Templiers 2017, R. Croft et S. Spehler.

Les Causses font partie du patrimoine naturel de l’Occitanie. Mais c’est une athlète venue d’Océanie qui a remporté le Grand Trail des Templiers (76 km, +/- 3540 m), Ruth Croft pour sa 1ère participation alors que Sébastien Spehler couronne une saison régulière pour sa 3ème participation (22ème en 2014 et 4ème en 2016).
12 courses au programme de ce long week-end marathon Millervois, 8 200 coureurs au départ, 7 446 arrivants et environ 400 enfants sur les 3 courses qui leur sont consacrés.
Retour complet sur cette course de fin de saison, rendez vous majeur du calendrier – LIRE LA PREVIEW ICI.

Sébastien Spehler s’impose pour sa 3ème participation

En 2014 et 2016, Sébastien Spehler était venu pour découvrir le parcours du Grand Trail des Templiers (76 km, +/- 3540 m). Et il avait vu. Il est revenu, cette année, et il a vaincu. Une victoire presque en solitaire.
En 6 h 38’35, il a devancé Nicolas Martin (6 h44’35) et l’Américain Alex Nichols (6 h49’26).
Deux autres coureurs sont passés sous les 7 heures : le Suisse Marc Lauenstein et le Finlandais Henri Ansio.

« Il y a un malentendu… » C’est avec cette phrase que Sébastien Spehler a fait son entrée à Saint-André-de-Vézines, alors que le soleil perçait les nuages et que les Rochers de Roque Altes ciselaient l’horizon. Une éclaircie qui mettait en lumière la course de Sébastien. « D’habitude, je pars prudemment, mais dès le départ je me suis retrouvé dans le groupe de tête. Dans les parties roulantes, j’étais bien. Je me suis dit : « Quitte à être devant, autant y aller, et j’ai tenté ma chance… Puis, Gilles (Bertrand) m’a dit que j’avais 6’ d’avance sur Nicolas (Martin).  C’était inattendu pour moi. »

“Cette victoire est une surprise” : Sébastien Spehler

Un écart que Sébastien est parvenu a conserver jusqu’à l’arrivée, non sans la crainte du « coup de moins bien » qui émaille souvent la course d’un trailer. « Sur une distance comme les Templiers, c’est vers le km 55, révèle-t-il. Mais au niveau physiologique, j’ai bien géré ce passage… Il faut dire que l’expérience de 2016 m’a bien servi. Je connaissais les difficultés du parcours… » Des connaissances qui lui ont permis de gérer ses temps forts et ses temps faibles.

Templiers 2017 - Seb SpehlerUne expérience qui lui aussi permis de courir sur ses qualités en les ajustant sur celles de ses adversaires. « Par exemple, je savais que Nicolas Martin était un bon grimpeur, explique Sébastien. J’ai donc géré ma montée de Massebiau au Cade, avant de tout lâcher dans la descente vers Millau ! » Et d’aucuns savent qu’il est un excellent descendeur. Une stratégie judicieuse puisqu’il n’aura rien perdu dans cette dernière section du parcours. Et pourtant…

Et pourtant… C’est en marchant, le visage entre les mains, que Sébastien a franchi l’arche d’arrivée. Avant de partager son bonheur, mêlant ses larmes à celles de son amie. Les joues en boue, marbrées par le ruissellement lacrymal, il confiait. « Les Templiers pour un trailer, c’est une course incontournable. C’est aussi la course qu’il faut gagner. Cette année, j’espérais un Top 5. Cette victoire est donc une surprise. Je ne sais même pas si c’est vraiment moi qui gagne. C’est une victoire magique. »

A écouter Sébastien, on pourrait croire que ce succès sur le Grand Trail des Templiers est LA victoire qu’il va surligner sur son palmarès. Eh bien non. « Elle est dans mon Top 3 ! » Et d’énumérer : « Avec celle à la Maxi-Race et au Lavaredo Trail et mon titre de champion de France en 2013. » Un trois qui fait quatre. Mais la magie des Templiers, c’est aussi de faire 22e en 2014, 4e en 2016 et 1er en 2017. Et de devenir le Grand Maitre de cette communauté de trailers.

Deuxième du Grand Trail des Templiers en 2015, Nicolas Martin est resté à cette même place, cette année. « J’ai couru avec mes qualités, sans être dans un grand jour… J’ai d’ailleurs pensé que Sébastien était parti trop vite et qu’il allait craquer. Mais il était le plus fort, aujourd’hui. Je voulais faire entre 6 h 40 et 6 h 45 et je fais 6 h 44. Il n’y a donc rien à dire. »

Alex Nichols venait pour la troisième fois aux Templiers. Troisième en 2014, cinquième en 2015, l’Américain est une nouvelle monté sur la troisième marche à Millau. Mais que lui manque-t-il pour gagner le Grand Trail des Templiers ? « De la vitesse », résume-t-il. Et d’expliquer : « Je me suis préparé pour courir vite afin de suivre la tête de course dès le départ. Mais cela n’a pas suffit. » Effectivement, puisque l’Etats-Unien a navigué autour de la 20e place pendant près de 30 km, avant de revenir et finalement monter sur le podium dans l’ultime descente.

Alex est coach athlétisme dans un collège aux Etats-Unis : « Cette course est atypique, car elle est complète, développe-t-il. Il faut savoir courir vite et longtemps, être capable d’aller vite sur les parties techniques, et savoir monter et descendre. Aux Etats-Unis, nous n’avons pas ce type de course. C’est pour cela que c’est une course unique, pour moi. J’aime cette course, même si elle ne correspond pas à mes qualités. Je suis plus à l’aise dans les épreuves qui montent et qui descendent. » Dans ce style, il a d’ailleurs remporté le 80 km du Mont-Blanc (+/-6000 m) en 2015.
Pour devenir le Grand Maitre des Templiers, il devra revenir dans les Causses…

Ruth Croft, la Néo Zélandaise marque les esprits

Les Causses font partie du patrimoine naturel de l’Occitanie. Mais c’est une athlète venue d’Océanie qui a remporté le Grand Trail des Templiers (76 km, +/- 3540 m). Victorieuse en 7 h 27’27, la Néo-Zélandaise Ruth Croft a devancé deux Suédoises : Ida Nilsson (7 h 33’54) et Emelie Forsberg (7 h 46’02). Deux autres femmes sont descendues sous les 8 heures : la Canadienne Anne-Marie Madden (7 h 54’50) et la Suédoise Mimi Kotka (7 h 58’48). Du jamais vu aux Templiers.

D’aucuns le savaient. Le plateau féminin du Grand Trail des Templiers était énorme, cette année. Certes, depuis que les primes ont fait leur apparition à Millau, le peloton s’internationalise et le niveau des coureurs augmente. Mais la magie des Causses Templiers 2017 - Ruth Croftopère également. Et l’exigence de l’organisation au même titre que l’excellence des bénévoles et du public ont été honoré par cette élite féminine venue de trois continents. A l’image de la Canadienne Anne-Marie Madden. « L’organisation, la course, les paysages, les bénévoles, le public, c’est incroyable !!! Partout, il m’a soutenu, encouragé… » Et de saluer, comme une artiste qui sort de scène, les spectateurs présents sur la ligne d’arrivée, surpris par un tel discours. Il y a toujours un moment qui marque sous « l’Arche du Bonheur », comme l’appelle généreusement, Gilles Bertrand, le directeur de course. Les remerciements de cet athlète venue d’ailleurs en fut un.

Il y a aussi eu une course. Et quelle course… Quel final, quel classement et quels chronos. A se croire dans une compétition d’athlétisme, à fouiller dans les tablettes, à établir des statistiques. Bref, il y avait du niveau dans ce Grand Trail des Templiers 2017. Une femme dans le Top 15 en moins de 7 h 30, du jamais vu. Quatre dans le Top 30, encore moins. Et cinq sous les 8 heures, il faudra sans doute une décennie pour revoir un tel quintette dans les Causses. A moins que les Athlètes d’Afrique de l’Est ne débarquent à Millau avec leurs foulées de gazelles et leurs poumons d’éléphants. Toujours est-il que Ruth Croft (7 h27’27), Ida Nilsson (7 h 33’54) et Emelie Forsberg (7 h 46’02) ont été plus vite que l’Espagnol Nuria Picas en 2014 (7 h 51’46, 28e au général). Deux autres femmes sont descendues sous les 8 heures : la Canadienne Anne-Marie Madden (7 h 54’50) et la Suédoise Mimi Kotka (7 h 58’48). Du jamais vu. Lorsque l’Anglaise Elie Greenwood et la Suissesse Jasmin Nunige se sont imposées en 2015 et 2016, elles avaient réalisé respectivement 7 h 58’06 (28e) et 8 h 00’52 (28e).

Derrières les chiffres, les chronos et les places, il y a aussi des mots et ces femmes en ont eus. Ruth Croft, en France depuis deux mois, avait spécialement préparé les Templiers. « Même si je pars courir à San Francisco, c’était mon objectif de l’automne, explique-t-elle. J’ai été surprise par le rythme de la course. Ida est partie si vite que je ne l’ai rattrapé qu’au deuxième ravitaillement (Saint-André-de-Vézines, km 33). Ensuite, j’ai couru avec mes capacités… » Des capacités qui lui ont permis de remporter, cette année, l’Ultra Pirineu, le Matterhorn, la Translantau et le Tarawera Ultramarathon.

Comme la plupart des athlètes de ce Top 5 du Grand Trail des Templiers 2017, Ruth parcourt le monde. D’autant plus qu’elle a travaillé pour Garmin Asie à Taiwan. Et aussi étonnant que cela puisse paraitre, c’est un atout pour préparer son « pied » aux « singles » des Causses. « A Taiwan, les sentiers sont plus techniques. Pour moi, c’était roulant aux Templiers… » Pour la distance, elle a couru le Lavaredo Ultra-Trail (119 km), cette année (2e). Quant aux paysages, invitée à se prononcer sur une éventuelle installation dans l’Aveyron. « Si j’avais un visa, ce serait oui ! »

« De beaux gestes dans un beau décor… » C’est ainsi que Gilles Bertrand parle des athlètes élites lorsqu’ils courent sur les chemins caussenards. Ida Nilsson a retenu les mots du directeur de course des Templiers, prononcés lors de la conférence de presse d’avant course. « Ce fut une course folle, mais je reviendrais, car j’ai aimé les couleurs de l’automne, ici. Lorsqu’il y avait de la lumière, c’était exaltant de courir dans un tel décor… » Seconde du Grand Trail des Templiers, Ida ne semblait avoir aucune amertume. Ce n’était que la deuxième fois de la saison (Marathon du Mont-Blanc). Transvulcania, Swissalpine, Fjallmarathon et Ultravasan, ce ne fut que des victoires en 2017.

Emelie Frosberg était déjà venu en 2012 aux Templiers. A cette époque, la distance était plus courte (70 km, +/- 3156 m) et le Grand Trail avait accueilli une manche du circuit Skyrunning. La Suédoise s’était classée deuxième derrière Nuria Picas et la Britannique Lizzy Hawker. Dans un grand sourire, elle avoue ne pas « se souvenir très précisément… » « Depuis, j’ai fait tellement de courses à travers le monde… Mais j’adore la France (en Français). J’ai été très honorée d’être invitée à venir courir ici. Ce n’est pas un parcours qui me convient. C’est trop rapide et il n’y a pas assez de montagne et de dénivelé. C’est ce que j’aime dans la course à pied. »

Un amour qu’elle partage avec son compagnon, Kilian Jornet, qui n’avait pas fait le déplacement, cette année, contrairement à Templiers 2017 - Emelie Forsberg, Ida Nilsson et Mimmi Kotka2012. Si Emelie a mis cinq pour revenir dans les Causses, pense-t-elle mettre autant de temps pour reprendre le départ du Grand Trail des Templiers. Sourire. « Je ne crois pas, car il y a une telle ambiance ici. La course est fantastique et les couleurs sont incroyables ».

S’il y avait un classement par équipes sur trois athlètes, avec Ida Nilsson, Emelie Forsberg et Mimi Kotka, la Suède aurait gagné. Le trio a fait une démonstration de force à moins d’un an des championnats du Monde de trail-running en Espagne. Est-ce qu’elles seront à Penagolosa, en mai prochain. « Pour moi, c’est probablement, non, annonce Emelie. Le parcours est long, il faudra courir vite et cela ne me convient pas. Et puis, j’aime trop les courses en montagne… ».
Cette saison, elle a notamment remporté la Glen Coe Skyline (55 km) en Ecosse. Une épreuve où il faut, parfois, courir dans le vide…

Pour conclure sur le Grand Trail des Templiers au féminin, si c’est l’Américaine Katie Schide qui a pris la 6e place (8 h 27’53), le Top 10 a été complété par quatre Francaises : Lucie Jamsin (8 h 30’39), Claire Mougel (8 h 50’22), Sandra Martin (8 h 55’39) et Christelle Lazard (9 h 03’39).

Resultats Templiers 2017

Par Bruno Poirier – photos B. Poirier et S. Sclavo – merci à Anita Afonso pour les traductions.

Templiers 2017 - Nico Martin

novembre, 2024

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