« Que celui qui n’aime point mon pays rentre chez lui ! » Proverbe basque. Prononcé d’une voix rauque mais chaleureuse. D’un ton brut et authentique. À l’image de cette terre et de son peuple. Une terre confortablement nichée entre l’écume atlantique et les abrupts sommets pyrénéens. Un terrain de jeu varié dont l’enchantement opère bien au-delà du littoral et de la période estivale. Un patrimoine culturel riche et atypique. Une convivialité teintée de défi et de partage. Voyage immersif au Pays Basque. Un pays dont on fait rarement demi-tour sans être repu de souvenirs et de kilomètres. Une terre de Trail tout simplement.
SUJET COMPLET DANS LE MAGAZINE #138
Il est 18h sur la place centrale du village d’Ascain. Le Soleil, éreinté après une éclatante journée de labeur, s’éclipse discrètement en plongeant tête la première dans l’horizon bleuté de l’Océan. Les derniers rayons chatouillent les toits en brique des Etxes. Vous savez, ces grandes bâtisses blanches et rouges « coeur de bœuf » reconnaissables par leurs colombages atypiques. Nous sommes fin septembre. À la croisée de l’été et de l’automne. Deux temporalités qui semblent cohabiter avec beaucoup d’enthousiasme. La douceur du premier s’accorde à la perfection avec les couleurs chatoyantes du second. L’arrière-saison est décidément agréable dans ce petit bout de la France. D’ordinaire si paisible à l’heure des tapas, la petite bourgade frétille d’une frénésie inhabituelle. Sur la Place du Fronton, épicentre d’Ascain et fréquentée à l’accoutumée par les joueurs de pelote basque, plusieurs centaines de coureurs chantent, pour ne pas dire s’époumonent, tout en frappant dans leurs mains. La liesse est collective, la joie communicative. La boue qui mouchette leurs chaussures, le sel qui perle de leur T-shirt et les traits tirés qui encadrent leur sourire témoignent de l’effort qu’ils viennent de produire. Tous finishers de l’emblématique Skyrhune. 21 kilomètres. 1700 mètres d’ascension. Autant de descente. Et oui, la Rhune, ce sommet mystique qui les couve désormais d’un regard bienveillant, se mérite ! Soudain, Davide Magnini, vainqueur de l’épreuve masculine, jeune italien de 22 ans successeur désigné de Sir Kilian Jornet, s’élance d’un saut félin, à l’horizontale, mi super-héros mi Rockstar, dans cette foule euphorique de bras levés qui l’acclame et n’attend qu’une chose : le porter en trophée et chanter à sa gloire. Une image rare. Une image magnifique.
Bienvenue au Pays Basque ! Une terre où le trail est plus qu’un simple sport. Une terre où le trail apparait comme la porte d’entrée d’une culture riche et gourmande. Une terre où le trail se développe comme un levier d’attractivité touristique. Une terre où le trail devient synonyme d’aventure.
Carte postale, G7 & levier touristique
Interrogez l’imaginaire collectif sur le Pays Basque et vous obtiendrez la description d’une carte postale paradisiaque : une longue plage, sauvage et ensoleillée, caressée par l’écume d’imposants rouleaux qui s’ébrouent au loin. Une carte éventuellement agrémentée de quelques surfeurs au teint hâlé qui rivalisent d’acrobaties dans des vagues majestueuses. Sauf que le Pays Basque, ce n’est pas que cela ! Nicolas Prince, responsable de la communication à l’Office de Tourisme Pays Basque, constate : « L’été, nous n’avons pas trop de mal à faire fonctionner le tourisme ! ». Même les Président(e)s des 7 États les plus puissants du monde, accompagnés de leurs conjoints, sont venus faire un tour dans le Sud-Ouest de l’Hexagone dans le cadre du G7 organisé fin août à Biarritz. Une visibilité internationale pour la région qui pendant trois jours devient alors l’épicentre du planisphère. « Notre objectif est d’étaler se succès estival sur l’ensemble de l’année et l’ensemble du territoire. » rebondit Nicolas. Autrement dit : développer l’attractivité du Pays Basque au-delà des frontières de l’été et du littoral.
Pastoralisme, variété & génétique
L’éloge de la montagne basque débute par une question rhétorique. Une introduction sous forme d’interrogation comme pour mieux souligner l’unicité du territoire : « Vous en connaissez beaucoup vous des endroits où il est possible d’observer l’Océan depuis les sommets ? » Un point pour eux. Il est vrai que rares, voire très rares, sont les lieux où l’on peut observer le soleil se coucher sur l’horizon depuis une arête rocailleuse, baskets de trail aux pieds. Si la pelote et le rugby sont ici des savoir-faire ancestraux, il semblerait que le chauvinisme en fasse également partie. D’où l’intérêt de recueillir un avis objectif, né d’un regard neuf et innocent. Ce regard, c’est celui de Lucille Germain, 21 ans, championne de France Espoirs de Trail et de Course en montagne.
Venue se confronter à l’élite internationale sur la Skyrhune, elle traverse pour la première fois l’Hexagone afin de peaufiner, sur les crêtes basques, sa préparation pour les Championnats du Monde, organisés en Argentine, le 16 novembre prochain. Vosgienne de naissance et annécienne d’adoption, celle qui connaitra en Patagonie son baptême du feu avec le maillot tricolore évolue au quotidien dans un majestueux cadre alpin qui ne l’empêche pas de s’émerveiller du Pays Basque : « Les paysages sont vraiment très différents de ce que nous connaissons. J’ai l’impression de découvrir un nouveau type de montagne ! » Perchée sur les hauteurs de Saint-Étienne-de-Baïgorry, elle désigne d’un geste de main débordant d’enthousiasme le cirque en contrebas, dominé par les sommets Autza et Adarza, et déclare : « C’est magnifique, ça donne juste envie d’enfiler ses baskets et de courir pendant des heures… »
Même la nouvelle génération de coureurs est conquise par ce terrain de jeu varié, extrêmement ludique. Le risque de lassitude est réduit à néant par la beauté des paysages et la diversité des possibilités. Pantxika Larramendy, co-présidente de l’Euskal Trail, cette course si populaire qu’elle « affiche complet seulement quelques minutes après l’ouverture des inscriptions, les 3 200 dossards partant comme des petits pains » : « D’un point de vue du trail, on peut décomposer notre territoire en trois secteurs : celui avec vue sur la mer, dont le sommet le plus célèbre est certainement la Rhune ; la vallée de Baïgorry, frontalière avec l’Espagne, où nous avons implanté la Station de Trail ; et la vallée de Soule, plus montagneuse car à l’intérieur des terres, avec notamment le Pic d’Orhy, point culminant du Pays Basque atteignant 2017 mètres d’altitude. » Une pluralité d’univers concentré sur un espace suffisamment succinct pour en faire le tour en une semaine. Et d’un jour à l’autre jongler entre les portions boisées et les hauts plateaux roulants, les descentes techniques et les crêtes sinueuses, les montées abruptes et les monotraces joueuses.
Cidre de pomme, ferveur & troisième mi-temps
Au Pays Basque, il n’y a pas que la nature qui est inscrite dans les gènes. Il y a aussi la convivialité. Une seconde nature. Une chaleur humaine dont la flamme est attisée par la volonté de transmettre aux visiteurs cette passion que les basques cultivent pour leur terre. Ici, le trail est ainsi synonyme de partage. C’est ce que l’on appelle communément l’esprit trail. On le croise en montagne, à chaque embranchement de chemins, mais également une fois revenu au village. Car rares sont les sorties dont la ligne d’arrivée ne se situe pas au café ou du coin, où il s’agit de s’attabler en terrasse ou de s’accouder au bar pour débriefer autour d’une ardoise de tapas accompagnée d’un cidre de pomme, d’un breuvage houblonné ou d’un chocolat chaud (pour les plus sages). Nicolas Prince corrobore ce cliché, amusant mais véridique, d’un peuple de bons vivants : « Les basques sont méfiants et assez réservés au premier abord mais une fois que tu as brisé la glace, ils s’ouvrent avec beaucoup de bienveillance et t’embarquent avec leur bonhommie contagieuse… »
Car ici, la troisième mi-temps est un art. Un savoir-faire. Une tradition. L’un des temps forts de l’évènement. Pas un simple temps additionnel mais une soustraction à l’espace-temps. Nicolas Prince, communiquant la semaine, surfeur et traileur le week-end, confirme avec cette tonalité teintée de certitude caractéristique de ceux qui maitrisent leur sujet : « La course ne se termine pas une fois la ligne d’arrivée franchie. Les gens ne rentrent pas chez eux ! Ils restent, rigolent, partagent… Généralement le buffet ou le repas est très copieux. Après t’être dépouillé, tu refais le niveau assez vite derrière. C’est le créneau : tu cours bien, tu manges bien, tu bois bien et donc tu récupères bien. À la fin de la journée, tu as les jambes lourdes et l’estomac repu. » Nicolas Darmaillacq, organisateur de la Skyrhune, abonde en ce sens : « Nous sommes attendus au tournant en ce qui concerne la fête d’après-course ! On vit comme cela ici. C’est une région où il fait bon vivre. C’est culturel, c’est le Pays Basque ! »
Suite et intégralité du reportage à retrouver dans le numéro 138 de Trails Endurance Mag
LA STATION DE TRAIL DE SAINT-ETIENNE DE BAIGORRY
La Station de Trail de Saint-Etienne de Baigorry est le point de passage obligatoire pour un séjour de trail au Pays Basque. Un lieu 100% dédié à la pratique du trail avec des parcours, des services et des outils qui permettent à tous les coureurs de s’adonner à leur passion au sein d’un dispositif qui valorise le territoire local.
LES « IMMANQUABLES » DE MONSIEUR SKYRHUNE
Nicolas Darmaillacq est l’organisateur de la Skyrhune, l’une des courses emblématiques du Pays Basque. L’enfant du pays a épinglé des dossards sur les sentiers du monde entier, de l’île de la Réunion au Mont-Cameroun en passant par les Dolomites. Pourtant, il n’a jamais trouvé plus beau terrain de jeu que son Pays Basque natal. Il nous partage ses 5 immanquables :
1/ LA RHUNE : « Un sommet emblématique. Une ascension difficile mais l’atmosphère mystique qui règne là-haut ainsi que la vue panoramique sur l’Océan méritent le détour. »
2/ LES CRÊTES D’IPARLA : « Une ligne de crête rocailleuse et montagneuse entre les vallées de Bidarray et Baigorry qui donne l’impression de courir sur un fil, comme si le trail devenait funambulisme. »
3/ PENAS DE ITSUSI : « Littéralement la « falaise aux vautours ». Un endroit ludique et versatile. Des montagnes russes : ça monte, ça descend… En plus d’être très joueur, c’est particulièrement sauvage ! »
4/ LE PIC D’ORHY : « Les prémisses de la haute montagne. Le plus haut sommet du Pays Basque. C’est le premier « 2000 mètres » de la chaîne en partant de l’Océan. Il marque véritablement l’entrée dans les Pyrénées ! »
5/ FONTARRABIE : « C’est l’un des premiers villages après avoir traversé la frontière espagnole et le point de départ d’un sentier côtier vallonné qui te mène jusqu’à Saint-Sébastien en te faisant courir à seulement 200 m de l’Océan. Point bonus pour les nombreuses petites criques où se baigner ! »
novembre, 2024
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