Ces 8 et 9 septembre, se disputait au cœur de l’Oberland Bernois le Marathon de la Jungfrau. L’un des 42km de montagne les plus prestigieux avec ceux du Lichtenstein, du Mont-Blanc et de Zermatt.?
A l’occasion de son 20ème anniversaire et pour la seconde fois après 1997, la manifestation se voyait attribuer le Championnat du Monde de course de montagne (WMRA) longue distance, patronné par la Fédération Internationale d’Athlétisme.
Fulgurante ascension…
?Rendant visite à l’un des sites les plus grandioses de la Chaîne Alpine où se détachent les mythiques silhouettes de l’Eiger (3970m), du Mönch (4107m) et de la Jungfrau (4158m), le parcours offre deux séquences bien spécifiques :?- Les 26 premiers km, roulants à souhait, qui par moments font penser à un marathon de ville.?- L’ultime segment où une pente escarpée sert alors de fil conducteur.?
Prenant son envol dans la station d’Interlaken (566m), franchissant son faîte au km41 (2205m), l’épreuve trouve son épilogue au Col de la Kleine Scheidegg (2061m) d’où part le fameux train à crémaillère de la Jungfrau, celui de tous les superlatifs. Célébrant cette année son centenaire, cette voie de chemin de fer atteint au milieu des cieux, à 3454m précisément, la Jungfraujoch, gare ferroviaire la plus haute d’Europe, et ce après une virée de 9km dont 7km de tunnel creusé dans les entrailles de l’Eiger.
?Au final, 42 bornes, 1829m de dénivelée positive et 305 autres descendants constituent la condition sine qua non pour les marathoniens d’aller embrasser ce renversant panorama.?Samedi, ce sont les femmes qui ouvraient le bal avant que leurs alter ego masculins n’entrent en scène le lendemain.
Parmi les athlètes de renom, on relevait la présence de la redoutable Haut-Savoyarde Aline Camboulives qui depuis plus d’un an déjà bouscule la hiérarchie en multipliant les prouesses de haut niveau, tant sur l’asphalte qu’en montagne. Parmi elles, mettons en exergue cette saison son titre de championne de France de course en montagne, sa victoire à Sierre-Zinal, son nouveau record enregistré au Bélier et sa 2ème place au Marathon de Zermatt. Parallèlement, elle portait ses marques sur 10km à 35’32 puis sur semi-marathon à 1h15’49, soit à ce jour la 4ème performance française en 2012.
?Des faits d’armes qui ne peuvent qu’enorgueillir ses deux mentors, Gérard Brouard et Roland Zede, respectivement managers à l’Athlé Saint-Julien 74 (ASJ 74) et au team Sport 2000 Pays Rochois.
?L’ex-cycliste semi-professionnelle âgée de 39 ans et demeurant sur les rivages du Lac d’Annecy à Saint-Jorioz, n’avait pas manqué de briller après avoir troqué en 2006 la petite reine contre une paire de baskets : 3ème Française aux Europe de montagne en 2007, temps référence sur marathon en 2h37’19 en 2008… Mais ses prestations n’étaient pas aussi abouties que maintenant, faute de régularité dans ses résultats, faute enfin de stabilité dans son environnement sportif, quittant ainsi l’ASJ 74 pour la Foulée d’Annemasse avant de revenir aux sources, en l’occurrence à « Saint-Ju ».
L’an passé, alors qu’elle en ignorait encore l’existence deux semaines auparavant (!), elle avait fait tomber dans son escarcelle ce Marathon de la Jungfrau en 3h29’55, en dépit d’une féroce concurrence. Aline s’était juré de revenir en bonifiant son chrono, et secrètement de toucher une seconde fois le jackpot. Mission accomplie pour l’objectif avoué, gagnant 2’27.
En revanche, après avoir animé sans relâche cette épopée durant les trois premiers quarts de temps, l’héroïne dut battre en retraite sur la portion la plus accidentée, se contentant par ricochet de la 4ème place, à 4’46 de la lauréate américaine Stevie Kremer, âgée de 29 ans. Une athlète que la Haut-Savoyarde avait pourtant dominée le 12 août dernier à Sierre-Zinal, la reléguant à 1’35 au rang de dauphine.?Irritée par le rythme trop nonchalant prévalant aux avant-postes, elle prit énergiquement le commandement au 10ème km, sur cette interminable section roulante, mettant ainsi à profit ses qualités de routière dont aucune émule n’avait ses références sur marathon et semi. D’abord isolée, elle se fit rejoindre par trois prétendantes avant de les lâcher une nouvelle fois peu avant le terme du semi.
?Très vite après l’irruption du premier raidard (km 26), elle sentit poindre la fatigue. Aussi, elle prit conscience que la partie allait se jouer au mental. Cependant, elle ne put opposer aucune résistance lorsqu’aux environs du km35 Kremer et l’Autrichienne Sabine Reiner, 31 ans, lui grillèrent la politesse, imitées cinq km plus haut par Kim Dobson, une autre Américaine de 28 ans. Dès lors, la messe était dite et Aline voyait et le titre et le podium définitivement s’envoler. Après coup, elle devait évoquer une mauvaise gestion de course, regrettant un départ trop véloce qu’elle paya effectivement a posteriori.?Elle n’en engrange pas moins les trois primes de passage. Surtout, elle devance des émules de renom à l’instar de :?- La Vaudoise et membre du Swiss Team de ski-alpinisme Maude Mathys, 25 ans, recordwoman du Marathon du Mont-Blanc sur l’édition 2012, 5ème en 2h35’40.?- La Davosienne et ancienne fondeuse de la sélection helvète Jasmin Nunige, 39 ans, victorieuse le 28 juillet dernier du 78km du Swiss Alpine Marathon devant Elisabeth Hawker, 6ème en 3h36’13.?- Ou encore la célèbre Ecossaise Angela Mugde, 42 ans, 7ème en 3h39’15.?Place maintenant pour Aline à une autre préparation en vue de gommer une nouvelle fois ses temps référence sur semi et surtout sur marathon où elle visera les 2h35, et ce à l’occasion des Championnats de France, respectivement le 7 octobre à Nancy et 4 novembre à Nice-Cannes.
Un champion du monde autrichien?
Pour terminer, saluons les prestations des deux vainqueurs. De souche allemande (elle est née le 12 février 1983 à Düsseldorf), Kremer, résidant à Crested Butte dans le Colorado, s’adonne encore au ski-alpinisme qui la voit ainsi porter les couleurs de l’équipe nationale américaine. Sa marque, établie en 3h22’42, est la 4ème des vingt millésimes, effleurant à 1’39 le temps étalon, propriété à compter de 2001 de la Fribourgeoise Marie-Luce Romanens.?Pour la gent masculine (2985 classés contre 1363 chez les dames), c’est le récidiviste Marcus Hohenwarter, de nationalité autrichienne et âgé de 32 ans, qui décroche la timbale après avoir conquis l’épisode 2011. En 2h59’42, le Carinthien précède d’1’05 le champion du monde en titre, le Slovène Mitja Kosovelt, 32 ans, lui-même lâchant dans les derniers mètres le Kenyan Hosea Tuei, 25 ans, 3ème en 3h01’24.?Un chrono victorieux mais loin toutefois de l’ébouriffant record en 2003 du Néo-Zélandais Jonathan Wyatt, sextuple champion du monde de course en montagne, s’élevant à 2h49’01 !
François Vanlaton? – Photo de Benjamin Zurbriggen.
Résultats complets : http://services.datasport.com/2012/lauf/jungfrau/
novembre, 2024
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Tous
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