A travers les terres bugistes oh combien envoûtantes du Valromey et des Plateaux d’Hauteville et de Retord, une des places fortes du ski de fond et du biathlon hexagonal, se tenait en ce samedi 17 mai 2014 le 4ème opus de la Promenade du Bûcheron.
La ténacité finit toujours par payer ! C’est ce qu’ont dû se dire les dynamiques chevilles ouvrières d’Hauteville Stages, Sport, Santé ainsi que du Groupement d’Intérêt Public du Plateau de Retord qui orchestrent cette manifestation depuis trois ans. Alors qu’elles n’écartaient pas l’hypothèse de jeter l’éponge devant la modeste participation aux trois premières éditions, elles eurent la divine surprise de voir affluer cette fois-ci plus de 430 passionnés de grand air et de grands espaces, coureurs et marcheurs confondus. Incontestablement, les 226 trailers classés témoignent d’une embellie en comparaison des chiffres antérieurs (59 en 2011, 139 en 2012, 168 en 2013). C’est d’autant plus méritoire lorsque nul n’ignore la difficulté à concocter dans l’Ain des trails longue distance du fait de l’impitoyable concurrence des Pays de Savoie si proches.
L’irruption de nouveaux partenaires, la synergie entre les diverses forces vives du Bugey, illustrée par le travail en profondeur de près de 160 bénévoles, la beauté sauvage des paysages parcourus, autant d’atouts qui devraient désormais pérenniser cet événement. Sans oublier l’alléchant et copieux menu qui proposait trois épreuves diversifiées et hautes en couleurs que sont :
• La Promenade du Bûcheron proprement dite : un 70km (70,198km précisément) avec 2728md+ et 2404md-, joignant le village de Chavornay au Centre Européen de Stages et de Séjours Sportifs (CESSS) d’Hauteville-Lompnès, avec passage sur le toit du Bugey qu’est le Grand Colombier (1531m, km10).
• La Bûche : un 42km (42,255km précisément) avec 1349md- et 1614md-, reliant le stade international de biathlon des Plans d’Hotonnes au CESSS d’Hauteville-Lompnès.
• La Bûche en relais à deux : même tracé que le 42km individuel mais divisé en 2x21km avec transmission du témoin au pied de la colline escarpée du Montoux, à deux pas de Brénod.
Fourvoiement
Pour la deuxième année consécutive, le 70 bornes a été remporté par le redoutable Rémi Voisin après une véritable promenade de santé où il n’aura jamais été inquiété, y compris quand il disparaîtra des écrans radar en suivant à tort les… éclaireurs à moto ! A peu de choses près, ce trailer à la foulée rasante si atypique, et ce afin de ménager sa monture, réalisera un chrono quasiment analogue à celui de la précédente édition (7h35’39 contre 7h30’32 en 2013).
Sa montée en puissance sera progressive. De quelques minutes au sommet du Colombier (km10), son pécule grossissait à 25’ à la ferme de Retord (km37). Au Montoux, à 21km du but, l’écart grimpait même à 51’ sur le premier résistant en la personne de l’Isérois Éric Bruel alors que l’autochtone Sébastien Gardoni, qui connaît la moindre pierre du parcours en tant que technicien forestier, paraissait plus frais. In fine, celui-ci, pensionnaire du Ski-Club de Brénod Corcelles, grignotait son retard sur Bruel avant de le déposer à 15km de l’épilogue pour endosser le costume de dauphin à 58’ de Voisin.
Ex-fondeur international âgé de 42 ans et installé dans la commune de Champdor que sillonnait le parcours, Gardoni était arrivé 3ème en 2013 sur le 42km, à plus de 17’ d’un Florian Schäfer victorieux. Résidant dans la station village de Méaudre, au cœur du Vercors, Bruel, 43 ans, complétait le podium en pointant à 1h13’ du vainqueur.
Un vainqueur qui aurait pu l’emporter encore plus facilement s’il n’avait été victime, durant un bon quart d’heure, d’un égarement à un peu plus de 2km des Plans d’Hotonnes, situés vers le km28, A l’issue de son périple, il en donna la raison : « Les trois motards qui m’ouvraient le chemin se sont malencontreusement perdus. L’un d’eux parviendra à retrouver le tracé mais de telle manière qu’il me fera éviter le passage aux Plans d’Hotonnes, d’où une pénalité de 15’ qui me sera infligée à la Ferme de Retord. »
Magnanime, le héros du jour n’en fit toutefois pas un drame, trouvant même logique la sanction qui le frappa, conscient que ses concurrents avaient, eux, bouclé le trail dans son entièreté. En outre, au vu de l’avance substantielle qu’il disposait sur son poursuivant immédiat, cet aléa n’eut aucune incidence dans le classement final.
Néo-Cabiste
Au terme de son épopée, ce Bressan de souche aura eu la joie d’être félicité par l’influent Didier Traoré, président du Club Athlétique du Bassin Bellegardien (CABB) à partir d’août 2013, qui avait spécialement effectué le déplacement pour le rencontrer. En pourparlers avec celui-ci depuis le 24 avril, Rémi a finalement décidé de s’engager avec le CABB, séduit notamment par l’un de ses objectifs, à savoir le podium par équipe aux Championnats de France de trail court et long, disputés le 28 septembre à Buis-les-Baronnies. La dernière recrue « cabiste » (membre du CABB) s’alignera sur le 60km au côté de ses nouveaux camarades de club que sont Ludovic Pommeret, Alexandre Hayetine, Martial Collomb, Caroline Chaverot et la Népalaise Manikala Rai. Seules seront comptabilisées les quatre meilleurs performances dont une au moins émanant de la gent féminine.
Né le 1er juillet 1984 à Viriat, à proximité de Bourg-en-Bresse, Rémi Voisin est depuis septembre 2008 prof d’EPS dans un collège d’Argenteuil (Val-d’Oise), ayant élu domicile à Colombes (Hauts-de-Seine). Après 16 ans de gymnastique puis 8 ans d’escalade, il étrenne la course nature le 19 avril 2009 à l’occasion du Maratrail de Montmorency, concouru dans le Val-d’Oise. Depuis, il n’aura cessé de progresser, et ce quelle que soit le format même si la longue distance et l’ultra ont largement sa préférence. Sur le court qui lui sert en réalité de préparation pour les méga-aventures, on l’aura observé cette année sur le 17km de l’Escrapade de la Source à Journans qu’il enlèvera mais surtout sur le 23km de la Montée des Jonquilles à Coligny. Une compétition où il se classera second à seulement 47’’ de son futur coéquipier, l’ogre marocain El Yazid El Madi. A n’en pas douter, l’un de ses plus beaux faits d’armes.
Titanesque programme
Parallèlement, le Francilien d’adoption viendra à bout de l’UTMB 2013 en 30h21’07, finissant 127ème. D’ailleurs, ce sera de nouveau sa principale échéance, avec donc les France de trail. Aussi, il met les bouchées doubles pour être fin prêt. Avant la Promenade du Bûcheron, il avait ainsi décroché dans les Yvelines le Trail du Josas (50km pour 1200md+ et -). Désormais, il a en ligne de mire la Haute-Savoie qui le verra enchaîner deux trails dont la longueur est similaire à celle du Bûcheron : le 7 juin au Gypaète (74km pour 4750m D+ et 4720m D-) puis le 22 du même mois aux Crêtes du Chablais (67km pour 5200md+ et -).
Ultime grand rendez-vous qu’il honorera avant le géant montblanais, le Maratrail de Faverges (48km pour 2900md+ et -), le 5 juillet, qui servira de support à la 7ème manche du TTN, les France de trail étant conditionnés par la participation à au moins une étape de ce challenge. Il sera temps ensuite de mettre la pédale douce, une course légère, en nature ou sur route, constituant l’unique entorse à cette phase de repos.
C. Cheneval, digne ambassadrice des Pays de Savoie
Par ailleurs, on relèvera la prestation de la Haut-Saônoise Laurence Georges, 46 ans, qui de justesse s’abaisse sous les 10h, établissant ainsi le record féminin. L’an passé, la quadra burgienne Pascale Tschirhart, unique dame alors au départ, avait conclu en 11h38’58.
Concernant le 42km, il tombera dans l’escarcelle de l’ancienne star de l’aviron Franck Bussière, champion du Monde en huit en 2001 et 2004. Figure historique du Team Asics pour l’avoir rallié dès sa création en 2006, ce chargé d’affaires thermicien, né le 13 juillet 1975, franchira la ligne en 3h57’03, soit 3’ de plus que Schäfer la saison dernière. Après une année blanche consécutive à des pépins de santé, il cavale dorénavant pour le fun, sans aucun objectif majeur. En réalité, il s’apprête à intégrer le staff de son team afin d’épauler les athlètes à mieux utiliser les diverses technologies en usage.
Quant au duel entre les valeureuses Haut-Savoyarde Christine Cheneval et Gessienne Béatrice Leroy (Ain-Est Athlétisme), 45 printemps toutes les deux, il aura tourné à l’avantage de la première, accoutumée à la longue distance. Comme en atteste sa consécration sur le millésime 2013 du Trail des Hauts Forts et ses 42 bornes. Vivant à Châtillon-sur-Cluses, cette vétérinaire, dépourvue de toute structure, dominait d’un quart d’heure la lauréate en titre, et leader à l’heure actuelle, du Challenge de l’Ain de course en montagne dont le 42km constituait la 5ème étape.
Terminons avec le 42km en relais à deux qui aura été égayé par le triomphe, en 3h52’12, des pompiers bressans Jérôme Béréziat associé à Jérôme Berger (Ain Pulsion 18). Ils n’en effacèrent pas pour autant la marque référence, détenue depuis 2012 par le formidable tandem Sacha Devillaz – Jean-Marie Thévenard en 3h28’58. D’autre part, le couple glamour que forment l’Hautevillois Simon Desthieux et la Jurassienne Célia Aymonier, sélectionnés aux JO de Sotchi à 22 ans, respectivement comme biathlète et fondeuse, se classe en 14ème position. A vrai dire, les deux champions n’ont pas eu à puiser dans leurs réserves qu’ils gardèrent sagement avant de partir en stage d’avant-saison avec l’équipe tricolore.
François Vanlaton – © Guy Domain (quotidien « Le Progrès »)
décembre, 2024
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