UTMB – Juliette Blanchet – « La course qui me donne le plus d’émotions »

Juliette Blanchet (39 ans) est depuis quatre ans une habituée de la Place du Triangle de l’Amitié, lieu de départ de l’UTMB à Chamonix. Quatrième en 2016, chute en 2017 et sixième l’an passé, elle est la Française qui a le plus d’expérience pour intégrer le Top 10 de l’édition 2019. Chercheuse en climatologie, Juliette répond à nos questions…

Juliette, vous allez prendre votre quatrième départ consécutif de l’UTMB. Qu’est ce qui vous attire dans cette course ?

Avec La Diagonale des Fous (Grand Raid de La Réunion), c’est le départ qui me fait le plus vibrer… Même si ce n’est pas le plus beau parcours du circuit ultra-trail, car comme on court de nuit entre Les Contamines et Courmayeur, on loupe une très belle partie du Tour du Mont-Blanc, il est très bien. Cela de la Diagonale est naturellement plus exotique, mais j’ai une préférence pour le Tour du Beaufortain et l’ultra-trail du Grossglockner (3798 m), le Mont-Blanc autrichien. Par contre, l’UTMB présente le plus plateau d’athlètes internationaux et c’est qui me motive le plus. Bon, le trail marketing, ce n’est pas mon truc, mais il y a beaucoup de choses qui font que l’UTMB est la course la plus aboutie que je connaisse.

Le niveau de compétition de l’UTMB est-il un véritable challenge pour vous ?

Dès le début de la saison, toute la préparation s’articule pour être pour cet évènement. Sincèrement, je ne suis pas une compétitrice acharnée, mais toutes ces femmes, ces athlètes qui me sont supérieures me tirent vers le haut. Participer à une course aussi relevée, c’est de la motivation pour toute l’année. Dès lors, on s’entraîne bien pour bien faire les choses…

Avez-vous changé des choses dans votre entraînement, cette saison ?

J’ai remplacé les week-ends chocs (gros bloc de préparation) par des compétitions. J’ai donc fait pas de mal de courses, cette année, mais c’était surtout dans le cadre de ma préparation.

Comment percevez-vous l’évolution de l’évènement UTMB en particulier et celle du trail-running en général ?

L’UTMB a pris de l’ampleur. Il y a plus de public et de journalistes. C’est devenu une semaine un peu folle et j’arrive le mercredi pour me préserver. C’est devenu les championnats du Monde ou les Jeux olympiques du trail. Il y a une très grande effervescence. Etre sur la ligne de départ de l’UTMB à Chamonix, cela hérisse les poils. On a l’impression que l’on est là pour vivre quelque chose de grand et c’est la course qui me donne le plus d’émotion.

A ce jour, quelle est votre belle course à l’arrivée ?

Chaque course est différente… Mais je retiens aussi ce moment lors du départ en 2017 où j’ai chuté avec une grave blessure (écrasement du tibia). La guérison fut très longue et après une année de reprise assez difficile, lorsque j’ai franchi la ligne d’arrivée en 2018 (6e), c’était une revanche par rapport à 2017. L’arrivée en 2016 fut aussi particulière. Un gros orage avait généré une panne de courant et j’avais terminé dans l’obscurité à Chamonix. J’avais terminé quatrième dans une ambiance très intimiste. C’était bizarre…

Pensez-vous que votre retour à Chamonix, dans la prochaine nuit de samedi à dimanche, peut être le plus beau ?

Je l’espère et je serais très contente. L’an passé, c’était une délivrance. En 2016, j’avais terminé quatrième en 27 h 37. Si je fais 27 h cette année, ce serait bien. Mais cela ne voudra pas dire que je serai sur le podium.

Un podium sur l’UTMB, c’est une ambition ?

Si tout se passe bien, c’est faisable, mais je sais que cela ne va pas dépendre que de moi. Je ne vais pas courir avec cet objectif. Je vais courir pour moi avec le but d’améliorer mon chrono. C’est moins stressant que de courir après une place… Je ne vais donc pas prendre un départ rapide. Ma performance, je vais la construire au fil du temps. Chacun a sa façon de courir et je n’ai pas besoin des autres pour avancer. Maintenant, s’il y a une fille à deux minutes de moi à 10 km de l’arrivée, je vais aller la chercher…

Trois Françaises ont déjà remporté l’UTMB : Karine Herry (2006), Nathalie Mauclair (2015) et Caroline Chaverot (2016). Quelle est l’athlète qui peut leur succéder ?

Dans la génération actuelle, Audrey Tanguy (victorieuse de la TDS 2018 et 2019) a les jambes pour gagner. Elle possède un sacré potentiel… Je ne pense donc pas qu’il y ait un trou générationnel en France. Des athlètes exceptionnelles comme Caroline, il n’y en n’a pas tous les ans. Il faut dire aussi que le niveau global a augmenté et qu’il y a de plus en plus de nations qui deviennent compétitives. On le voit avec les coureuses asiatiques. Dans les pays qui ont cette culture du trail-running, il y a aussi de plus en plus de professionnelles (États-Unis, Suède, Espagne…) Moi, je reste une chercheuse en climatologie.

 

Par Bruno POIRIER – Photo Frédéric Bousseau.

novembre, 2024

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