Le Britannique Ricky Lightfoot a remporté cet après-midi à Llanrwst les Mondiaux de trail 2013 au terme d’une course ultra rapide qu’il remporte en 5h36:02, sans contestation possible.
Photos des Championnats du Monde de Trail 2013
Sous un soleil éclatant, qui coïncidait pour beaucoup d’athlètes avec les premières chaleurs, le Britannique l’a emporté sur son premier “vrai” trail, écrasant de ses foulées légères la concurrence allemande et française. “Le plus dur, c’était ce matin, sur la ligne d’arrivée, quand je me suis dit qu’il me restait 75km à courir” souriait le grand britannique. “C’est vraiment un privilège de l’emporter. Je donne toujours le meilleur de moi-même, mais il y a tellement de paramètres qui peuvent venir gripper la machine qu’on n’est jamais sûr de rien” poursuit le nouveau champion du monde, habitué aux courses de fell running, et vainqueur il y’a 15 jours du Trail du Colorado, à La Réunion.
Au fil des 5 tours de 15 kilomètres du circuit, Ricky aura asphyxié ses adversaires, imprimant un rythme hallucinant dès les premiers tours. Erik Clavery, Julien Rancon, Patrick Bringer, Sergio Trecanman (ARG), Torbjom Ludvigsen (NOR) tentèrent de suivre les pas du géant. Chacun baissait pavillon peu à peu, Lightfoot s’étonnant même, sur la ligne d’arrivée “de voir ses adversaires défaillir ainsi tour à tour”. Premier tour bouclé en 1h01, deuxième tour en 1h02 : il fallait en effet avoir le coeur bien accroché pour suivre le Britannique, sur un terrain à la fois rapide et cassant, fait d’incessants toboggans, et de parties planes où le soleil gallois asséchait un peu plus les organismes.
Erik Clavery était le premier à craquer. Julien Rancon chutait ensuite lourdement dans une section forestière où les souches et les racines étaient autant d’obstacles potentiels. Sonné, Rancon se relevait non sans mal, avec un genou douloureux. Dans sa chute, son dossard ventral se décrochait, si bien que le Français sortait des écrans de contrôle des chronométreurs… Patrick Bringer, pour sa part, avait d’abord dû changer de chaussettes dans le premier des 5 tours de course, pour lutter contre la formation d’une énorme ampoule au talon. Une fois ce souci provisoirement traité, le Clermontois était ensuite pris de spasmes, de vomissements, et ne pouvait bientôt plus rien avaler. Pour abandonner au final.
Sur ce parcours usant, la sagesse aura aussi eu ses adeptes, s’avérant finalement une option payante. Florian Neuschwander, marathonien allemand valant 2h20, découvrait aujourd’hui le trail longue distance. Avec “seulement” deux sorties longues de 60km dans les jambes, le coureur de Trier a joué la prudence. “Je ne me suis mis à accélérer que dans le 3e tour. Jusque là, j’avais préféré rester tranquille dans les bosses, et relancer sur le plat”. Une tactique qui payera, et un état de fraîcheur qui lui permettra de terminer vice-champion du monde. Juste devant Julien Rancon, qui aura fini lessivé, comme tous ses camarades de l’équipe de France. “Après ma chute, j’ai vraiment souffert durant un tour” dira Julien. “J’ai même pensé abandonner autour du 48e km, tellement j’avais mal au genou. Mais dans la dernière boucle, les sensations sont revenues. J’ai retrouvé l’envie, aussi. C’était quand même une journée vraiment difficile, sur un parcours très dur, très cassant, et très rapide, avec des mecs super costauds devant… Même en pleine possession de mes moyens, je ne sais pas si j’aurais pu lutter avec Lightfoot.”
Le duo Martin-Breuil, lui, a joué la prudence, histoire d’éviter l’implosion. Volontairement en retrait sur les deux premiers tours, Thierry Breuil et Nicolas Martin choisissaient de forcer l’allure dans le 3e tour. Sans doute encore un peu tôt. Hypoglycémie pour l’un, crampes à répétition pour l’autre, la fin de parcours était un calvaire pour les deux. A 41 ans, avec une saison compliquée, Thierry Breuil terminait tout de même à une excellente 5e place, qui suffisait à son bonheur. “On a peut-être accéléré trop tôt avec Nico, mais on s’est laissé un peu griser par le fait de reprendre petit à petit des coureurs” analysait Breuil. “Mais je n’ai pas à rougir de mon résultat final. L’inquiétude était grande ce matin au départ de ne pas tenir. Mais j’ai prouvé à l’équipe de France qu’elle avait finalement eu raison de me faire confiance. Je me suis bien accroché, et il y a eu un excellent état d’esprit dans l’équipe, une belle solidarité et une belle complicité d’ensemble…” conclura Thierry, qui aura mis quelques bonnes minutes avant de récupérer.
Pareille usure chez Fabien Antolinos, perclus de crampes à l’arrivée, classé 6e. “J’ai fait ce que j’ai pu pour gérer les hauts et les bas sur cette course” dira le Lyonnais. “J’ai essayé de garder des forces sur le plat et dans les descentes, et de ne pas trop me “griller” dans les montées. Mais ce fut un calvaire dans les trois derniers tours”. Fabien devancera finalement Nicolas Martin, autre novice de l’équipe de France, 9e du jour, et plutôt satisfait de cette première expérience internationale. “Il m’a fallu gérer les crampes sur la fin de parcours, qui était très usant. J’avais du mal à lever les jambes à la fin. Et parfois, je trouvais les parties planes plus dures que les bosses, c’était très usant de relancer continuellement…”.
A voir l’état des concurrents à l’arrivée sous l’arche de Llanrwst, difficile de dire que ce Championnat du monde fut une partie de plaisir. Des premières chaleurs à gérer, une alimentation et une hydratation à optimiser, et un parcours finalement usant auront été les principaux écueils du jour. Avec une médaille de bronze en individuel et une en argent par équipes, la France s’en tire avec les honneurs, comme le souligne Jean-François Pontier, chef du hors-stade à la FFA. “Il faut bien se souvenir que le bilan de 2011 était exceptionnel. Et qu’il était difficile à ré-éditer. Il ne faut pas vouloir comparer ces deux éditions. On constate aujourd’hui qu’on a eu du mal à gérer la chaleur, que les athlètes ont souffert sur les parties dégagées du parcours. Et que nous avons sans doute un peu pêché dans la gestion de course du collectif” continuait le technicien français, pointant sans doute un début de course ultra-rapide de Clavery, Bringer et Rancon. “Mais si on veut être champion du monde en individuel, il faut tout tenter, donc on ne va pas non plus reprocher à nos athlètes d’avoir tenté de suivre ce rythme sur les premiers tours. Nous n’avions pas donné de consignes particulières, ni établi de stratégie particulière, ni mis de frein à tels ou telle initiative…Au final, on peut voir que tous les gars se sont battus, ils sont “défaits” à l’arrivée, et ils se seront bien donnés pour le collectif…”.
A l’image d’un Erik Clavery tenant du titre, qui aura tenu à terminer, même loin d’un podium dont il fut roi l’an dernier.
Nathalie Mauclair, Championne du Monde 2013
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