Avec sept courses au programme, prés de 3400 inscrits, dont prés de 1000 sur la seule course des Capucins, Trail en Aubrac s’est avéré à nouveau comme un rendez-vous majeur de l’année trail. Et ce malgré l’abandon de l’Ultra il y a deux ans, la concurrence du calendrier, l’éparpillement des coureurs élites du fait de la multiplicité des épreuves. Autant de signes qui montrent que le courir ensemble, dans la bonne humeur, l’immersion dans des espaces grandioses et préservés sont des motivations bien vivaces chez les anonymes, sans qui le trail ne serait pas.
GALERIE PHOTOS COMPLÈTE ICI (© Thierry Larret)
=> Quand les éléments naturels s’accordent pour dresser un décor magique.
Pour cette édition 2013, la météo n’aura pas fait d’exception à la règle qu’elle s’est fixée depuis le début de l’année, puisque à 5 h 30 du matin la brume, la bruine puis la pluie avaient insidieusement pris possession du paysage. Au P6 du côté de Royal Aubrac dans une aube qui avait du mal à dire son nom, les coureurs de l’Aubrac Circus (348 inscrits – 309 partants) émergeaient fantomatiques des pâtures noyées d’humidité. Les coureurs du Marathon des Burons (570 inscrits – 490 partants), seconde vague partant à l’assaut de ces croupes aux allures insignifiantes mais si dévoreuses d’énergie au fil des kilomètres, eurent droit aux premières heures du jour au même régime.
Puis miracle, vers les 9 heures, alors que le gros de la masse de Cap Aubrac (865 inscrits – 720 partants) et des Capucins (911 inscrits – 807 partants) s’était élançé, le soleil déchirait la couche nuageuse, offrant de nouvelles couleurs à la pellicule témoin de cette journée. Bleu délavé du ciel entre deux écharpes de nuées, flaques de vert inondées de lumières contre tâches émeraudes des parties encore dans l’ombre. Décor changeant, clocher émergeant de la brumes, burons apparaissant et disparaissant au gré des mouvements du ciel, troupeaux flottant entre ciel et terre, la magie du Trail de l’Aubrac opérait une nouvelle fois. Le décor 2013 ainsi planté les courses pouvaient s’égrener au fil de la journée.
=> Vainqueurs mais avec le bonheur simple des enfants.
Du côté sportif, si les victoires de Thierry Breuil, Isabelle Jaussaud, Sylvain Court et de Benoit de Préville dans une moindre mesure ne sont pas des surprises, beaucoup de podiums, quel que soit la marche occupée auront fait émerger des trésors de fraîcheurs, d’étonnements d’être là, de sourires sincères et spontanés. Merci à ces vainqueurs heureux comme des gosses découvrant que le bonheur est parfois simple comme deux bouts de bois tournant dans le fil d’un ruisseau. Charlène, Julien, Valérie et bien d’autres auront fait le plein d’émotions et engrangé de l’envie de revenir l’an prochain.
=> Aubrac Circus : Benoit de Préville, un sage sur la plus haute marche.
Si les athlètes du Team Kalenji (partenaire principal de Trail en Aubrac) étaient venus en force sur ce week-end de courses en Aubrac, nul prophète ne pouvait dire à quelles places ils placeraient leurs pions. La première mèche fut allumée en milieu de matinée par Benoit de Préville. Bien qu’ayant terminé 4éme l’an passé de la longue distance, cet athlète de 41 ans n’était pas venu ici pour la gagne. Passant la ligne d’arrivée en vainqueur il s’étonnait lui même de sa performance et déclarait : « Je suis venu ici pour trois raisons. La première c’est tout d’abord la beauté de l’Aubrac, la seconde pour être avec les copains du Team Kalenji, la troisième et non la moindre c’est que les organisations de Gilles Bertrand et Odile Baudrier sont toujours au top ».
Aussi, passé en tête à Royal Aubrac, Benoit de Préville ne se sera jamais mis la pression. « Je ne me suis jamais posé la question de la victoire, je le répète, j’étais venu pour me faire plaisir et le contrat était déjà rempli pendant la course. Et quand je me suis retrouvé définitivement seul au 35ème kilomètre, j’ai continué à gérer ma course en mode soft, sachant que je n’avais pas les moyens d’accélérer ». Un course en mode vieux sage qui l’aura finalement conduit sur la plus haute marche du podium en 4 h 47 06. Sa plus belle victoire après celle du Trail du Galibier, il y a deux ans, qui l’avait déjà comblé de bonheur. Une victoire qui dés la ligne d’arrivée franchie il dédiait à son épouse et à ses quatre garçons, ses premiers supporters. Juan Martinez du Team Isostar et Patrice Marmet qui avait accompagné pendant longtemps Benoit de Préville, complètent le podium de la reine des distances.
=> Marathon des Burons : Sylvain Court comme prévu.
Sur le podium du Marathon des Burons, Nicolas Gandon est un coureur heureux. « J’étais venu ici en voisin car je suis Auvergnat. Et du coup cette course était mon objectif de l’année. Mais mon ambition était de terminer dans les dix ou dans les quinze, mais pas sur le podium. » Avec la seconde place ce skieur de fond qui pratique le trail pour préparer ne pouvait qu’être comblé. Et ce d’autant que le 3éme de la distance fétiche des trails en Aubrac n’était que Benoit Nave 1er du 50 kilomètres du dernier Eco Trail.
Caracolant en tête depuis le 12ème kilomètre Sylvain Court dont c’était là sa 7ème victoire depuis le Trail de Gruissan en début d’année aura construit sa course en patron. Quand j’ai rattrapé le premir relayeur de la Pass’Aubrac il filait à bonne allure. Nous avons couru ensemble un bon moment puis dans la descente de Saint Chély j’ai lâché les chevaux, j’adore la descente et là je me sentais vraiment très bien ». A Saint Chély le coureur du Team Adidas comptait 2 minutes d’avance sur ses poursuivants. Rien n’était fait. Pourtant dans la remontée de Brameloup, bien que gérant son énergie en s’économisant dans les bosses Sylvain Court faisait passer son avance à 5 minutes.
« J’avais vraiment sur cette course une forme exceptionnelle et c’est de bon augure pour la suite de ma saison ». Déclarait-il après la course. Questionné sur cet état de fraîcheur et cette capacité à gérer sa forme sur le long terme il avouait consacrer ses après courses prioritairement à la récupération : « Je coupe pendant dix jours, fait un peu de vélo et c’est tout ». Un exemple à suivre par beaucoup de coureurs quand on porte un regard sur son parcours depuis début 2013.
=> Marathon des Burons : Le bain de jouvence de Charlène Clavel.
Entre le handball de haut niveau et le trail, il n’y a pas beaucoup de points communs. Hormis que les deux disciplines émargent à la catégorie sport. Après c’est le grand écart. Salle confinée pour l’un, grands espaces pour l’autre. Public bruyant pour le premier, silence des grands espaces et compagnonnage discret pour l’autre. Deux mondes difficiles à relier par une passerelle. C’est pourtant le pari qu’a fait Charléne Clavel, vainqueur chez les féminines du Marathon des Burons. Joueuse au sein de l’équipe de de hand de Nîmes qui évolue en division 1, Charlène originaire de Mende, aime la pleine nature où elle peux se ressourcer. Et si cet effort est très éloigné, pour ne pas dire plus des intensités auxquelles une ailière droite doit se soumettre pendant un match, elle aime cette course dans la solitude de l’Aubrac. Pas vraiment un entraînement pour son sport de prédilection mais un bain de jouvence qui donne le peps pour la prochaine saison.
=> La Cap Aubrac : La surprise du chef, Julien Bartoli.
Julien Bartoli aura terminé trois fois premiers en ce dimanche 23 juin. Premier vainqueur accueilli sur la ligne par les speakers de l’épreuve, premier du Team Kalenji à inaugurer une longue série de podiums, premier enfin de la Cap Aubrac. Pour ce marathonien affichant à son compteur une performance de 2 h 12 40 sur les 42 bornes, acquise à Rotterdam, courir ce type d’épreuve était un peu une aventure. « J’appréhendais, car c’est complétement différent d’un effort sur la route, même si le temps d’effort est proche de celui du marathon. Et puis je n’avais pas du tout préparé cette course. De plus j’ai les chevilles fragiles, et ici, même avec l’expérience du cross, il fallait que je sois très vigilant, notamment dans les descentes. »
Julien Bartoli pouvait donc s’estimer satisfait de cette victoire en 2 h 19 14 et en athlète qui aime positiver il concluait : « Il faut prendre chaque expérience comme un enrichissement. Beaucoup de gens m’avaient mis en garde et avaient pointé les risques que je prenais en courant ici, mais finalement au mental et techniquement j’ai vécu cette course comme une préparation très utile à la suite de ma saison. » Chez les hommes, Christophe Conroix et Vincent Nuris complètent le podium. Chez les filles, derrière Carole Souchon, Camille Defer et Sylvie Fourdrinier montent sur la boite.
=> Les Capucins : dernier test pour Thierry Breuil et Isabelle Jaussaud.
A deux semaines des Championnats du Monde de Trail qui se disputeront le 6 juillet prochain dans le nord du Pays de Galles sur une distance de 75 kilomètres, Thierry Breuil et Isabelle Jaussaud, sélectionnés en Equipe de France, n’avaient pas de bon de sortie pour disputer, ces derniers temps, une course longue. Cependant leur appartenance au Team Kalenji induisait leur présence aux Trails de l’Aubrac. Une présence qu’ils auront honorée de belle manière en franchissant la ligne en vainqueur. Pour Isabelle Jaussaud, cette course, hormis l’ambiance qui l’aura ravie, se sera rassurée avec cette victoire : « J’ai tellement à cœur de bien faire et de tout donner pour représenter la France à ces mondiaux, que cette course avait valeur de test après un cycle très dur de préparation, même si la distance des Capucins n’a rien à voir avec celle de l’échéance prochaine. »
Quant à Thierry Breuil, coureur du Team Kalenji lui aussi, et chef de projet de la marque, s’il faisait le même constat, il avouait surtout avoir beaucoup appréhendé cette course après une période très dense en matière d’entraînement. « Et puis la vitesse n’a rien à voir avec une distance longue, outre le fait que je suis arrivé assez marqué sur cette course, j’ai vraiment trouvé que sur le plan cardiaque c’était très exigeant. Mais j’ai pris cet effort comme une ultime séance dans ma préparation pour les Mondiaux. » Complétait-il. Une positive attitude récompensée par sa victoire. Une victoire certes acquise d’un fil, avec 30 secondes d’avance sur son second Geoffroy Sarran, mais une victoire tout de même. Toujours bon à prendre avant un objectif majeur. Chez les garçons Jean-Baptiste Trauchessec complète le podium. Chez les dames Emilie Cherpin et Christelle Dalle entourent Isabelle Jaussaud.
=> La Capucine : Valérie Jullian Bisch éclaire l’Aubrac.
Alors que la brume envahissait encore les points hauts des montagnes d’Aubrac, l’arrivée de la Capucine (11 kilomètres, 200 m de dénivelé positif), exclusivement réservée aux dames (course et randonnée), s’éclairait d’une double lumière. Celle d’un soleil persévérant réussissant à percer peu à peu la couche de nuage qui avait dés la fin de nuit déversé sur Nasbinals une pluie fine mais insidieusement pénétrante. Mais surtout celle du sourire radieux de Valérie Jullian Bisch. Un sourire de vainqueur et de celle qui découvre les plaisirs de la course en pleine nature. Passée de l’équitation à la course à pied sur sentiers et chemins depuis à peine deux ans, cette lyonnaise exilée en Lozère aura démontré des qualités qu’elle ne soupçonnait pas elle même.
« Quand nous sommes venus ici nous nous sommes mis naturellement au VTT et à la course, les espaces sont tellement fabuleux que c’est un bonheur de pratiquer ces disciplines dans une nature intacte. » Après cette victoire surprise elle lorgne sur d’autres trophées. Mais avant tout elle a coché d’une belle croix rouge la date de Marvejols Mende. Une vieille dame que tout lozérien ne saurait manquer sous aucun prétexte. Nathalie Calastrenc et Verene Charbonnier complètent le podium.
=> La Pass’Aubrac, la KD Trail, la découverte en tête.
Avant de s’élancer sur un trail il faut parfois soupeser, tester, s’essayer avant de plonger dans le grand bain. C’est le rôle de la KD Trail Aubrac et de la Pass’Aubrac. Pour la KD Trail le parcours n’offre pas de difficulté pour une distance de 11 kilomètres réservée aux cadets et cadettes, mais les paysages magnifiques de l’Aubrac sont bien au rendez-vous. Pour autant à une allure de plus de 13 kilomètres / heure le vainqueur, Mathieu Delpeuch (devant Remi Magentes et Adrien Champredonde), n’aura pas chômé et pris sans doute ses marques pour d’autres aventures plus au long courre.
Avec la Pass’Aubrac c’est une nouveauté qui faisait son apparition sur les trails de l’Aubrac. Course en relais (par deux, par trois ou par quatre). Mais le but de cette innovation était identique à celui de la KD Trail Aubrac : faire découvrir le trail et permettre de jouir des paysages et des immensités visuelles de l’Aubrac, où pointent de loin en loin quelques burons. Le soleil aura donc bien fait de pointer, même si ce fut timidement, son nez en fin de matinée pour ces relayeurs tout aussi enthousiastes que les coureurs solos.
novembre, 2024
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