caroline Chaverot
Dans la foulée de Ludo Collet
Dans la foulée de Ruth Croft
décembre, 2024
type d'évènement:
Tous
Emplacement de l'événement:
Tous
Aucuns évènements