À Paris, se tenait ce week-end le salon du Made in France. Plus de 1 000 exposants étaient présents, et parmi eux, plusieurs liés à la pratique de la course à pied et du trail running. Nous sommes allés à leur rencontre pour comprendre leurs motivations.
Cinq marques françaises en lien direct avec le trail running étaient présentes sur le salon du Made in France. Vetyver est la première que nous avons trouvée. Créée en 2019, Vetyver propose des maillots à partie de bouteilles recyclées. Pour Jérôme Chevret, le fondateur, le Made In France était quelque chose qui « tenait à cœur ». Mais au-delà du simple Made in France, c’est surtout le côté local qui intéresse les clients. « Avoir un produit qui est confectionné près de chez-toi, forcément, tu as un plus petit impact sur l’environnement ». Bien que basé à la Réunion, tout est produit en France, et notamment en Alsace : « Entre le tissu, la fabrication et le stockage, on est à 600 km parcourus ».
Cette importance du local est un aspect que nous avons trouvé quelques mètres plus loin. Un seul stand séparait Vetyver de CAPRIN. D’ailleurs, les deux étaient très similaires. En exposition, des tee-shirts floqués aux couleurs de la marque. Pensée, il y a trois ans par Alexandre Marques, ce n’est qu’en 2021 que la marque a été créée. « L’objectif était de proposer une alternative de consommation responsable dans le monde du trail et essayer de régler ce paradoxe entre les valeurs portées par les pratiquants, qui passent tout leur temps dehors et qui sont plutôt sensible à l’environnement, face à l’industrie du textile, qui est la seconde la plus polluante. ».
Bien plus loin, après avoir pris les escaliers (oui, il y avait un tout petit mètre de D+ dans le salon du Made in France), nous sommes tombés sur le stand de Sammie, spécialiste de la ceinture pour le trail running et les autres sports outdoor. Sammie est également une marque toute jeune, la première ceinture est sortie en 2016. Celles-ci sont « à 99 % Française » comme nous a expliqué Noémie Goyer, l’associée gérante. Les tissus proviennent de Saint Etienne et la confection se fait à Albertville où les “sacs banane“ sont stockés. Là aussi, l’impact environnemental était important : « Produire en France, c’était une évidence ».
Le déplacement valait la peine, car juste à côté se trouvait Gorilla, une marque de lacets élastiques qui permet, justement, de ne pas avoir à faire ses lacets. Basé à Saint-Genis-l’Argentière, entre Lyon et Saint-Étienne, tout se trouve sur place : bureau de marque, production et stockage. Pour eux, le Made in France était aussi une évidence : « Faire prendre conscience aux gens de consommer Français » comme nous a indiqué Dorine Magin, chargée de communication.
Avec la date de création des quatre premières marques, on pourrait vite penser que le Made in France serait une considération nouvelle, en lien avec l’urgence climatique que nous vivons ces dernières années. Mais non. Guidetti nous a montré le contraire. Cette marque spécialisée dans la production de bâtons, aussi bien pour la randonnée, la marche nordique que le trail running a été créée en 1994 et va donc bientôt fêter ses 30 ans. Maëlys Garcia, en charge de la R&D, a commenté que la préservation de la nature était dans les gènes de l’entreprise : « On est sur du matériel des sports d’or et l’idée c’est d’aller jouer sur nos terrains, et il faut être respectueux. Ça ne sert à rien d’aller jouer sur nos terrains sans les préserver, autrement on ne pourra plus jouer. ». Basé dans le Vercors, tout est en provenance de la Région Auvergne-Rhône-Alpes : aussi bien les composant que la confection.
Le Made in France, ce n’est pas que l’environnement
S’il y a bien un aspect que les quatre stands ont fait sortir, ce sont les « valeurs ». Au stand de Vetyver, on nous a confié : « S’attacher à des valeurs, c’est super important. Les gens recherchent cela. ». Et dans ces valeurs, il n’y a pas que l’environnement et l’écologie.
Par exemple, Vetyver essaye également de promouvoir, l’aspect humain : « 1 % est reversé pour une cause. C’est la personne qui choisit celle qui lui tient à cœur : autisme, Parkinson ou cancer ». Cet aspect sociétal, ce n’est pas uniquement venir en aide à des associations, c’est aussi soutenir l’emploi et l’économie française : « Préserver le savoir-faire et participer à l’économie française. »
Ce point socio-économique était particulièrement central chez Gorilla : « On a la volonté de créer des emplois, on a tout ce qu’il faut en France, donc autant valoriser ce savoir-faire et les emplois français. Promouvoir l’industrie française, c’est hyper important. »
L’avantage du Made in France et du local, c’est de pouvoir modifier et apporter des corrections aux produits. « C’est un produit technique et on a besoin de toucher et d’essayer pour voir ce qui va le mieux aller. C’est vrai qu’en étant en France, ça permet vraiment de faire un produit de qualité. » nous a-t-on indiqué au stand Sammie.
Enfin, une de leur fierté, à tous, c’est de toucher l’ensemble des coureurs, aussi bien celui qui pratique le trail le dimanche comme un loisir que celui qui s’entraîne pour la compétition. Jérôme Chevret nous a fait une description du client type : « Il a 35-40 ans, peu importe la région où il habite, mais un fan de montagne et sport outdoor. À côté du trailer, il fait du cyclisme, du triathlon, ou du ski de rando l’hiver. »
Le Made in France, c’est aussi des contraintes
Produire 100 % made in France est ardue. Malgré la volonté de respecter l’environnement promouvoir le savoir-faire français, l’industrie du textile fait face à une crise ces 40 dernières années. De ce fait, la proposition de valeur a fortement diminué comme nous a expliqué Jérôme Chevret : « Des usines de tissus techniques en France, on en a deux, dont une en Rhône-Alpes. Si on veut des tissus polaires avec une forte respirabilité, on n’en a pas France, si on veut des tissus imperméables, on n’en a pas en France. ». Pour y faire face, la marque a trouvé des alternatives en allant chercher des tissus en Italie, en Espagne ou encore au Portugal. Si ce n’est pas 100 % Français, cela reste des pays « à côté de chez nous » et qui ont « de belles industries de textiles ».
Le coût est un autre aspect qui peut décourager le consommateur. Mais selon les marques, les valeurs transmises par la marque compensent cet aspect. Pour Vétyver : « Chaque marque à ses valeurs qui ressortent et il faut savoir bien expliquer son histoire. Faire Français ça a un coût supplémentaire que tu ne pourras enlever. Par rapport au Made in china, au Made in Bangladesh ou autre, tu as des prix qui sont totalement différents. Maintenant, le Made in France, c’est un réel engagement, autant en qualité, qu’environnemental. »
Pour Guidetti, l’accent est aussi mis sur la durabilité. « Nos bâtons sont garantis à vie. Tous les composants sont visés et on peut changer tous les composants un à un. ». Ainsi au coureur de choisir son moyen de consommer.
Un avis qui est partagé par CAPRIN : « Les autres marques ont une philosophie complètement différente. C’est pas du tout ce sur quoi parce qu’on se focaliser. On est, vraiment, sur de la consommation responsable. On souhaite éduquer les trailers pour leur dire “achetez quand vous avez un besoin et achetez responsable en circulant court, en faisant aux matières“. »
La filière du Made in France est grandissante et les bouleversements climatiques économiques et sociaux ont fortement participé à son émergence. Ce week-end, plusieurs dizaines de milliers de personnes ont visité le salon du Made in France et nombreux sont ceux étaient présents sur les stands liés au trail running, même des non-pratiquants.
Par Kilian Tanguy – ©Kilian Tanguy
décembre, 2024
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