Elles sont les 2 visages (souriants) de l’ultra trail féminin français et confirment depuis quelques temps qu’elles sont aussi des noms sur lesquels il faut compter sur le plan international. Camille Bruyas (Team Salomon) et Audrey Tanguy (Team Hoka) s’apprêtent à participer pour la première fois au plus grand ultra-trail du monde : l’UTMB® où elles en seront d’ailleurs les deux meilleures chances françaises pour un podium. A quelques jours du départ, elles nous livrent leurs dernières impressions.
“Je viens chercher le grand frisson” Audrey Tanguy
TEM : Audrey, forte de tes 2 succès à la TDS, en 2018 et 2019 et de ta 6ème place à la Western States ; Camille après ta 3ème place sur la CCC en 2019 et ta victoire au Lavaredo Ultra Trail en juin dernier, à quelques jours du départ, quel est le sentiment qui prédomine chez vous ?
Audrey : la peur ! (sourire) J’ai tellement envie de bien faire, de me faire plaisir et de faire plaisir aux autres sur cet événement si particulier pour moi que je crois m’être fait à peu près tous les scénarios catastrophes possibles dans ma tête.
Camille : Chanceuse ! Je pense qu’il faut profiter d’être en forme et prête pour cette course qui est une des plus belle fête de l’Ultra Trail . Donc oui je suis vraiment contente déja de pouvoir participer à cet événement Est-ce que vous venez avec des ambitions ? Quelle est la technique chez vous qui vous permet de vous mettre en confiance avant un tel rendez-vous ? Une séance, une sortie particulière ? Une visite chez le kiné / ostéo ? etc
TEM : Est-ce que vous venez avec des ambitions ? quelle est la technique qui vous permet de vous mettre en confiance sur un tel rendez-vous ?
Camille : Ma première ambition est de faire une course aboutie et pleine ! De se faire plaisir et profiter des paysages et de toutes les personnes qui seront là pour nous encourager! Je n’ai pas de rituel d’avant course. Je prends les choses comme elles arrivent ! Il se trouve que cette année je suis une semaine dans la Loire, et je profite des petits plats de Mamie !
Audrey : Je ne fais jamais de course pour la finir. Si tel était le cas, je la ferais en “off”, quand je voudrais et avec des amis. Honnêtement, c’est vrai que sur un ultra tout peut arriver et que l’on n’est jamais à l’abri d’un abandon, mais si je m’entraîne toute l’année, ce n’est pas seulement pour finir la course. Après mes ambitions ne peuvent pas être en termes de place ou même de chrono car ces derniers sont dépendants d’éléments que je ne peux pas contrôler. Je ne sais pas quel est le niveau des autres filles, je ne sais pas quelles seront les conditions climatiques, et je ne sais pas totalement comment je serai le jour J. J’espère seulement arriver à faire les bons choix, aux bons moments, afin de donner le meilleur de moi, avec les difficultés auxquelles j’aurai à faire face.
La semaine avant la course je suis partie une semaine au Ventoux avec ma meilleure amie, son mari et ses enfants pour essayer de déconnecter et de prendre un petit peu de recul avant la grande semaine.
TEM : On sait que l’UTMB est une course à part dans le milieu et qu’elle possède une saveur particulière, comment et depuis combien de temps vous la préparez ? Et est-ce qu’on prépare cet ultra comme n’importe quel autre ultra ?
Audrey : l’UTMB® est le graal pour moi. Si je ne devais gagner qu’une course dans ma carrière et que j’avais la chance de pouvoir choisir, je choisirais celle-ci. J’y pense depuis que j’ai commencé la compétition et je la prépare maintenant depuis deux ans. C’est un 100 miles donc c’est une course très longue. Il faut être capable d’encaisser les nombreuses montées tout le long du parcours mais aussi de relancer dans les parties plates et les longues descentes. C’est une course comme je les aime, montagneuse et avec de belles montées. Une course très variée.
Camille : Je pense qu’on a de la chance que cet ultra soit en France, chez nous. Pour moi c’est encore plus particulier de courir la Western par exemple ! Mais maintenant, Audrey pourra me guider si j’ai la chance d’y aller un jour. Donc, je pense que l’UTMB est une suite aux autres plus “petites” courses de cet événement.
“Ma première ambition est de faire une course aboutie et pleine“. Camille Bruyas
TEM : Qu’est-ce que vous êtes venues chercher sur cette course ? Quelle est la motivation principale qui vous pousse à y participer ?
Camille : Faire une belle boucle, j’adore les boucles ! En plus autour du Mont Blanc c’est balèze non ? Et entouré de belles personnes !
Audrey : Je viens chercher le grand frisson, l’immense émotion que j’ai déjà eu la chance de vivre ici, à Chamonix, celle dont on est jamais rassasiée. Et je viens pour la partager avec les gens que j’aime, famille, amis, et tous ceux qui seront là, de près ou de loin pour se joindre à la fête.
TEM : Quels enseignements tirez-vous chacune de vos dernières courses respectives ? La Western pour toi Audrey et le Lavaredo pour toi Camille.
Audrey : La Western States était pour moi, cette année, une découverte et surtout, initialement, une étape en vue de l’UTMB. Il s’agissait pour moi d’essayer de progresser sur les parties plates et roulantes, sur lesquelles j’étais moins à l’aise. Évidemment, au départ, je ne voyais plus du tout ça comme une étape car je suis très exigeante et perfectionniste. Mais j’ai beaucoup appris et je me suis vraiment régalée sur cette course ! J’ai notamment appris qu’il me restait encore du travail, notamment en descente, si je voulais un jour performer réellement sur cette course…et c’est un objectif !
Camille : A l’arrivée du Lavaredo, je me suis demandée comment j’allais faire pour 50 km de plus ! Sinon je pense que ce que j’ai acquis le plus c’est de l’expérience sur ce genre de format, que je n’avais pas pratiqué depuis la CCC en 2019.
TEM : Les objectifs de place sont souvent difficiles à estimer et sont assez peu pertinents tant la densité est élevée mais est-ce que vous vous êtes au moins fixé un objectif de chrono ou du moins une fourchette dans laquelle vous voudriez être ? Si oui, quels vont être les facteurs clés qui vont vous permettre d’y arriver ?
Audrey : Bien sûr je me suis fixé un objectif de temps…mais franchement cet objectif est plus pour l’avant course, et notamment, pour moi, me rassurer sur la possible heure d’arrivée (je déteste arriver en plein milieu de la nuit…ce qui m’est arrivée à chaque fois lors de mes 2 participations à la TDS). En réalité je pense qu’il faut être très à l’écoute de ses sensations et surtout ne pas s’emballer trop tôt…ce qui m’arrive souvent aussi…
Camille : Honnêtement, c’est mon copain qui a fait un tableau de chrono estimatif ! Et je n’ai pas encore regardé ! Je n’aime pas trop regarder ma montre en course ! Je pense que le facteur clef est de s’écouter pour ne pas partir trop vite pour arriver à La Fouly / Champex avec encore pas mal d’énergie ! Mais c’est plus facile à dire qu’à faire !
TEM : Vous êtes amies dans la vie, vous vous connaissez donc très bien… Si il y avait une qualité que vous aimeriez prendre ou un défaut que vous n’aimeriez pas avoir de l’autre, lesquels seraient-ils ?
Camille : Son endurance et son mental sur les formats longs ! Audrey m’impressionne depuis toujours sur ces formats tant elle réussit à chaque fois ! Elle reste pour moi la meilleure française en régularité, expérience et force mentale ! Elle m’inspire et m’inspirera toujours! Un défaut ? Son stress d’avant course ! Bon courage pour cette semaine ! Tout va bien se passer !
Audrey : Son détachement face à la compétition et le fait qu’elle arrive à prendre tout ça comme un jeu (s’en est un!). Je trouve ça fantastique de ne voir que les choses positives avant une course ! Camille est capable de performer au meilleur niveau, elle l’a déjà montré à plusieurs reprises, tout en laissant la pression de côté. Je l’envie tellement. Ce que je trouve aussi super c’est cette réelle camaraderie qui règne au sein des ultra traileurs, et Camille a définitivement cet état d’esprit. Le but est de gagner (c’est une course quand-même) mais pas n’importe comment et pas à n’importe quel prix. C’est quelqu’un que j’aime avoir à mes côtés sur une ligne de départ, et c’est aussi une personne à l’écoute de son corps et de sa santé.
Un défaut…je dirais qu’elle est tellement à l’arrache que ça pourrait lui jouer des tours en termes de matériel, d’horaires…
TEM : Quelles seront selon vous les filles qu’il faudra tenter de suivre à tout prix sur la course et qui ont une grande chance de victoire ? Est-ce que vous êtes attentives avant et pendant la course au plateau présent et éventuellement influencées (positivement ou négativement) par cela ?
Audrey : Je ne tenterai définitivement de suivre personne sur un 100 miles ! Je pense que c’est la clef. Après oui je regarde le plateau avant…et évidemment je me fais peur pour rien car finalement ce qui doit arriver arrivera et ce n’est pas le fait de se l’être dit avant qui changera les choses. Pour moi les deux coureuses les plus en forme en ce moment, et avec déjà une belle expérience de la distance sont Beth Pascall* et Ragna Debats, il faut dire aussi qu’elles m’ont donné dernièrement une belle leçon. Après sur une course comme l’UTMB, tout peut arriver !
*la britannique Beth Pascall à remporté la Western States en juin dernier
Camille : Toutes les filles sont à suivre ! Tout peut arriver sur un ultra trail. Si je devais en citer deux sur les dizaines que j’ai en tête, ce serait mes co-équipière du team Salomon Beth et Courtney.
TEM : Enfin, dernière question, le petit grigri ou le petit rituel que vous allez faire ou mettre en place dans les derniers moments avant le départ pour rentrer dans votre course ?
Camille : Je réfléchis mais je n’en ai pas! Profiter pleinement de tous les moments avec tous ces coureurs et coureuses du monde entier !
Audrey : m’échauffer…et peut-être pleurer si l’émotion est trop forte… (rire)
Par Alexandre Violle – ©Facebook Camille – Audrey
octobre, 2024
type d'évènement:
Tous
Emplacement de l'événement:
Tous
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