Il y a un petit mois, la France du ballon rond triomphait. MBappe, Pogba, Kante et consorts s’imposaient en steppes russes, non pas grâce à leur talent, bien qu’internationalement reconnu, mais en démontrant persévérance, patience et une force collective inébranlable. Ils ont su capitaliser sur leurs points forts et minimiser un temps leur manque d’expérience pour finalement ramener le Graal à la maison.
Certes, un monde sépare le gazon moscovite des sentiers chamoniards, mais la situation des meilleures chances tricolores à l’aube de cette 15ème édition de l’UTMB est relativement semblable au onze de Didier Deschamps avant son épopée russe. En effet, face au squad de GI envoyé par l’Oncle Sam, avec en tête Jim Walmsley, Tim Tollefson, Zach Miller et Alex Nichols, ou face à l’armada espagnole portée par l’ultra-terrestre Kilian Jornet et le triple champion du monde Luis Alberto Hernandez, les guerriers qui composent l’escouade française font figure d’outsiders plutôt que de favoris. Néanmoins, la France a dans ses rangs des coureurs qui peuvent nourrir l’espoir de voir hissé haut le drapeau bleu-blanc-rouge ce samedi sur la place centrale du village de Chamonix. Revue des troupes.
Une troupe dense et homogène
En tête de gondole de la délégation tricolore, Xavier Thévenard. Déjà double vainqueur de l’épreuve en 2013 et 2015, 4ème l’année dernière au sortir d’une course marquée « par un long passage à vide de 7h entre le Col du Bonhomme et le Grand Col Ferret », il revient à Chamonix dans « une logique de réconciliation avec le parcours ». Sa stratégie ? « Courir ma course et pas celle des autres », conscient qu’avec la frénésie médiatique autour de l’événement certains vont partir vite mais rapidement se brûler les ailes. Sa principale concurrence sera le chrono, puisqu’il se fixe avant tout un objectif de temps plutôt que de classement : « J’espère passer sous les 20h45 ! » Sans nulle doute qu’avec une telle marque, le podium devrait être à portée de foulée.
« Demain, une victoire française semble impossible. Cela tombe bien, impossible n’est pas français. »
Dans les rangs de la « French Army », habituée à briller sur ses terres car galvanisée par ce petit sursaut d’orgueil chauvin qui vient garnir la motivation lorsque le bât blesse, on retrouve également Michel Lanne, vainqueur de la CCC 2016 et de la TDS 2017, qui s’essaye pour la première fois sur la distance reine, une épreuve qui lui « trotte depuis plusieurs saisons ». Accrocher l’UTMB 2018 à ce palmarès déjà magnifique serait exceptionnel, même si la perspective du Top 10 semble plus raisonnable et réaliste que celle du Grand Chelem. Mais pourquoi pas ? Ce ne serait pas la première belle surprise « du pur montagnard, fabriqué dans les Pyrénées », très à l’aise dans le technique.
Ce vendredi, deux autres fines lames du trail français connaîtront également leur baptême du feu. Sylvain Court d’abord. Le champion du monde de la discipline en 2015 semble inspiré par la vallée de Chamonix, en témoigne sa victoire, en début d’été, sur le 90 km du Mont-Blanc. Benoit Cori ensuite, qui était encore allongé sur sa plage de Biarritz à humer les embruns marins la veille de la course. Il se déplace en terre alpine « sans aucune pression si ce n’est la volonté d’apprendre ». Confiant dans sa préparation, il compte « mener une course d’attente plutôt qu’une course d’attaque », « en se forçant à mettre le frein à main » même s’il se sent bien. L’objectif étant de rentrer sous les 22h pour glisser une basket dans le top 10.
D’autres légionnaires, vaillants et solidement armés de talent et de détermination, auront à cœur de porter haut et fort les couleurs tricolores sur les nombreux sommets qui ont fait la légende de l’UTMB. Sébastien Camus, 7ème de l’UTMB en 2016 et 2ème de la Diagonale des Fous en 2015, misera sur l’expérience, la gestion de course et l’écoute de soi pour réaliser une course qu’il considérera « comme réussie en dessous de 23h ». À ses côtés, Guillaume Beauxis, Erik Clavery ainsi que Christophe Périllat, auront des arguments à faire valoir pour colorer de bleu, de blanc et de rouge le top 10.
Ces dames, façon arme fatale
Enfin, car l’effort national sera total et général, il y a de fortes chances que les réjouissances françaises soient le fruit de la performance de ces dames. Le contingent français sera en effet sur son 31 au départ de l’épreuve féminine. Caroline Chaverot, vainqueur de l’UTMB en 2016, sera le principal atout de l’Hexagone. Enseignant l’Histoire et la géographie à la ville, nul doute qu’elle souhaitera remettre l’église au centre du village de Chamonix, après une saison perturbée par la maladie de Lyme. Avec elle, Emilie Lecomte, 2ème du Grand Raid 2017, et Juliette Blanchet, 4ème en 2016, tâcheront de se faire les ambassadrices du pays au sein du top 10.
Demain, une victoire française semble impossible. Cela tombe bien, impossible n’est pas français.
Par Baptiste Chassagne – Photos Alicia Magnenot, Pascal Tournaire, Lionel Montico
décembre, 2024
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