ANTOINE, FRANCK, BENE… ET LES AUTRES
L’âme chevillée au corps, Antoine Lejeune aura été le véritable héros du jour. En aucun cas, il ne voulait entendre parler d’annulation, ni même d’ersatz, et ce malgré une météo calamiteuse et les monceaux de neige encombrant le terrain de jeu. Raison pour laquelle le maître des lieux se sera démultiplié pour dégoter à la dernière minute un parcours alternatif digne de ce nom, c’est-à-dire à l’avenant de la réputation de ce trail hors norme, marqué par l’engagement, la technicité et l’âpreté de la pente.
Le jour J, lui et ses 120 volontaires se seront illustrés par leur don d’ubiquité et leur capacité à réagir devant le moindre coup du sort, prêts à dégainer de nouveaux champs d’horizon au cas où Zeus s’inviterait dans la partie.
In fine, cette formidable escouade aura permis, non seulement à la manifestation d’avoir lieu, mais qui plus est sans anicroche majeur, les abandons et les blessures n’étant pas plus nombreux qu’à l’ordinaire. Par la force des choses, les trailers rendront un hommage unanime à la qualité de l’organisation.
Vulliez à l’usure
Son unique victoire en trail, au demeurant lors de son galop d’essai, remontait déjà au 30 juin 2007 sur le 42km du Trail des Frahans à Samoëns, qui avait vu son principal prétendant, un certain Jérôme Challier, mordre la poussière pour 52’’.
Cette fois-ci, le succès récolté sur l’épreuve reine (53,5km) fut beaucoup plus confortable pour l’Eviannais Franck Vulliez, dorénavant quadragénaire, 13’ le séparant de ses dauphins ballavauds, les cousins germains Fabien et Olivier Meynet. A vrai dire, seul ce dernier jouera son va-tout, mettant à profit ses qualités de descendeur pour dévaler en tête, le futur vainqueur se faisant un malin plaisir de revenir sur le fuyard dans les ascensions, avant de porter l’estocade à L’Epuyer, km38.
Certes, Vulliez aura bénéficié des abandons précoces du Valaisan Ryan Baumann (égarement au km12 alors qu’il était 4ème), puis de l’Auvergnat Anthony Gay (km20 pour blessure à la cuisse), qui faisaient office de grands favoris. N’empêche, son triomphe est parfaitement légitime pour avoir su gérer à sa guise son odyssée, fort de son expérience acquise à Bellevaux (4ème en 2009 et 2012, 7ème en 2011), fort aussi de ses qualités de grimpeur engrangées entre 2004 et 2007 en tant que coureur de montagne oh combien talentueux.
On suivra attentivement le restant de sa saison, d’autant plus que le sociétaire des Trailers du Gavot, où évolue le redoutable Benoît Thiéry, étrennera l’UTMB après son fait d’armes accompli l’an passé sur la CCC (20ème).
Les Meynet en famille
Le podium, c’est au forceps que Fabien Meynet ira le chercher. Après avoir été lâché à La Bray (km36) par le Cranve-Salien Thomas Gremmel avec qui il faisait course commune quasiment depuis le départ, l’enfant du pays reprit des couleurs dans la cinquième et ultime rampe. Grillant la politesse à l’excellent Grammel au Col de Seytrouset (km45), il rattrapa son cousin en perte de vitesse à Nifflon d’en Haut (km46), avant de partager avec lui les accessits.
Place désormais à l’ultra pour les Meynet, Fabien s’engageant sur le TGV (3ème en 2012) et la TDS (abandon l’an dernier), Olivier sur le 71km du Gypaète, l’UTB et l’UTMB (70ème sur le précédent opus).
Enfin, les 4ème et 5ème rangs seront respectivement occupés par Vincent Delebarre, parti comme d’habitude prudemment, et le surprenant Daniel Biollaz (Trailers du Môle), distancé de seulement 2’48 par l’icône du Team Quechua. Auteur d’une sensationnelle fin de course, Biollaz se jouera au km50 du Maglanchard Stéphane Deperraz (futur 7ème), puis deux bornes plus loin de Grammel (futur 6ème). D’ores et déjà, il prépare l’ITT où il retrouvera Delebarre, les deux hommes s’assignant comme objectif le Défi des Savoie, spectaculaire challenge agrégeant les Allobroges et la compétition avaline. Ca promet !
Résurrection
Quant à l’épopée féminine, elle tombera, à la suite d’un cavalier seul, dans l’escarcelle de la Rochoise Bénédicte Paturel qui signait ainsi la 4ème victoire de sa carrière après les trois premières enchaînées en 2011 (Salève, Gypaète et Aravis). En réalité, on ne l’avait plus revue depuis le 27 mai 2012 et la Maxi-Race du Lac d’Annecy où elle avait échoué au pied du podium, « Béné » privilégiant son activité professionnelle de sage-femme (elle a quitté en effet l’hôpital d’Annemasse pour s’installer à son propre compte dans sa ville de La Roche-sur-Foron). Une pause qui au final n’aura altéré en rien ses qualités athlétiques ! Rejetant dorénavant les teams, cette femme farouchement indépendante a dans son viseur l’inédit Ultra Tour des Quatre Massifs.
Ses deux dauphines franchiront la ligne 1/4 d’heure après, et ce à l’issue d’une joute hitchcockienne, 46 infinitésimales secondes les différenciant ! C’est la quadra Delphine Biollaz (Trailers du Môle), dulcinée de Daniel, victorieuse ici-même il y a deux ans, qui s’imposera devant l’Alsacienne Gaëlle Giot (Colmar Marathon Club), lauréate de l’ultime Grand Raid 73 après trois longues années d’absence pour blessure. La trame ne manquera pas de singularité, les deux femmes ne se croisant qu’une seule fois lorsque la Faucignerande prendra le dessus sur sa rivale qui, aussitôt avant, venait elle-même de la dépasser au deuxième ravitaillement installé à La Bray (km15).
=> TRAIL DES CRETES (35KM) :
Sans surprise, la victoire est revenue à Julien Coudert (Team Sport 2000 Pays Rochois) et à Christel Dewalle (Team Terre de Running Ronhill).
Si le succès de la recordwoman mondiale de km vertical ne souffre d’aucune discussion, le dénouement chez les hommes aura été plus beaucoup long à se dessiner, même si Coudert n’aura pas quitté d’une semelle le commandement.
6ème au Col de Jambaz (km8), Frédéric Thérisod (Team Dynafit Courchevel) ne cessera de grappiller des positions et des minutes.
Second à partir du 11ème km, il pointera à 40’’ de son émule au km26. Un écart qui sera porté à 1’50 à l’arrivée, preuve de l’accélération finale de Coudert qui s’était quelque peu relâché vers le km20.
Echéances pour Coudert : le 71km du Gypaète (2ème sur le relais en 2012), la Moins’Hard (3ème en 2012), la 6000D, enfin la CCC, son ultra initiatique. Et pour Thérisod : le Maratrail de Faverges où après le Marathon du Mont-Blanc l’an passé (12ème), il s’essaiera de nouveau sur la longue distance.
Grimpait sur la marche restante du podium le Douvainois Martial Colomb qui, à 28 ans, ne cesse de monter en puissance (5ème sur le Malpassant par exemple). Il coiffait sur le fil un autre athlète du même âge, tout aussi prometteur, en la personne de Sylvère Pruvost (Team Sport 2000 Pays Rochois).
En reprise après le blocage de son sacrum le 2 mai dernier qui l’aura immobilisée 11 jours, Christel Dewalle n’aura pas forcé outre mesure, se contentant de la 16ème place au scratch sur 267 classés.
Ses deux plus dangereuses adversaires ont remarquablement su tirer leur épingle du jeu : qu’il s’agisse de la triathlète thononaise Célia Chiron, 2ème (28ème au scratch), ou de la Valaisanne Patricia Joris (Trailers Verbier – Saint-Bernard), 3ème (32ème au scratch), respectivement à 20’18 et 27’25 de Christel.
=> COURSE NATURE DU BREVON (15KM) :
On aura assisté à une claire et nette démonstration du Cluse Thibault Pollet-Villard qui avait déjà empoché le pactole en 2010 et 2012. Malgré l’absence totale de concurrence et le sol rendu boueux par le passage du peloton du 53,5km, il boucle ce 15km en 1h22’38, se permettant de bonifier son précédent chrono d’1’29.
Son poursuivant immédiat, Loïc Quentin, junior 1ère année, arrive 7’25 après.
Son alter ego féminin, Anne-Lise Chamiot-Poncet (Dynafit Courchevel), compagne de Thérisod, l’emporte tout aussi facilement en 1h47’44, même si elle est à 7’13 du temps réalisé il y a un an par Martine Boillon (La Foulée d’Annemasse).
Son avance s’élève à 5’04 sur la skieuse-alpiniste Adèle Milloz (Club Multisports Arêches-Beaufort), qui n’en accomplit pas moins une prouesse de premier ordre en tant que cadette 2ème année.
RÉSULTATS COMPLETS ICI
François Vanlaton
novembre, 2024
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