Au tour d’Antoine Guillon (Lafuma) de nous livrer ses sentiments et ses conseils quelques jours avant cette 9ème édition.
Antoine fait partit de ces coureurs discrets (peut-être trop), toujours souriant et prêt à passer un moment à discuter, un vrai spécialiste de l’Ultra Trail qui se connaît parfaitement.
C’est le « métronome du Trail », après 15 ou 20 heures de courses il peut passer dans la minute même du tableau de marche qu’il s’est fixé.
En 6 participations, il a terminé 5 fois l’épreuve avec une 4ème place en 2005, une 6ème place en 2008, puis 11ème en 2007 et 16ème en 2009.
Quelques soient les conditions météorologiques, il sera présent pour se hisser une nouvelle fois dans le Top 10…..voire peut-être mieux.
Il s’est illustré en 2010 avec une 5ème place sur la version raccourci de la course et a terminé second de La Diagonale des Fous derrière Kilian Jornet.
En 2011, il a remporté La Romeufontaine et L’Aravis Trail, terminé 2nd du Trail de Tiranges, 3ème à la Sainte Victoire et 4e à la Transgrancanaria.
1/ Comment as-tu préparé cette édition 2011 ?
Depuis la dernière édition, juste après le Grand raid de la Réunion, j’ai décidé de me préparer plus spécifiquement, en rajoutant encore du dénivelé, en cumulant plus de vélo, et en travaillant VMA et seuil que je délaissais à tort.
Le résultat est satisfaisant. J’ai commencé le volume par à coups en mai, pour pouvoir absorber sans dommage un gros mois de juillet, avec près 500km et 30 500m de D+.
Maintenant c’est du repos, tout en optimisant à fond le matos, en peaufinant le mental et les stratégies.
2/ Quel est ton meilleur souvenir sur la course ?
Il y a beaucoup d’excellents souvenirs, des partages, des vues surprenantes, des émotions fortes, des arrivées exceptionnelles.
3/ Quel est ton plus mauvais souvenir de cette course ?
Le plus mauvais est mon arrêt au pied de Bovine en 2006, quand les jambes ne voulaient plus me hisser dans les rochers, cuites !
J’ai tenté plusieurs fois de repartir, mais je bloquais presque aussitôt.
4/ A quoi penses tu quand tu coures ?
Au début, je savoure l’instant, je suis simplement heureux, puis je suis attentif à la lecture du terrain, à mes sensations.
Les pensées sont accaparées par ces points et par ma progression dans le classement. Je pense pas mal à ce qui va suivre, pour anticiper, je suis en mode compétition.
Plus tard, avec la fatigue, je positive un maximum, je m’encourage, je pense à ceux qui me suivent sur le net et sur place, à des êtres disparus en imaginant courir pour eux et aussi à l’arrivée qui est un moment très fort.
5/ Quels conseils peux-tu donner aux participants pour aller au bout de cette aventure (pendant la course) ?
Dès le départ, penser au nombre d’heures à passer sur le terrain.
Ça calme les ardeurs, et ça doit conduire à marcher très tôt pour s’économiser. Anticiper sur les points de ravitaillement, en pensant à ce que vous allez y faire, dans l’ordre, pour ne pas perdre de temps à déambuler à droite et à gauche sans savoir quoi chercher et finir par manger des trucs inadaptés.
S’il pleut, ne pas oublier de boire régulièrement, on se déshydrate quand même.
Attention aux deux premières descentes, celle de Saint-Gervais très raide et celle des Chapieux raide et farcie de pièges.
Les prendre cool pour ne pas casser de fibres.
Attention aussi aux moments d’euphorie qui sont souvent le signe avant-coureur d’un coup de moins bien, donc s’interroger…
Tout cela a l’avantage de nous occuper un bon moment !
6/ Que faut -il faire la dernière semaine ?
Perso, je ne fais qu’un footing de 30’ le mardi.
Je visualise le parcours sur papier et je revois mes stratégies de ravitaillements et autres, ce qui permet de monter un peu la pression nécessaire à un tel effort.
Je fais un tour au salon pour voir du monde, ça remplit le même office et ça fait plaisir.
Retour au calme le jeudi et vendredi, sieste.
7/ Que ne faut-il surtout pas faire quelques jours avant le départ ?
Eviter de trop manger les deux derniers jours.
Les réserves doivent être constituées avant, permettant de prendre des repas normaux avant le départ et d’avoir ainsi un système digestif reposé.
Ne pas prendre le départ avec une alimentation non testée à l’entraînement, idem pour le matos.
Ne pas courir avec Kilian trop longtemps, même s’il est très sympathique.
8/ De quoi rêves-tu une fois la ligne d’arrivée franchie ?
Quand la ligne est franchie, c’est un aboutissement, et je ne rêve pas vraiment, je savoure. Il est vrai que rapidement, je pense au Grand Raid de la Réunion…….mais bien une heure après !!
Retrouvez demain Lizzy Hawker, double vainqueur de l’épreuve.
décembre, 2024
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