Alors que beaucoup avaient encore les yeux rivés sur le Mont-Blanc, Vanessa Morales avait les pieds sur le Kilimandjaro, le toit de l’Afrique, à 5 895 mètres d’altitude. Le mardi 31 août dernier, elle a battu le record féminin de l’ascension de la voie « Mweka » en 11 heures et 33 minutes (45 kilomètres aller-retour, 4 287m D+, 8 520m cumulé), améliorant la précédente marque de près deux heures (13h30, effectuée par la Danoise Kristina Schou Madsen en 2018). Mais pour décrocher le record, elle a dû s’y prendre à plusieurs reprises : entretien avec celle qui représente le plus de persévérance aux yeux du Kilimandjaro.
De la détermination pour battre le record de vitesse de l’ascension du Kilimandjaro
Bonjour Vanessa, tout d’abord félicitations ! Qu’est-ce que vous ressentez après avoir battu le record féminin ?
« Aujourd’hui, c’est un soulagement parce que c’est un combat depuis plus de deux ans. Après, ce n’est pas le record que je visais vraiment, mais en tout cas, s’en est un et ça fait du bien au moral. »
Justement, votre histoire avec le Kilimandjaro ne remonte pas à cette année, en 2019, vous aviez tenté de battre le record sur la « Western Breach », mais malheureusement, la tentative n’avait pas été fructueuse, car vous aviez dû venir en aide à votre guide. Est-ce que c’est une revanche ?
« Oui, clairement, c’est une revanche. En fait, j’ai gravi le Kilimandjaro trois fois en neuf jours. J’ai d’abord fait une acclimatation sur dix jours, puis j’ai retenté la Western Bridge. À nouveau ça ne s’est pas super bien passée parce qu’on a eu des problèmes météo et mes deux guides n’ont pas suivi. Je me suis retrouvée en difficulté et j’ai décidé d’arrêter mon chrono après 5 heures 46 minutes de course, en sachant que ça allait passer parce que j’étais déjà à 5 200m d’altitude et qu’il ne me restait plus que 600m avant de redescendre, ce qui est mon point fort. Mais voilà, c’est le mauvais temps qui nous prend avec une impossibilité de trouver la trace, puisque dans le brouillard c’était la galère et que ça faisait deux ans que personne n’avait mis les pieds sur la Western. Mon dernier guide avait une heure de retard sur moi, et j’ai été obligée de l’attendre pour trouver la trace, alors j’ai abandonné le record. »
Comment est-ce que vous avez récupéré entre les deux tentatives ?
« Franchement, je ne sais pas…je ne me suis laissée que deux jours de repos. Même mon médecin m’a appelé pour savoir si j’étais sûre de moi et si je me sentais bien. Mais en fait, après la première tentative sur la Western Bridge, je n’avais pas de courbatures alors je me suis dit “je repars“. »
Est-ce que vous avez pensez à un moment que vous n’alliez jamais réussir à battre un record d’ascension sur le Kilimandjaro ? Comme si comme s’il n’en voulait pas.
« Oui, complètement. Quand je suis retournée sur la Western bridge, j’avais vachement d’espoir parce que quand j’arrive en 5 heures 46 minutes à 5 200m d’altitude, je me suis dit “c’est bon, il est là, c’est pour aujourd’hui“, mais encore une fois, les éléments ont été contre moi. Je suis rentrée en me disant “laisse tomber, le Kilimandjaro il n’est pas pour toi. Ce chrono, il n’est pas pour toi“. Mais assez rapidement, j’ai rebondi et j’ai vu qu’il y avait des chronos sur la « Mweka ». Le parc national a aussi essayé de se rattraper parce qu’à chaque fois c’est de l’investissement et de l’argent, et car il y a souvent des problèmes avec les guides, que pourtant j’adore, mais c’est vrai que j’impose un rythme qu’ils ne tiennent pas suffisamment longtemps pour m’accompagner sur la totalité du parcours. Le parc national m’a alors autorisé à repartir sur la voie Mweka, et là c’était juste un bonheur de me dire que j’avais encore une chance. Par contre, ce jour-là, je ne l’ai pas vraiment pris comme une course. Dans ma tête, c’était une sortie montagne entre potes en me disant “on verra bien comment ça se passe“, et en fait ce sont ces jours-là où ça passe le mieux. »
Comptez-vous retenter votre chance sur la « Western Breach » ?
« Je pense, oui. Il y a quelque chose à soigner là-bas et je sais que ce que c’est jouable. Si les échecs venaient de moi à cause d’un problème physique, je lâcherais l’affaire, mais là je sais que je peux l’avoir donc j’y retournerai probablement. »
« Est-ce que vous avez d’autres projets en tête ?
« Oui, j’en ai plein. Déjà pour le Kilimandjaro, j’ai un projet de prévu pour juin 2022, qui est de retourner au sommet pour grimper sur le glacier, et ça, je l’ai mis en place avant de quitter la Tanzanie. Après, j’ai d’autres gros projets sportifs. En avril, je serai au Mexique sur un ultra run avec les Raramuri qui sont les meilleurs coureurs au monde, et en septembre prochain, donc dans un an, j’ai mon premier 8 000 à gravir : le Manaslu. »
Merci beaucoup Vanessa, bon courage et à bientôt.
Propos recueillis par Killian Tanguy
octobre, 2024
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