La « PTL », Petite Trotte à Léon (287 km, +24 200 m), a lancé le programme de la semaine UTMB® qui va s’étirer jusqu’à dimanche, autour du Mont-Blanc et dans les rues de Chamonix. Thomas Lorblanchet (39 ans) a pris le départ de cette grande aventure avec Manu Fataccioli et Philippe Schraub. Vainqueur de l’IAU Trail World Challenge en 2009, il est le premier vainqueur du challenge Mondial de trail-running à s’engager dans la plus longue épreuve mont-blanaise.
Quadruple vainqueur des Templiers, victorieux du Leadville en 2012 et quatrième de la Western States en 2016, Thomas Lorblanchet a marqué l’histoire de sa discipline en devenant le premier Français à remporter l’IAU Trail World Challenge en 2009. À l’époque où il dominait la discipline dans l’Hexagone (2007 à 2013), il aimait dire, avec ses contemporains, qu’il vivait et participait à écrire l’histoire du trail en France. Depuis, il a tourné plusieurs pages, en les noircissant de sa foulée haute en couleurs, à l’image des « Feuilles d’herbe » de Walt Whitman, sur les sentiers, chemins et pistes aux Etats-Unis, dans le Colorado (Leadville) et en Californie (Western States).
« Un dernier dossard ? Souvent, je me pose la question… »
Après avoir donné des cours de « La clinique du coureur » pendant quelques jours à Chamonix – Thomas est kinésithérapeute ostéopathe à Clermont-Ferrand – il a pris le départ, ce lundi, de la Petite Trotte à Léon (287 km, +24200 m), au sein de l’équipe d’Inseme, une association corse qui apporte son soutien aux insulaires qui partent se faire soigner sur le Continent.
Thomas, pourquoi avez-vous choisi de partir avec Manu Fataccioli et Philippe Schraub…
D’abord, parce que ce sont deux copains de course et que nous partageons des valeurs qui nous rassemblent : Manu est pompier-sauveteur en montagne, et Philippe, cardiologue. Ces valeurs sont celles de la problématique des gens malades et des accompagnants. C’est pour cela que nous portons les couleurs d’Inseme. Il y a une cohérence, même si, en fait, tout s’est un peu décidé à la Yohann Metay et son dossard 512, mais sans l’alcool. Pour moi, c’est l’occasion qui fait le larron et je n’ai aucune ambition particulière. On fait juste un truc entre copains. Manu et Philippe, qui vivent en Corse, sont mieux préparés que moi. Leur terrain d’entraînement ressemble beaucoup à celui de la Petite Trotte et à ses difficultés que nous allons rencontrer… Notre objectif est de terminer samedi, avec une moyenne de 50 bornes en six jours. Si tout se passe bien, on sait que l’on peut gagner un jour avec une arrivée le vendredi.
Personnellement, vous n’avez donc pas fait de préparation spécifique…
Non. Et puisque ce n’est pas une course, c’est une aventure. Une aventure en montagne et nous allons compter sur Manu, qui est notre référent montagne sur la PTL. L’effort se déroule dans un milieu hostile et si Manu arrête, je ne sais pas si l’on serait capable de continuer avec Philippe. J’adore la montagne, mais je suis conscient de mes incompétences dans certains domaines et je sais que je n’ai pas l’expertise pour mener à bien certains projets. Cette aventure PTL correspond à mes attentes du moment. Et puis, je ne me reconnais plus dans le trail-running d’aujourd’hui. Les codes ont changé et lorsque je vois l’évolution de la discipline, je ne suis pas mécontent d’avoir fait carrière, il y a une dizaine d’année…
Vous pouvez en dire plus ?
Je dirais que le haut niveau d’aujourd’hui n’est plus compatible avec ma vie de tous les jours. Avec Anne-Sophie, nous avons deux enfants (Victoire et Anna) et des projets de famille et dans leur accompagnement. Lorsque tu fais du sport du haut niveau, les concessions sont permanentes et il y a beaucoup d’égocentrisme. Maintenant, je suis plus dans l’activité physique que dans le trail running, même si courir est le sport le plus pratique à faire au quotidien.
Si la PTL est une aventure collective, et malgré ce que vous venez de dire ; envisagez-vous, quand même, de remettre un dossard pour faire une performance individuelle ? Car vous n’avez que 39 ans…
J’ai énormément de respect pour ceux qui font du sport de haut-niveau, car je sais ce qu’il faut mettre en place pour prétendre à ce que l’on peut faire pour être devant. Je suis aussi suffisamment conscient de ce que je peux entreprendre, aujourd’hui. Si j’avais un projet avec des ambitions personnelles, ce ne serait pas pour me confronter avec les autres. Et ce serait loin des lumières médiatiques…
Pourtant, votre passé fait que vous êtes toujours dans la lumière…
Peut-être… Mais l’idée que j’ai de mon passé, aujourd’hui, c’est d’avoir géré une carrière par choix et non par quelque chose qui m’était imposé. J’ai pris des directions, bonnes ou mauvaises, mais de mon plein gré. S’il y a plus de savoir dans les gens d’avant, que sur certaines comètes actuelles, c’est parce que tu étais en phase avec ta philosophie de vie. Actuellement, tu n’as plus le temps. Toute l’année, il faut tenir. Ou pas.
Pour revenir à ce dossard. S’il devait y avoir un dernier. Pourquoi celui-là plus qu’un autre ?
Un dernier dossard ? Souvent, je me pose la question. En France, j’ai le regret de n’avoir pas pu boucler l’UTMB. En 2010, la course avait été arrêtée aux Contamines. En 2015, je m’étais blessé et j’avais dû abandonner à Champex. Je m’étais aussi rendu compte, que lorsque l’on a une femme enseignante et des enfants, les ambitions et les temps de préparation ne sont pas compatibles durant l’été… Pour les Etats-Unis, j’aimerais bien refaire la Western States avec un copain. Enfin, pour les 100 miles montagneux, que l’on soit doué ou pas, je me dis toujours : « Il n’est pas nécessaire d’être bon pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer. »
Du Thomas Lorblanchet dans le texte…
Oui.
Propos recueillis par Bruno Poirier.
Photo : Thomas Lorblanchet (à gauche), avec Rob Krar et François D’Haene lors de la Western States 2015.
Crédit : www.wser.org
décembre, 2024
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