A 41 ans, et après 4 tentatives infructueuses, Ludovic Pommeret, 41 ans, a remporté vers 16 heures aujourd’hui, la 14e édition de l’UTMB, en 22 heures, perpétuant la tradition d’une victoire française sur la course phare de la semaine, après les triomphes de François d’Haene en 2014 et Xavier Thévenard en 2015 (tous les deux absents sur cette édition).
PHOTOS UTMB 2016
La première victoire retentissante pour un athlète discret, après une 2e place sur le Grand raid de la Réunion en 2014. Et un triomphe incroyable dans son déroulement, puisque l’ingénieur informatique de Ferney Voltaire (01) n’a jamais cru pouvoir terminer son tour du Mont Blanc, lorsqu’aux alentours de minuit la nuit dernière, il pointait à la 53e place, à près d’une heure de la tête de course, ralenti par des ennuis gastriques. Son entraîneur envoyait même un SMS à son épouse, qui assurait l’assistance, pour lui recommander d’abandonner et ne pas mettre sa santé en péril, notamment en prévision des Mondiaux d’octobre pour lesquels il était sélectionné. « J’ai en effet marché des Contamines jusqu’aux Chapieux. J’étais plié en deux, je me vidais, je ne pouvais plus courir » confiera-t-il, exténué, sur la ligne d’arrivée. « A ce moment là, je m’étais dit que j’allais dormir, et repartir ensuite, quitte à finir dimanche, car je voulais absolument enfin terminer ce tour du Mont Blanc ».
Partis hier à 18 heures du centre de Chamonix pour un périple de 170km et 10 000m D+, Ludovic et les 2300 autres prétendants au titre de finisher auront tenté de retrouver une fraîcheur toute relative une fois le soleil couché.
La baisse du mercure n’aura pas empêché pléthore d’abandons, bien avant la mi-course, notamment chez les favoris. Jason Schlarb (USA), récent vainqueur de la Hardrock, était le premier « grand nom » à baisser pavillon après une trentaine de kilomètres, bientôt suivi par Ryan Sandes (AFS), Tofol Castanyer (ESP) après un peu plus de quatre heures de course. L’hécatombe chez les favoris se poursuivra durant la nuit, en direction du premier poste important de ravitaillement basé à Courmayeur (km79). Luis Alberto Hernando (ESP – ampoules aux pieds), Thomas Lorblanchet (FRA), Diego Pazos (SUI), Didrik Hermansen (NOR), Miguel Heras (ESP) seront annoncés parmi les abandons.
En tête de course, Zach Miller (USA) caracolait en tête depuis le départ de Chamonix, où il avait ébranlé le peloton, pour sa première sortie sur un format aussi long. A ses trousses, les Français Julien Chorier et Fabien Antolinos tentaient de limiter l’écart, et pointaient à environ vingt minutes du coureur américain après une centaine de kilomètres de course. Le leader américain « coinçait » ensuite entre La Fouly et Champex, où Chorier et Antolinos le rejoignaient au ravitaillement (km 124). Un trio se reformait donc en tête de course, alors qu’il restait une grosse quarantaine de kilomètres à effectuer, annonçant une fin de course haletante pour la victoire, entre les deux expérimentés coureurs français et l’Américain, nouveau venu sur la distance. A 10 minutes, et à la 4e place, arrivait Gediminas Grinius, puis à quelques minutes Ludovic Pommeret, 5e, et Sébastien Camus, 6e.
15 km plus loin, à Trient (SUI), le trio avait changé de visage. Miracle de la physiologie humaine, Ludo Pommeret poursuivait sa remontée, rejoignant Miller et Grinius. Fabien Antolinos, lui, abandonnait en Suisse, et Chorier baissait de rythme. Dans la montée vers Catogne, Ludo Pommeret accélérait, et prenait la tête de l’épreuve. Une résurrection telle que seul l’ultra-endurance peut en produire. Revigoré, le membre du team Hoka lâchait ensuite les chevaux dans la longue descente vers Vallorcine, où il pointait en tête, avec 14 minutes d’avance sur Gediminas Grinius, qui dépassait lui-aussi Zach Miller dans la descente (3e à 21 minutes de Pommeret). « Au fil des kilomètres, je pensais raisonnablement faire un Top 10 » expliquera Pommeret. Je craignais ne pas pouvoir tenir le rythme jusqu’à l’arrivée. »
Saharienne vissée à la tête pour repousser les rayons d’un soleil surpuissant qui faisait monter le mercure à 30°C, Pommeret effectuait une solide montée vers la Tête au Vent. « C’était dur dans ce secteur. Il n’y avait aucune ombre, et tous les ruisseaux étaient à sec. Impossible de se rafraîchir. Je pense que dans les montées, les bâtons m’ont vraiment aidé, notamment par rapport à Miller. Grâce au si-alpi, j’ai l’habitude de pousser sur les bras, et je pense que c’est un des éléments qui a fait la différence » poursuivait Pommeret. Miller poursuivait, lui, sa dégringolade, et voyait revenir ses compatriotes et équipiers du Team Nike Tim Tollofson, puis David Laney (3e l’an dernier). Les deux Américains, classés finalement 3e et 4e, n’auront pu néanmoins rejoindre le Lituanien Gediminas Grinius, qui tiendra sa revanche après son échec de l’an passé. Une nouvelle 2e place pour l’ancien militaire lituanien sur une manche de l’Ultra Trail World Tour, après celles décrochées sur la TransGranCanaria et le Lavaredo.
Chez les dames, le duel entre les deux traileuses qui dominent la saison d’ultra-trail 2016 aura animé ces deux journées de course. Caroline Chaverot (FRA), partie tambour battant, sera restée longtemps sous la menace d’Andrea Huser (SUI). A elles deux, ces deux athlètes ont remporté les 4 étapes de l’Ultra Trail World tour disputées en Europe : Lavaredo Ultra Trail et Eiger Ultra Trail pour Huser, et Madeira Ultra Trail et TransGranCanaria pour Caroline Chaverot. A La Fouly (km 110), Chaverot possédait 20 minutes d’avance sur Huser. Cette avance fondait sous les 30°C ambiants, pour s’établir à 7 minutes à La Forclaz, puis 4 minutes. On craignait de voir se reproduire le scénario de 2015 pour la franco-suisse (abandon à Vallorcine après avoir mené toute la course), mais c’était sans compter sur la détermination de l’athlète. Dans la montée vers Catogne, puis dans celle de la Tête au Vent, Chaverot se reconstruisait un matelas plus confortable d’une dizaine de minutes, pour boucler victorieusement l’épreuve en 25h15, 7 minutes devant l’infirmière suisse de 45 ans. « comme l’an dernier j’ai eu des crampes, mais cette fois ci j’ai pu continuer jusqu’au bout » dira Caroline Chaverot. « Cette victoire a vraiment une saveur particulière, car ce fut un combat constant avec Andrea. Ce n’est pas comme si j’avais eu 2 heures d’avance… A un moment, j’ai même fait le deuil de la victoire quand elle est revenue très près de moi, je me disais que 2e , finalement, ce serait pas si mal… ».
Alors que les trombes d’eau s’abattaient sur le parcours, une bataille analogue avait lieu entre l’Espagnole Uxue Fraile, et la Française Juliette Blanchet pour la 3e place. L’Iséroise lâchera prise dans les vingt derniers kilomètres, pour laisser la dernière marche du podium à l’Espagnole, qui boucle son UTMB en 27h10.
Une pensée aux centaines de coureurs engagés pour une deuxième nuit de course, sous l’orage, après la canicule de cette incroyable journée.
Résultats UTMB 2016
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Résultats TDS ICI
Luc Beurnaux – Photos course : Pascal Tournaire, Franck Oddoux/UTMB
décembre, 2024
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