Après ses succès en 2012, 2014, 2017, François D’Haene pourrait rentrer dans l’histoire s’il parvenait à remporter l’UTMB®, pour la quatrième fois. Reste à savoir si le triple vainqueur du Grand Raid de La Réunion a bien récupéré de sa victoire-record sur la Hardrock. S’il pourra « résister » à l’Américain Jim Walmsley, Xavier Thévenard et consorts sur les 170 km qui encerclent le Mont-Blanc. Hardrock/UTMB®, c’est un challenge qu’il voulait réaliser.
François, pour beaucoup, l’UTMB® 2021 va se résumer en un duel entre vous et Jim Walmsley, avec Xavier Thévenard comme arbitre. Qu’en pensez-vous ?
J’aimerais que l’on puisse courir une bonne partie de la course ensemble, mais avec d’autres athlètes que je ne connais pas forcément. J’espère que j’aurais les jambes et que cela se passera aussi bien qu’en 2017, où chacun avait pu trouver son allure… C’était sympa. On avait pu discuter durant la nuit.
C’est important d’aborder la partie nuit de l’UTMB à plusieurs…
En ultra-trail, on se croise sur peu d’épreuves. On ne fait pas non plus des tonnes de courses par an. C’est donc sympa de côtoyer les athlètes, de voir leur façon de courir.
“Sur la Hardrock, j’ai tapé dedans, un peu” : F. D’Haene
Vous allez enchaîner la Hardrock, que vous avez gagné, avec l’UTMB®. En cas de victoire à Chamonix, ce sera une première : doublé Hardrock/UTMB® et quadruplé sur l’UTMB®. Quel serait le plus important pour vous ?
Quitte à revenir sur l’UTMB®, je voulais le faire différemment et surtout, ne pas faire une préparation focus sur l’UTMB®, comme je l’avais fait en 2014 et 2017. Dans ma carrière, j’avais aussi envie de découvrir autre chose sur mon corps. Je voulais réaliser un autre challenge. La Hardrock est une course qui me tenait à cœur et cela faisait trois ans que je voulais faire ce challenge. Pour la Hardrock, cela fait finalement deux ans et demi, que je la prépare. Je n’ai jamais fait de préparation aussi longue pour une course (rires de François – la Hardrock a été annulée en 2019, chutes de neiges, et 2020, pandémie Covid-19). L’attente, tout du moins, car la préparation s’est faite sur le dernier mois. Du coup, ce challenge, ce n’était pas le mieux pour être au top de l’UTMB®, mais j’avais envie de le réaliser pour ma satisfaction personnelle. Ce n’est pas à vous que je vais apprendre que la motivation intrinsèque est la plus importante. J’espère juste que j’ai pu récupérer… (La Hardrock, c’est 160 km et +10000 m. Elle a eu lieu le 16 juillet dernier et François a établi un nouveau record : 21 h 45’50).
Avec la préparation Hardrock et la course, même si cela vous a permis de préparer l’épreuve, était-ce aussi un moyen pour ne pas trop penser à l’UTMB®…
Tout à fait… Même si durant tout l’hiver, j’avais commencé à me préparer pour ce challenge. Le but était d’arriver frais à la Hardrock, parce que, justement, je savais que derrière, il y avait l’UTMB®. Après, il faut être honnête, sur une course de 100 miles, tu ne te préserves pas non plus, en te disant : après, il y a l’UTMB®. Sur la Hardrock, j’ai tapé dedans, un peu. C’était dur, il a fallu pousser un peu. Moralement, je vais voir si j’arrive à retrouver toute cette fraîcheur que j’avais au début de la Hardrock. Pour l’instant, ça va…
Le ski alpiniste vous a-t-il apporté quelque chose pour ce challenge estival ?
Durant l’hiver, cela m’a fait déjà du bien moralement et physiquement. Le ski alpiniste est un sport complet à tous les étages du corps. Cette année, j’ai été encore plus loin dans ma saison de ski, car je savais que j’avais ces deux courses à enchaîner. Le 10 juin, j’étais encore en train de skier au Mont-Blanc. Honnêtement, c’est un sport que j’aime beaucoup. Il est très complémentaire et il me permet d’être en montagne toute l’année.
Depuis 2003, tous les vainqueurs de l’UTMB® ont terminé en solitaire. Votre relation avec Jim Walmsley est amicale. Xavier Thévenard est un garçon charmant. Peut-on scénariser une arrivée à deux ?
Dans les dix premiers, tous les coureurs s’entendent très bien. Après, franchement, sur un ultra-trail, il peut se passer plein de choses. Il ne faut jamais dire jamais. Sur l’UTMB®, le parcours fait quand même que la course se décante un petit peu, sur la fin… Il est très rare que deux coureurs arrivent avec le même état de fraîcheur sur les 30 derniers kilomètres.
Vous avez été athlète. Le chrono a son importance. Xavier Thévenard aimerait bien réaliser 21 h. Vous avez une idée du temps que vous allez mettre ?
Aucune idée. Ce que j’aime bien, c’est m’adapter à la course, aux conditions, et on verra bien le temps que je peux mettre…
Par Bruno Poirier – ©organisation et Fred Bousseau
octobre, 2024
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