Performeur régulier et figure charismatique du marathon du Mont-Blanc, Thibaut Baronian n’en sera pas pour la 1ère fois depuis plus de 10 ans ! Le Bisontin jouera les pacers de luxe pour Mathieu Blanchard lors de la Western States 100 ce même week-end ; mais on n’efface pas comme ça une disponibilité légendaire ! A quelques milliers de kilomètres, notre habitué des tops 5 chamoniards revient sur son hiver, ses mondiaux…et l’étape #2 des GTWS dimanche 25 – 7h.
Recueilli par Julien Gilleron
On peut dire que ta fin 2022 aura pesé son poids. Tu as terminé la saison sur une grosse blessure de l’épaule, une période affective un peu difficile ; et on t’a vu patient, jusqu’en février puis aux France de mars où l’on t’a senti incroyablement muri. Que retiens-tu de cette période de vie ?
TB : En effet, je me suis fait opérer de l’épaule en novembre ; c’était plutôt prévu donc mentalement beaucoup plus acceptable qu’un accident que tu dois subir le jour J. J’avais donc pas mal anticipé la chose et ai enchainé 6 semaines complètes de repos. La reprise a suivi début janvier et forcément pas sur les skis – vu la neige pas terrible – donc j’ai très vite repris à pied. J’ai aussi mis à profit cette période plus « off » via une grosse activité de médias, d’événementiels autour du « trail fait son cinéma », donc pas mal sur les routes et pas mal dans les baskets par rapport aux hivers précédents. Et puis tu l’as dit, une séparation personnelle a aussi compliqué l’hiver. Etre loin des skis, connaitre ces périodes intimes tout en étant beaucoup en déplacement…nouveau, et pas toujours facile, certes. En revanche, je crois que ce que je retiens de cette période, c’est la sensation d’avoir été vraiment entouré de personnes bienveillantes, de gens à l’écoute. D’amis.
De la même manière physiquement, mais surtout mentalement, je crois que c’est grâce à eux que je ressors de cet hiver très fort. Je ne sais pas si j’en retire de nouvelles choses, je sais que le corps humain est surprenant et que l’on dispose de ressources. On n’en a pas forcément conscience mais cette capacité de résilience peut aller se chercher tous les jours un petit peu plus loin. Pouvoir s’autoriser, s’abandonner à s’appuyer sur des personnes de confiance qui sont autour de nous, cela m’est apparu incroyablement fort et précieux. Alors au fond, s’il fallait résumé, peut-être que je pourrais dire ça : l’apprentissage de savoir s’appuyer sur les êtres précieux et les ressources insoupçonnées du corps.
Pour la première fois depuis plus de 10 ans, tu ne seras pas au Marathon du Mont-Blanc. Les drapeaux sont en berne et gens sont en noir, on a fermé les écoles et des attroupements spontanés se forment pour pleurer : Thibaut Baronian et sa popularité absents !
TB : Allons bon ! (rires) Et oui…12 ou 13 ans ? En effet, c’est la première fois depuis 2011 ; je crois que j’ai fait dizaine de Marathons plus une année ou deux où je ne suis pas venu, depuis que je suis chez Salomon. Cette édition a donc une petite saveur particulière, même si c’est quand même super d’être aux États-Unis. Cette course m’a permis de rentrer dans le Team Salomon en faisant 4e, 5e, 6e, 7e… un peu toutes les places d’honneur du top 10 ! Puis c’était à la maison, donc ça fait toujours plaisir de courir sur cette terre, d’être à Chamonix avec les partenaires, les proches, les copains. C’est davantage l’événement lui-même qui me manque plutôt que la compétition pure.
A quoi s’attendre en termes de bagarre et de résultats ?
TB : Rémi (NDLR : Bonnet), c’était sa rentrée à Zegama, et je pense que les conditions l’ont pas forcément, même pas du tout, avantagé. On a vu là qu’il a sorti une perf’ stratosphérique à Neirivue Moléson – ok, pas du tout sur le même effort ; mais peut être est-ce le seul point sur lequel il devrait encore s’améliorer à mon sens : entre 1h et 3h30 de course, il y a un petit gap pour lui, et il ne l’a pas forcément passé pour être régulier sur 2h00, 2h30 ; alors qu’il n’y a pas de problème quand ça passe 3h. Il manque encore un peu de consistance et de résistance, peut être mentale également. Il suffit qu’il trouve ce déclic parce que physiquement il sait que il est au-dessus de quasiment tout le monde. Donc quand il aura trouvé la bonne formule mentale – peut être traditionnelle – là, ça va faire très mal. Donc forcément Rémy, je le mets dans mes 3 favoris.
Je mettrais aussi une pièce sur quelqu’un d’un peu moins connu, mais avec qui j’ai beaucoup partagé récemment et qui est impressionnant : Eli Hemming. À Broken Arrow, j’avais été frappé par cet ancien triathlète très rapide qui pour moi peut faire aussi très mal ; s’il gère bien la longueur de la course. Il est un peu moins habitué…Enfin, il y a les « habitués » en force avec Elhousine Elazzaoui bien sûr. Antho Felber est toujours solide et pourrait jouer un top 5. Pour le top 3, allez : Rémi, Elhousine, Manuel Merillas ; c’est un peu plus ouvert cette année, avec plus d’absents suite aux mondiaux. Chouette spectacle.
Que retiens-tu de ces France et de ces mondiaux, pour ta suite de carrière ? Quelle émotion lors de ta victoire en mars, comme pour clôturer cet hiver de reconstruction. Ton collègue bleu Nico Martin s’alignera sur le 23k du Mont-Blanc…
TB : Nico, quel taulier de l’équipe de France ! On connait sa résistance depuis maintenant des années sur des formats 80 km où il est vraiment performant…Et si y avait une question a posteriori : qu’est-ce qu’il aurait aimé changer maintenant à sa prépa mondiaux, suite à son abandon ? Après, pour le cross de samedi, il va s’amuser : même si ce ne sont pas ses formats de prédilection, il est encore TRES bien et aime dépasser ses limites. Quant à moi, l’équipe, c’était vraiment une belle opportunité à saisir avec les championnats de France puis les mondiaux ; l’envie que j’avais de faire du court sur le début de saison et du long en fin de saison avec cette course aux mondiaux qui était quand même intense mais assez longue finalement, avec plus de 4h30 de course. C’était un bon format pour moi, je crois. Mais c’est fait : je mets pas de pression par rapport à la suite. Il y a les championnats d’Europe l’année prochaine mais aussi plein d’autres choses que j’aimerais faire. Je ne me dis pas « ça y est, je suis rentré une fois en équipe de France ; maintenant il me faut y rester chaque année » ; je vais attendre les critères de sélection, voir ce que je fais à Nice, il y a un Golden ticket, etc…En 2024 ? il y a les mondiaux dans 2 ans qui peuvent être très sympas au niveau du parcours, peut-être sur le long, donc encore une fois, je vais attendre, échanger avec le sélectionneur et surtout selon ce qui lui, pense.
Photos Droz Photo, Pierre Fargeix
novembre, 2024
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