Karine Herry que l’on a peu vu cette année sur le circuit des Trails, a accordé une interview à Trails Endurance Mag, elle revient sur les raisons de son absence mais aussi sur ses objectifs pour 2011…. et sur sa profession de médecin de campagne.
1/ Karine, on t’a pas vu courir beaucoup cette année, pour quelles raisons ?
Avec Bruno, nous partageons depuis 16 ans, notre passion de la course à pied, à travers des rencontres, des voyages, des souvenirs, des évènementiels en France et à l’étranger..
Si nous avons pu vivre tout cela, c’est grâce à des amis et sponsors, mais surtout, à la construction sur le long terme, que nous avons souhaité, de cette “carrière” que nous vivons plutôt comme un fil conducteur de notre existence plutôt qu’un besoin absolu de compétition pour la compétition.
Nous avons raisonné notre équilibre quotidien, et grâce à ma formation de médecin, le maintien de la forme, avant la performance.
Mon premier gros échec, (lors des derniers Championnat du Monde de 24 heures , a été le déclic, pour décider d’un vrai break, et me permettre d’élucider certaines questions, posées par la pratique en tant que femme de 4 ans d’”ultras”.
Globalement, le milieu a très peu de recul sur la question.
2 / Quel regard portes tu sur le niveau des coureurs français homme et femme ?
Je pense qu’avec de meilleures connaissances globales sur les entraînements à pratiquer, sur la diététique avant ou pendant courses à mener, ( par le biais des échanges entre coureurs, les revues ou forums spécialisés), le peloton des courses s’est densifié en coureurs et coureuses performants , mieux préparés qu’ il y a 15 ans, mais que le niveau global de l’élite n’a pas pour autant progressé ; en dehors d’invididualités positionnées loin devant les autres, comme Kilian Jornet.
La vitesse moyenne sur les courses n’est pas forcément meilleure, l’on ne voit pas poindre de “renouveau” sur certaines disciplines (marathon, 100kms..), et l’on voit plutôt de courtes carrières, avec des coureurs aux avant postes sur deux ou trois années seulement. La phase “récupération”, n’est pas souvent la mieux anticipée et travaillée.
3/ quelle vision as tu de l’évolution du Trail en France et dans le monde ?
Depuis le premier Challenge ADIDAS, ces 15 dernières années ont vu un énorme développement du nombre de trails, ultras trails et challenges des régions en France, reflétant l’engouement des coureurs à “quitter la ville et les courses sur routes”, pour de nouveaux standards de courses, découvertes de régions ou pays dans le monde, seul ou mieux en famille. Le problème est que le plaisir évident des organisateurs à créer des évènementiels pour faire découvrir leur atouts régionaux, c’est fait sans limite, amenant à un très grand nombre de courses, aux pelotons, parfois très réduits, à un calendrier annuel chargé, mis à disposition des coureurs, sans garde fou, même du côté de la fédération, pour éviter la “surconsommation” de courses, et son cortège de blessures ou de fatigue sur le long terme.
Même les “toutes grandes”, ont été victimes de leurs succès national et international, et ont dû créer des évènements dans l’ évènement, avec plusieurs courses sur le même week end, mais en y perdant parfois en simplicité et en ce qui avait été l’essence même de leur succès : l’échelle humaine conviviale et réduite de leur création, la plupart du temps en milieu rural ou montagnard, la logique d’un tracé, la possibilité de rencontres entre les coureurs et leurs familles, avant, pendant et après courses.
Comme à Nant (Aveyron) lors des anciennes versions des Templiers, et sans retrouver les problématiques de la ville dont le plus grand nombre de traileurs sont issus.
4/ on te retrouvera sur les chemins en 2011, quel sera ton programme ?
Depuis 1994 j’ai été attirée par la pratique des chemins, et j’espère continuer cette aventure : j’ai voulu profiter d’un break, pour régénérer mon corps, et valider certaines de mes hypothèses de santé et d’impact des trails et ultratrails ,avec l’alimentation de l’effort, sur nos organismes. Je note scrupuleusement tout ce que je vis, à 42 ans, en tant que femme et sportive, et espère partager cette expérience, notamment lors du 10ème anniversaire du Trail de Tiranges, organisée par Guillaume MILLET au printemps prochain et qui accueillera Les 1ers entretiens scientifi-conviviaux du trail dont ENDURANCE Mag. sera partenaire.
Mes premières années de course à pied m’ont vu délaissé un peu, faute de temps disponible, la pratique de certaines activités comme le ski alpinisme, l’escalade, le vélo, mais je pense pourtant à tout l’intérêt d’une approche pluridisciplinaire.
Je pratique pour le moment le ski de fond, et des cours de Pilate, en parallèle à la reprise des cross. Et nous espérons, que le partage de nos loisirs,avec les enfants, nous amènerons de plus en plus, à la pratique de divers sports avec eux.
Je n’ai pas arrêté pour le moment mon programme de courses : je voulais confirmer l’intérêt de ma régénération , et refaire toutes mes “gammes” sur routes et chemins ; j’ai repris avec la pratique après 13 ans d’absence sur ce type de courses, entre 5 et 10 kilomètres, et avec le plaisir de recourir à des allures “oubliées” par mon corps, depuis ces années là !
Ma véritable reprise s’est effectuée récemment lors de la course de l’escalade à Genève sur près de 5 kms de course (!) et mon résultat ainsi que mon temps réalisé me laissent beaucoup d’espoirs pour 2011.
Normalement, et dans un premier temps, j’espère pouvoir courir avec mon club de Saint Julien en Genevois les différents championnats de cross jusqu’aux France, fin février.
5/ que peut-on te souhaiter pour 2011 ?
Que mes collègues médecins restent dans leurs cabinets !!
Mon équilibre global de vie est non seulement dépendant de tout ce que nous mettons en place avec Bruno, et les enfants, mais aussi de la volonté ou non, de mes confrères, à ne pas déserter la campagne car le travail ne manque pas actuellement et il m’est de plus en plus difficile de trouver une heure ou deux pour aller m’entraîner !!
Moyennant quoi, j’espère pouvoir continuer à me préparer sereinement, et pouvoir porter un dossard lors du prochain l’UTMB, avec la sensation de pouvoir, à nouveau, me faire plaisir !
Photo : Bruno Tomozyk
novembre, 2024
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