Le Liwa, cela ne vous dit peut-être rien mais ce désert situé au sud d’Abu Dhabi a la particularité d’être un des plus sablonneux du monde et d’offrir aux touristes motorisés ou pas des dunes à perte de vue et surtout les plus hautes du monde. Vous voyez la dune du Pyla ? Elle fait 100m de haut. Là-bas il n’est pas rare d’en trouver qui mesurent jusqu’à 300m… Le Liwa est au désert ce que l’Himalaya est au Mont Blanc.
Alors autant dire que lorsque l’équipe du défunt et regretté Lybian Challenge s’est lancée dans l’aventure d’organiser d’un premier ultra jamais organisé dans ce désert, ils ont répondu présents. Qui ? Ceux qui avaient connu les beautés d’Akakus ou les folies à la Gestin et ses 333 elles aussi restées dans la légende des courses qui demandent tellement plus qu’un simple entrainement… Parce que pour oser partir seul dans le désert avec son seul GPS pour guide et un CP tous les 20km environ, sur 100 ou 200km, il faut se connaître et avoir confiance en soi. Pour la deuxième édition comme pour la première rien ne s’est passé comme prévu. Même si Alban Reigner confirme sa supériorité absolue sur le 200km qu’il remporte une seconde fois, le reste du podium fut plein de surprises avec, entre autres, le report sur le 100 pour celui qui avait remporté la deuxième place l’année dernière, un local de l’épreuve Benoit Rodriguez qui vit à Dubaï. C’est d’ailleurs à noter parce que cela fait partie des particularités de cette épreuve : la possibilité offerte pendant la course de se reporter sur le 100 si le 200 devient inaccessible. A la deuxième balise, vous êtes libre de choisir si vous partez à droite ou à gauche pour rentrer au camp plus tôt que prévu. Certes, l’échec est forcément là mais sans l’abandon, ce qui rend les choses plus faciles à accepter. Seulement 12 coureurs auront réussi à finir le 200 sur plus de 30 engagés au départ, ce qui donne une idée des difficultés rencontrées.
Se guider au GPS semble simple vu de chez soi, planqué derrière son écran mais la réalité est tout autre. Vous rajoutez une usure morale lente et sournoise qui grignote votre énergie km après km. Il y a forcément ces moments d’inattention où vous laissez partir votre petite flèche un peu trop à droite ou à gauche, ces moments où de toute façon vous avez un tel mur de dunes devant vous qu’il faut décider là encore quel sera le chemin le moins épuisant. Sans parler de ces moments où vous comprenez que vous avez fait le mauvais choix et qu’il va bien falloir se hisser tant bien que mal en haut de ce monstre tout d’un coup surgit de nulle part. Entre colère et fatigue, il faut pourtant continuer à avancer. S’il y a bien une course où vous avez le sentiment d’être un simple petit grain de sable dans l’humanité tout entière, c’est celle-là. Mais il n’y a pas que de mauvais moments dieu merci, il y a ces caravanes de dromadaires qui surgissent d’on ne sait où comme souvent dans le désert, il y a ces gazelles qui volent littéralement sur la sabka, ces plaines où il fait bon marcher vite pour récupérer un peu ou courir si vous en avez encore la force. Il y a ces traces laissées dans le sable que l’on s’amuse à chercher à attribuer à un animal, ces traces qu’un coup de vent effacera, comme celles que le coureur laisse derrière lui. Et la solidarité entre coureurs prend bien entendu tout son sens dans un univers aussi hostile.
Une chose est certaine, il se passe bien quelque chose d’unique dans ce désert pour que la seconde édition ait vu revenir autant de participants de la première, soit prendre leur revanche, soit pour revivre une nouvelle fois cette magie du désert qui ne se comprend que lorsque l’on passe des heures à le parcourir. A ceux qui pensent qu’une dune ressemble à une autre dune, les participants leur répondront que rien n’est plus différent justement qu’une dune au petit matin de la même à la tombée de la nuit. Et quand on sait que la plupart se sont dit « à l’année prochaine », alors oui on peut le dire, le Liwa Challenge est vraiment une course à part, c’est aujourd’hui une famille comme celle que le Libyan avait su créé, la famille de ceux qui aiment le désert, le vrai.
Par Cécile Bertin pour l’organisation – photos © Manu Molle.
décembre, 2024
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