Lauréat en 2008, 2009 et 2011, Kilian Jornet s’est classé second de l’édition 2017. Un classement qui satisfait le Catalan, double summiter de l’Everest en mai dernier et lauréat de la Hardrock 100 Miles aux Etats-Unis, mi-juillet. A présent, François D’Haene et Kilian Jornet comptent le même nombre de victoire sur l’UTMB : trois.
Kilian, avec François, vous étiez l’un des grands favoris de l’épreuve. Vous avez assumé. Comment s’est passée votre course ?
Je savais que la course allait être très difficile. Avec François (D’Haene), Jim (Walmsley) et Xavier (Thévenard), on est parti très vite. Après, Xavier a un peu coincé dans la montée vers le Col du Bonhomme (km 40). A Courmayeur (km 80), j’ai eu un coup de moins bien, et François et Jim sont partis à grande vitesse ! Je les voyais loin devant et j’ai essayé de les rattraper… Et puis, Jim était fatigué à La Fouly (km 111). Il s’est arrêté pour se reposer et manger, avant de repartir. C’était nickel et sympa pour la course… A Champex-Lac (km 125), François avait une avance de presque 20 minutes. Moi, j’étais derrière, mais j’ai commencé à me sentir mieux et j’ai essayé de récupérer du temps. Finalement, je termine deuxième, mais je suis super content d’être ici, d’avoir fait une course rapide (19 h 16’38 pour 167 km et +9450 m ; 19 h 01’32 pour François). On a vu le déroulement de l’épreuve, la vitesse des coureurs et c’était amusant… Pour moi, François était le principal adversaire, le grand favori, parce qu’il a toujours montré de la classe sur les longues distances. Il mérite énormément cette victoire. Maintenant, nous avons trois victoires chacun, donc… (Et interpellant le vainqueur du jour) : « François, l’année prochaine, tu fais quoi ? ». (Et le Français de répondre dans un rire) : « On va laisser cinq/six ans, comme depuis ta dernière victoire… » Bon, François demande à réfléchir (déclenchant l’hilarité du public). Après-demain, on fera une petite course pour remettre les idées en place et on verra…
Kilian, que vous a-t-il manqué pour faire mieux que deuxième ?
J’ai eu un moment difficile en arrivant à Courmayeur. Je ne sais pas pourquoi, parce que j’étais très à l’aise dans les montées. Après, je n’avais plus les jambes…
Est-ce dû au fait que, contrairement à François, vous faites moins d’ultra-trail depuis plusieurs saisons ?
J’ai fait la Hardrock il y a sept semaines, je ne pense donc pas que ce soit cela. Parce qu’à la fin, je me suis senti bien. Dans les 40 derniers km, j’avais les jambes. C’est peut-être à cause du froid ou de mon alimentation que j’ai eu ces moments plus bas. Maintenant, je le répète, je suis super heureux de faire deuxième dans une course d’un tel niveau, derrière François qui est un bon ami (les deux coureurs sont aussi dans le même team : Salomon). C’est un coureur exceptionnel et une personne exceptionnelle.
François était donc vraiment le plus fort, aujourd’hui ?
C’est un coureur qui est très constant et complet. Il est bon dans les montées, bon dans les descentes et c’est un très bon coureur sur le plat. Il est capable de tenir des longues portions à la même allure. D’ailleurs, aujourd’hui, les chronos sont incroyables. Et lorsque l’on voit son palmarès, il n’y a rien à rajouter.
François vient de l’athlétisme. Vous du ski et de l’alpinisme. Est-ce ses qualités pédestres qui ont fait la différence, aujourd’hui ?
C’est certain que sur les parties plates, mentalement et physiquement, François est très fort. Il y avait beaucoup de parties roulantes, sur l’UTMB. Et même si j’arrive à courir vite (Kilian a remporté le Marathon du Mont-Blanc et Sierre-Zinal, cette saison), cela me fatigue. Ce n’est pas comme à Sierre-Zinal où j’arrive à battre des marathoniens en 2 h 08. L’effort est beaucoup plus court (31 km, +2200 m en 2 h 33’05) et je peux courir à 3’ au km sur les parties plates.
Si vous deviez refaire la course, quelle serait-elle ?
Ce serait la même… Mais comme j’ai eu quelques problèmes à Courmayeur, j’y suis resté longtemps pour me changer et manger. Jim et François sont partis devant et j’ai perdu le contact avec eux. Lorsque tu es tout seul, c’est ensuite difficile de relancer.
Maintenant, est-ce l’on peut enchaîner deux ultra, la Hardrock et l’UTMB, en moins sept semaines ?
On s’entraîne pour cela. Ce n’est pas la même chose pour des amateurs qui ont un travail à coté et d’autres activités. Deux ultras en une année pour des professionnels et des amateurs bien entraînés, c’est possible. Il faut bien éduquer ton corps et bien récupérer. En faire plus, je pense qu’à long terme, ce serait fatiguant.
Normalement, cet été, vous aviez comme projet de retourner dans l’Himalaya. C’était à nouveau pour gravir l’Everest ?
Oui, du côté tibétain. Mais les autorités chinoises n’ont pas voulu délivrer de permis. La Chine n’autorise l’ascension du Mont Everest, ni en août, ni à l’automne. On a donc déplacé notre prochaine expédition au mois de mai prochain.
entPropos recueillis par Bruno POIRIER – Photos Franck Oddoux/UTMB
novembre, 2024
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