Kilian Jornet a annoncé ces derniers jours son intention d’aller tester ses capacités et ses limites sur le plat….et sur piste*, en allant défier le record du Grec Yiannis Kouros, véritable spécialiste de l’Ultra distance, dans le cadre d’un projet nommé Phantasm 24, nom de la dernière chaussure de route née de la firme Salomon.
Un record qui paraît inaccessible (303,506 kilomètres soit 12,64 km/h / 4 octobre 1997), le détenteur ayant à son actif les 11 meilleures performances mondiales et ayant repoussé le second, le russe Denis Zhalybin à plus de 21 km (282,282 km).
Le record féminin étant détenu par Camille Herron (262,2 km / 9 décembre 2018).
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Une surprise sans en être une pour le spécialiste de la verticalité.
Celui qui a vaincu 2 fois de suite l’Everest en mai 2017 (A LIRE ICI) multiple vainqueur de courses de ski alpinisme, champion du Monde de la discipline, véritable icône du monde du trail running au palmarès qu’on ne cite plus, a décidé de repousser ses limites «ce qui me motive, c’est sortir de ma zone de confort, essayer des choses différentes et voir ce dont je suis capable, qu’il s’agisse de grimper à haute altitude ou, dans le cas présent, de courir sur terrain plat ».
Il avait déjà travaillé ses bases de vitesse en 2019 avec l’intention de battre le record de Sierre-Zinal de Jonathan Wyatt (2h29’12 / 2003,) réalisant la marque incroyable de 2h25’15 – A LIRE ICI.
Il était alors sur un terrain favorable, une longue montée, une zone de plat et de relance et une descente courte vers Zinal.
Quelle distance pourra-t-il réaliser ?
C’est l’inconnu pour l’ultra terrestre, vainqueur de l’UTMB®, de la Hard Rock des plus prestigieuses courses de Skyrunning et qui compte déjà de nombreux records en montagne (Mont-Blanc, Cervin, Kilimanjaro etc..) – A LIRE ICI
Mais la préparation d’un tel défi sur piste ou sur route mobilise d’autres filières physiologiques (musculaires et alimentation) auquel le corps doit être préparé.
Il avoue lui-même à juste titre «ça fait tellement de kilomètres que je n’arrive même pas à me le représenter ». Ajoutant «j’ai vu les temps intermédiaires de Yiannis, je vais essayer de m’y tenir aussi longtemps que possible. Je connais la vitesse horaire que je dois maintenir, donc je connais le rythme pour chaque kilomètre et chaque tour. Bien entendu, les 10 premières heures seront plus rapides, puis je ralentirai toutes les heures. J’ai un plan et je sais à quelle allure je veux courir chaque heure. L’essentiel est de ne pas avoir de problèmes musculaires et d’arriver à manger sans avoir de grosses périodes de relâchement. »
Pas de marathon et le spectre de la blessure !
Compte tenu du contexte sanitaire et de l’annulation de ses projets d’expédition au Népal, l’Espagnol, désormais résidant Norvégien, a revu ses plans cette année avec aussi l’intention de moins voyager pour sauver la planète.
Il s’est préparé en s’entraînant sur la route, affichant même de meilleures performances à l’entrainement qu’en 2019, année du record à Sierre-Zinal – A LIRE ICI
Il avait couru un 10 km à l’entrainement en 29’42 au printemps ce qui laissait présager un chrono autour des 29’ voir un petit peu en dessous sur une compétition. Il réalisera « seulement » 29’59 lors du 10 km de Hytteplanmila le 17 octobre dernier.
Une préparation sur 10 km et des semaines d’entraînement avec des volumes (autour de 150 à 180 km) qui devaient servir de tremplin pour un marathon de fin d’année (Séville ou Valence)….mais changement de cap d’un projet qui semblait murir depuis plusieurs mois.
Mais travailler sa foulée et son allure demandent un travail de longue haleine et beaucoup d’heures de travail sur la piste et surtout le risque de blessure.
Une situation qu’il a connu durant l’été et ses entrainements sur piste et route qui l’ont contraint à se reposer pour guérir des tendinites lorsqu’il maintien des allures élevées, « la transition vers le plat est très dure pour les muscles ». il précise alors « l’entraînement a été un peu frustrant ces derniers mois, où j’ai enchaîné les blessures. J’avais de bonnes périodes, puis je me retrouvais avec une blessure qui me condamnait au repos. Après la course de 10 km, j’ai dû arrêter l’entraînement pour guérir une blessure».
Une situation inconnue pour celui qui a connu peu de blessures de ce type mis à part une fracture de la jambe lors de la Pierra-Menta hiver 2018.
Un autre élément sera à prendre en compte, l’alimentation.
Il a tout de même minutieusement préparé ces 24h autour d’une piste, réalisant le 30 septembre dernier, 84,89 km en 5h58’13”, soit 4’13” au kilomètre !
Une séance qui avait aussi pour but de tester les protocoles alimentaires de son nouveau partenaire.
Un manque d’expérience mais des qualités hors normes
C’est avec juste une expérience à plat d’un 10km sur route et de 6h sur pistes qu’il s’élancera sur ce défi.
Pourra-t-il rivaliser avec le record du grec, son corps sera-t-il en mesure de tenir 24h à un rythme 12km/h pour envisager d’atteindre 288 km ?
Aura-t-il dans le viseur le record des 50 miles (80,5km) de Jim Walmsley en 4h50’07.
Beaucoup de questions et d’incertitudes autant pour lui que pour l’ensemble de ses fans et des amoureux du sport qui suivront son défi.
Mais Kilian Jornet reste un athlète hors norme avec une VMA proche de 22 km/h, une Vo2 autour de 92-93 ml /kg/min, un mental de guerrier et capable de tous les exploits….
Quoi qu’il en soit l’opération aura déjà eu pour intérêt de mobiliser l’attention de son partenaire autour de son nouveau produit road running.
* Piste du stade de Mandalen (Norvège), homologuée IAAF avec la présence des juges IAAF et des règles imposées dont les contrôles antidopages.
Par Fred Bousseau – ©Fred Bousseau & Salomon
novembre, 2024
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