Entretien avec Seb Chaigneau (The North Face), l’une des figures emblématiques de l’ultra trail Français avec Julien Chorier, comme peut aussi l’être Karine Herry chez les dames.
Un palmarès qui serait trop long à détailler mais le grand public retient sa 2ème place à l’UTMB® en 2009 et la troisième en 2011.
Il s’est imposé cette année à la Transgrancanaria et vient de prendre une belle seconde place au Lavaredo Ultra Trail derrière Iker Karrera, l’un des favoris de cette édition 2012.
Tout d’abord, dans quelles dispositions physiques et psychologiques abordes tu cette 10ème édition de l’UTMB® ?
Pour ce qui est du coté physique j’y reviendrai par la suite, pour le coté psychologique c’est assez amusant car je n’ai pas la pression qui monte comme les années précédentes.
Je pense que je n’ai plus grand chose à prouver sur cette course, mis à part à moi même, je ne me mets plus de pression et ceci depuis 2010 où j’ai compris pas mal de choses sur cette épreuve qui avait été modifiée en raison des mauvaises conditions météorologiques.
Tu as été victime d’une lourde chute il y a quelques jours, lors d’un repérage, comment va ton genou ?
J’ai donc pris une mauvaise « gamelle » il y a quelques jours avec une plaie au niveau du genou qui a entrainé une intervention chirurgicale avec anesthésie, au centre orthopédique de Sallanches pour nettoyer la plaie et la recoudre (25 points de suture).
J’ai été immobilisé durant une dizaines de jours et j’ai ensuite repris par de la marche, puis à trottiner tranquillement.
Sur le coup j’ai pensé que, pour moi, ma saison était terminée et que pour revenir je risquais de mettre pas mal de temps comme je ne suis plus tout jeune…
Ensuite lorsque nous avons fait les radios de contrôle, je me suis dis que dans mon malheur j’avais eu beaucoup de chance car aucun tendon et ligament n’avaient été touchés. J’ai au moins l’avantage de ne pas trop en souffrir.
Au fur et a mesure de ma convalescence et jours après jours, j’ai repris espoir et il y a quelques jours, après avoir fait quelques séances de reprise je me suis dit que je pourrai être au départ, sans prétention aucune bien entendu…
Tu as réalisé en 3 ans deux énormes performances en te classant 2ème et 3ème, est-ce une pression supplémentaire pour essayer de décrocher une victoire ?
Non, car comme je l’ai expliqué, je vais déjà pouvoir prendre normalement le départ, et ça c’était tout simplement inespéré, il y a encore quelques jours.
Ensuite, chaque année est différente et ne se ressemble pas donc il faut arriver en forme et sans blessure sur la ligne de départ et ensuite réaliser une belle course, bien gérer, pour ensuite espérer quoi que ce soit…
De plus, la victoire, comme je l’explique régulièrement, n’est pas un but pour moi c’est plus un défi de temps de course que j’aimerais réaliser… Bon, c’est évident que si ça passe, je devrais être pas trop mal classé au final !
Je cherche à prendre du plaisir avec les autres coureurs et à faire de mon mieux ce jour là, à ce moment là.
Quel regard portes tu sur cet événement que tu as vu grandir au fil de ta carrière ?
En fait j’ai vu l’ensemble de l’évolution, mis à part 2004 et 2005 où je n’ai pas pris le départ.
Je pense qu’il y a plusieurs facteurs qui ont fait que cette course a pris une telle ampleur :
La première, et pas des moindres, c’est le Mont-Blanc qui reste le toit de l’Europe, ensuite une belle organisation qui a su faire les changements et prendre les décisions nécessaire aux bons moments. Il y a aussi un plateau de coureurs exceptionnels tous les ans venant des 4 coins du monde. Cela attire forcément la presse. Et donc il y a cet engouement journalistique qui a fait « prendre la sauce » auprès des coureurs et qui a permis de médiatiser et de faire reconnaitre cette épreuve comme incontournable au niveau mondial.
Il y a un facteur important qu’il ne faut pas non plus négliger dans cette alchimie, c’est l’équilibre entre le coté technique et la difficulté du parcours, ainsi que la beauté des paysages.
Il y a de plus en plus d’épreuves sur « le marché » du trail et de l’ultra et très souvent les organisateurs se demandent pourquoi une épreuve fonctionne ou pas.
En fait c’est cet équilibre entre la distance et le dénivelé qui est souvent rompu et qui a tendance à dégouter les coureurs, mais ceci est un autre sujet…
Comment juges tu l’évolution de cette discipline qui devient "incontournable" si on veut se prétendre trailer ?
Je pense que tout le monde veut participer à la fête même si c’est une épreuve difficile longue et que les traileurs ont tendance à oublier que ce tour là ce réalise normalement en 7 jours et que de finir dans les 46h est déjà un exploit en soi.
Maintenant je pense que n’importe qui peut se prétendre trailer à partir du moment où il prend plaisir à courir sur des sentiers en pleine montagne. Si l’on pousse à aller toujours plus loin, qu’ on se lance dans la course aux kilomètres on va encore une fois « élitiser » une discipline et cela la poussera à sa perte comme le raid l’a vécu ces dernières années.
Quels derniers conseils donnerais-tu pour la dernière semaine ?
Prendre le temps de bien récupérer, faire le plein de sommeil et ne pas se prendre trop la tête.
Il faut faire le plein de sommeil pour pouvoir participer à la fête et ce n’est pas en faisant d’autres séances d’entrainement que vous changerez la donne….à part peut-être vous fatiguez un peu plus !!!
Bonne chance a tous faites vous plaisir et rester humble vis a vis des autres coureurs, de la nature et surtout de la montagne…elle vous le rendra…
Par Fred Bousseau
novembre, 2024
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