Grand Raid Réunion – Les conseils de préparation de Sissi Cussot

Le Grand Raid Réunion est un terrain, une ambiance, et une atmosphère très spécifique, qu’il est nécessaire d’anticiper bien avant le Jour J. Sissi Cussot connait parfaitement tous ces sentiers, et cette course. Elle nous livre ici quelques précieux conseils pour bien appréhender l’évènement…   Sissi, qu’est ce qui t’a le plus marqué en débarquant sur l’île ? Et Comment t’es-tu adaptée au terrain réunionnais ?  La première fois que j’ai posé le pied sur cette île, c’était fin janvier 2020, j’arrivais du froid hivernal de la Métropole … donc forcément, j’ai d’abord été assommée par cette chaleur humide assez déroutante au départ ! J’ai compris ma douleur quand je suis allée courir entre midi et deux à Étang Salé ce premier jour de mon arrivée. Tout le monde m’a prise pour une folle ! Ensuite il y a eu la rencontre avec la culture créole, les couleurs lumineuses de cette île, cette énergie incroyable qu’il en ressort, tant de la Nature que de ses habitants.  Ce qui est fabuleux, c’est que l’Homme s’adapte à tout quand on lui laisse le temps et qu’on y va progressivement ! Au départ, on découvre, on s’émerveille, on tâtonne, on prend nos marques …sans prises de risques. Puis après, on prend un peu plus la confiance et on prend quelques gamelles ! Donc on comprend vite qu’il ne faut pas brûler les étapes, et surtout qu’il faut rester humble face à ces pentes réunionnaises si vertigineuses ! L’adaptation vient avec l’expérience. Il n’y a pas de secret, il faut pratiquer pour se familiariser et réussir à se sentir plus à l’aise « là- dedans » ! En quoi le terrain réunionnais est-il différent de celui que l’on connaît en Métropole ? Alors attention, sur l’île, on peut tout de même trouver des terrains qui ressemblent à ceux que l’on trouve en Métropole, notamment quand on reste près des côtes, comme à Étang Salé, la Savane de Saint Paul ou de Saint Leu, la pointe du diable à Saint Pierre … mais voilà, il faut quand même composer avec cette chaleur humide très écrasante, qui limite l’effort et oblige à aller moins vite. Après, dès qu’on entre dans les cirques, oui, on est sur quelque chose de bien différent de ce qu’on trouve chez nous. Les pentes sont plus raides, glissantes, souvent remplies de racines, cailloux ou autres éléments perturbateurs qui nécessitent d’être toujours super vigilants ! Surtout en descente … avec ces grands bonds à faire régulièrement pour “avaler” ce D- parfois assez impressionnant et très cassant !
Grand Raid Réunion
A ton avis, quels axes doit-on travailler pour apprivoiser au mieux les spécificités du terrain réunionnais ? Dans l’optique d’une préparation Diagonale des Fous, déjà, il faut s’habituer à faire du dénivelé sans bâtons, puisqu’ils sont interdits sur cette course ! Ensuite, il faut s’habituer à courir dans la chaleur, et si possible en milieu humide. Enfin, je pense qu’il faut apprendre à “bien” marcher, et surtout à bien savoir le faire dans le pentu ! Parce que finalement, dans ces grandes pentes raides réunionnaises, on est très souvent obligé de passer en mode marche tellement les pourcentages sont impressionnants ! Il y a plusieurs techniques de “marche efficace”. À chacun de trouver la sienne en fonction de sa foulée ! Travailler les relances peut être intéressant aussi, pour justement avoir la capacité à repasser en mode course dans les portions où le terrain le permet. Ça alterne beaucoup finalement sur ce type de parcours ! Donc pour résumer : faire du raide, du technique, du long, … sous la chaleur ! Le GR20 en plein été par exemple ! Quels conseils généraux donnerais-tu aux trailers « continentaux » qui préparent le Grand Raid ? Je crois que le secret pour réussir un Grand Raid, c’est : être endurant, être puissant, être régulier et gérer les descentes sans trop se « cramer » ! Donc faire du long, des randos-courses, avec des gros dénivelés. Et pour la puissance, faire du renforcement, du vélo, du gainage. C’est important pour permettre au squelette et au muscle de bien appréhender le dénivelé. En terme de terrain qui se rapproche en Métropole, on peut trouver le Caroux par chez nous. La Corse, bien technique aussi. Et puis je crois que dans les Pyrénées ou le Beaufortain, on n’est pas si mal non plus ! Pour toi quelle est la (ou les ) principale (s) difficultés du GRR auxquels les trailers doivent faire face ? Déjà, je crois que comme tout ultra, il faut prendre le départ bien préparé, et surtout avoir conscience qu’à un moment, ça va être dur, et qu’il va falloir par passer par des moments où on va devoir serrer les dents. Mentalement, ce travail est important à faire à mon sens. Sinon, on peut prendre le coup de “moins bien” en pleine face sans réussir à le gérer. L’anticiper, c’est déjà une façon de mieux le gérer ! Ensuite, vous savez qu’il va faire très chaud, donc il suffit de le prévoir et s’équiper en conséquence.  Il faut aussi apprendre à prendre du plaisir à avancer lentement ; ça peut être bête à dire, mais clairement, avec ces pentes raides, les allures sont moins rapides, et on va quand même beaucoup moins vite. C’est perturbant au départ. Parce que nous, les coureurs, on aime cette sensation de vitesse ! Mais dites-vous que si vous avez l’impression d’avancer lentement, c’est pareil pour tout le monde ! Et puis on l’a assez répété précédemment : gérer les longues pentes raides et techniques en restant vigilants, prudents et … patients ! Attention aux 30 premiers kilomètres très roulants ; ça serait dommage d’arriver au 40e kilomètre déjà « cramé » ! Il reste encore de la route après. Et pas le plus facile ! Les erreurs à éviter quand on arrive de Métropole pour le GRR ? Toutes les erreurs font avancer, et une fois qu’on les a faites, on ne les refait plus !  Il ne faut déjà pas passer son temps à regarder sa montre et ses allures ; car c’est incomparable avec ce qu’on fera en Métropole. Je crois qu’il faut aussi se déconnecter un peu de la performance, pour se reconnecter à cette Nature si particulière sur cette île. Profiter et savoir s’émerveiller !  Encore une fois, ne pas culpabiliser de marcher plus que d’habitude. Marcher ce n’est pas tricher ! Moi la première, j’ai mis du temps avant de l’intégrer ! Recueilli par Luc Beurnaux

mai, 2024

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