Jim Walmsley, grand favori de la Western States (100 miles, soit 166 km), est parti sur des bases démesurées –alors que les conditions étaient extrêmes- avant de se résoudre à abandonner le 26 juin dernier. Dans une interview à Runner’s World, il est revenu sur sa « folie », un an après ses désagrément sur la même course…où il faisait aussi figure de favori.
L’Américain sera en lice à l’UTMB en août prochain.
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L’an passé, Jim Walmsley était parti sur des bases plus rapides que le record de la course, 14h46’44’’, établi par Timothy Olson en 2012. Mais au kilomètre 150, il s’était perdu et avait terminé la course 20e…en 18h45’36’’.
Le 26 juin, alors que Kilian Jornet ébaubissait une nouvelle fois la planète trail en s’imposant au marathon du Mont-Blanc, Jim Walmsley a lâché les chevaux dès le départ de la WS, nonobstant des conditions climatiques très difficiles (neige, glace et boue), partant sur des les mêmes bases démoniaques que l’année dernière.
« Je suis passé au 16e mile (25e km) une minute plus vite que l’an dernier, mais j’étais beaucoup mieux qu’en 2016 » a-t-il expliqué à Runner’s World (A LIRE ICI).
Erik Clavery : « J’ai beau avoir eu de nombreux conseils et information sur la course, la difficulté est bien réelle et la chaleur encore plus présente que ce que je pouvais penser »
Puis, une très grosse chaleur a “pris le relais“, ce qui n’a pas empêché l’Américain de poursuivre sur le même rythme, qui voulait absolument s’approprier le record. Peut-être galvanisé par la caméra l’ayant suivi toute la course en vue de préparer un documentaire à son égard ?
« Je voulais vraiment ralentir l’allure, prend un rythme plus tranquille et vraiment prendre soin de moi. Je voulais prendre un peu plus de temps lors des ravitaillements pour ralentir ce rythme, mais les temps de passage étaient toujours très bons. D’habitude, c’est une bonne chose et c’est cool, mais cela a entraîné ma perte. Ne pas être capable de ralentir signifiait que j’étais en surchauffe. Aux environs de Devil’s Thumb (mile 48 ; kilomètre 77), il faisait vraiment chaud. Michigan Bluff (mile 55, km 88) est une rude montée, et j’étais assez fracassé au sommet » a relaté celui qui fut élu meilleur ultra runner US 2016, cumulant cette année-là neuf victoires en onze courses, avec cinq records à la clé.
Au mile 55, il menait les débats avec 56’ d’avance sur son premier poursuivant !
« Je veux me pointer à l’UTMB et jouer la victoire si possible »
Walmsley poursuivit son chemin. « Quand vous arrivez à Michigan Buff, vous ne pensez qu’à arriver à Forest Hill (mile 62, km 100). Tout le monde est là-bas. C’était un super moment, qui donne du baume au cœur ».
Après avoir changé et chaussures et chaussettes, il se lançait sur le dernier tiers du parcours, épaulé par son pacer Tim Freriks, alors que l’écart avec le reste du peloton commença à décroître à partir de ce moment précis. « J’étais très excité de partager quelques miles avec lui ».
Mais « Forest Hill fut le début de la fin ». Car les effets de la chaleur commencèrent à se faire sentir (pas loin de 40 degrés à certains endroits). « Des miles 40 à 60, probablement à cause de la chaleur, mon estomac n’était pas top et je n’ai pas pu manger autant de calories qu’il aurait fallu ».
L’hypo guettait. Jim Walmsley s’alimentait donc à Forest Hill…avant de tout « dégueuler » dans la foulée, « devant beaucoup de monde. Je me suis dit que c’était le pire endroit pour vomir. Après, je me suis senti mieux, mais l’inconvénient, c’est que mon corps n’avait pas ingurgité les calories nécessaires ».
« C’est très décevant, tu ne veux pas abandonner, mais les choses allaient de pire en pire »
Ensuite, l’Américain progressait davantage en marchant qu’en courant. Avec son pacer, ils s’arrêtèrent à chaque point d’eau afin de se rafraîchir. « Si vous faîtes cela, vous pouvez commencer à mieux digérer la nourriture » assure cinq jours après t-il à Runner’s World.
Mais la chaleur cognait sévèrement. Après s’être alimenté, il vomit derechef (mile 78, km 125). Il s’assit alors, alors que des bénévoles lui mettaient de la glace sur les genoux. « Je ne savais pas quoi faire. J’avais juste besoin de m’asseoir » narre celui qui quelques jours plus tard arborait une nouvelle coupe de cheveux, suite à un pari perdu à la suite de la WS (« J’avais parié que je ne perdrais pas une course cette année »….)
Dix minutes plus tard, il repartit en marchant vers la rivière, sise cinq miles plus loin. « Mentalement, ce n’est pas bon de marcher autant. Nous avons fait deux ou trois miles que Ryan Sandes nous rattrape. Il allait vraiment bien ».
Jim Walmsley, lui, n’avait qu’un but : rallier la rivière pour y patienter jusqu’à ce que les choses redeviennent (à peu près) normales.
« Ne pas continuer à tout prix a été une bonne décision »
Arrivé à ladite rivière, « je me suis juste allongé. J’ai dit : “Mec, je n’en peux plus (…) Mon estomac était dans un état terrible. J’étais vraiment en mauvaise posture et mes muscles étaient explosés ».
A 22 miles du but, il décidait donc de stopper la course. « Les gens ont vraiment apprécié l’effort que j’ai fait, et le fait que je parte en solo. C’était cool, car c’était comme si les autres concurrents m’encourageaient. Il y avait une grosse équipe pour tourner un film qui me suivait. C’est très décevant, tu ne veux pas abandonner, mais les choses allaient de pire en pire ».
Après avoir passé une heure avec les secours au ravitaillement, il fut autorisé à les quitter. « Ne pas continuer à tout prix a été une bonne et mature décision. J’ai vomi à tout va le reste de la nuit, puis la journée suivante. Ce n’est pas la seule course de ma vie, et je ne pense pas que j’aurais pu retrouver mes moyens vu dans l’état dans lequel mon estomac se trouvait. A posteriori, ce n’était pas une bonne stratégie (de partir si vite), vu les conditions et le temps. J’ai échoué à changer mon plan de course pendant la course. C’est ce que le manque d’expérience sur 100 miles montre vraiment ».
Mais en réponse à la question suivante, Jim Walmsley glisse : « Je vais devoir oublier et avancer. Là, c’est une mauvaise course, et une mauvaise expérience. Je ne projette pas de changer quoi que ce soit ou d’ajuster mon plan pour faire un top 5 à l’UTMB. Je veux me pointer là-bas et jouer la victoire si possible. Je suis maintenant focalisé pour être compétitif là-bas. Je dois être plus flexible en m’adaptant davantage durant la course ».
Avant de conclure. « Je reviendrai sûrement l’année prochaine sur la Western States ». Avec un nouveau départ canon, jamais deux sans trois ?
Ryan Sandes, première en cinq tentatives
Au final, c’est le Sud-Africain Ryan Sandes qui s’est imposé en 16h19’37’’, à sa cinquième tentative. Il a devancé d’une demi-heure les Américains Alex Nichols (16h48’23’’) et Mark Hammond (16h52’’57).
Premier tricolore, Erik Clavery a pris la 16e place (19h46’15’’), juste derrière la première féminine, Cat Bradley (16h31’30’’, 15e au scratch donc), et crédité du même chrono que la deuxième, l’Américaine Magdalena Boulet.
De son côté, Thomas Lorblanchet a pris la 55e place (23h15’38’’).
C’était « infernal » a souligné Erik Clavery sur sa page Facebook. « La satisfaction d’en être venu à bout malgré mes quelques déboires n’enlève pas ce goût d’inachevé. Aucune excuse puisque tout a été bien préparé. De l’entraînement à l’alimentation, de l’acclimatation au staff sur place.25 km de marche forcée dans le final en raison d’un coup de chaud, le tout à cause d’un bidon d’eau percé (700ml) m’ont imposé de parcours les 25 km les plus dures de la course (chaleur et dénivelé autour du bien nommé “Devil Thumbs”) avec seulement un bidon de 330ml…J’ai beau avoir eu de nombreux conseils et information sur la course, la difficulté est bien réelle et la chaleur encore plus présente que ce que je pouvais penser ».
Les résultats de la Western States 100 : ICI. http://www.wser.org/results/2017-results/
novembre, 2024
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