Quatrième et premier Français de cette classique suisse de 31 km remportée par Kilian Jornet en 2h31’34’’, ce jurassien a surpris. Outre cette position, il a également amélioré le meilleur chrono jamais réalisé par un tricolore sur ce parcours cumulant 2 200 mètres de dénivelé en positif et 800 en négatif, puisque grâce à ses 2h34’56’’, il a effacé des tablettes les 2h39’10” de Philippe Gachon, qui avaient été réussies en 1981.
Pourtant cette performance s’explique. En effet, champion du monde de course d’orientation (CO) en 2011 et 3e sur le podium l’an passé, François Gonon, 35 ans, s’avère un athlète de haut niveau.
. Quelles motivations vous ont poussé à relever ce défi ?
Je connaissais la réputation mythique de cette épreuve de montagne. Il s’agit de l’une des plus belles relativement à ce format. Donc, j’avais envie de la courir au moins une fois dans ma carrière. De plus, je connais bien le vainqueur 2013, que je côtoie en CO depuis une quinzaine d’années. Comme il m’en parle souvent, cela m’a motivé à participer. Aussi, comme je n’avais pas de d’échéance en matière de CO à cette période, j’ai enfin saisi l’opportunité de m’y rendre.
Comment avez-vous abordé cette compétition ?
Même si en CO les formats sont plus courts, quelque part il y a peu de différences par rapport à la préparation. A l’instar des meilleurs spécialistes du trail, je m’entraîne 2 à 3 fois par jour et l’hiver, il m’arrive d’effectuer des sorties de 4 heures en ski de fond. De plus, lorsque je dispose de trous dans la saison, je prends part à des trails de 12 à 15 km dans le haut Jura. Ce qui m’apporte un plus en CO. Et en 2011 et en 2013, mi-octobre je me suis aligné au trail des 7 Monts, que j’ai gagné et qui avec ses 31 km et son profil présente pas mal de similitudes avec le tracé de Sierre-Zinal. Néanmoins, j’appréhendais la durée de l’effort. Si jusqu’à 1h45’ je me sens à l’aise, au-delà en course à pied je n’ai pas l’habitude. Donc, histoire de m’acclimater à l’altitude et de procéder à une forme répétition, la semaine avant Sierre-Zinal j’ai couru Thyon-Dixence, une course en montagne de 16,5 km, où j’ai pu retrouver Kilian Jornet. J’ai fini 3e. Puis je me suis rendu à Zinal, où j’en ai profité pour reconnaître le parcours, que j’ai accompli en 3 séances.
Quelles impressions conservez-vous de Sierre-Zinal ?
Déjà, ce qui me faisait peur, c’était le dénivelé. Si en CO, il nous arrive d’être confronté à des circuits comportant un enchaînement de montées et descentes, jamais elles dépassent rarement 500 mètres. Là, c’est impressionnant. Et vu le temps de course, il faut prendre en compte des paramètres tels l’hydratation et la nutrition. J’ai trouvé le départ très violent. Cependant, j’ai pu suivre la tête de course. En haut de la première bosse l’Américain Joe Gray s’est échappé. Une fois parvenu vers Chandolin au 12e km, c’est devenu plus roulant et avec Killian Jornet nous sommes partis. Je me sentais vraiment à l’aise. Mais une fois le Weisshorn atteint en 1h50’ au 20e km, j’ai commencé à souffrir de crampes au niveau des ischio-jambiers. Kilian m’a quitté et le Suisse César Costa m’a repris sur la fin dans la dernière descente. Dans les derniers km, j’ai payé mon manque d’entraînement. J’étais court en distance. Sinon, je garde un super souvenir de mon séjour et j’ai réalisé un rêve que de nombreux spécialistes du trail aimeraient vivre. Je me souviendrai toujours de cette chevauchée aux côtés de Kilian.
Ne songez-vous pas à vous reconvertir dans le trail, ou la course en montagne ?
Là, j’ai démontré que je peux être compétitif, mais la CO reste ma passion même si je trouve le trail ludique et que j’apprécie d’avoir rencontré des athlètes d’un autre milieu. Mais naviguer en pleine forêt avec une carte me fait plus vibrer. La CO s’avère le sport nature par excellence, car l’on évolue carrément hors de tout sentier. Donc, je vais continuer à m’investir à 100% dans ce sport, avec en ligne de mire les France à Gap fin août et les mondiaux 2015 en Ecosse.
Parvenez-vous à vivre de la CO ?
Oui, je suis professionnel. J’ai signé avec un club suédois de Göteborg et j’ai des partenaires, qui me soutiennent : Notamment la station de ski des Rousses, où j’ai concouru à la création de différents parcours de CO adaptés tant aux enfants, qu’aux adeptes de cette discipline. Ce qui permet de la promouvoir. Enfin, je suis un ambassadeur du département du Jura.
Sierre-Zinal 2014 : compte rendu, réactions d’avant course, galerie photos et résultats ICI
Par Christophe Rochotte – ©photos Fred Bousseau
novembre, 2024
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