Le nantais Erik Clavery vient de battre le record de la traversée des Pyrénées avec assistance par le GR10 de plus de 3 jours. La marque précédente appartenait à Thierry Corbarieu depuis 2018 en 12 jours et 10 heures. Parti le 5 juillet à 18 heures 20 de Banyuls sur la côte méditerranéenne, le spécialiste de l’ultra distance en trail et sur route est arrivé à Hendaye à 3h30 du matin le mercredi 15 juillet.
Il établit un nouveau chrono référence en 9 jours 9 heures et 12 minutes (voir données ci-dessous).
Humble, discret, peu adepte des réseaux sociaux, Erik Clavery est pourtant bien connu dans le monde du trail et de l’ultra endurance et affiche aujourd’hui un palmarès des plus éclectiques et qui force l’admiration. Champion du monde de trail en 2011, 6ème et 8ème de l’UTMB®, deux fois 4ème au Grand Raid de la Réunion, 5ème du marathon des sables, champion de France et recordman de France 2019 du 24 heures avec une marque à 272.217 km.
Il a aussi remporté Grand to Grand aux Etats-Unis en 2017 (273 km), la SaintéLyon, l’Ecotrail de Paris, La Transmartinique et de nombreuses places d’honneurs aux Templiers, Transvulcania…
Confiné à Nantes mais pas inactif
Même si Erik avait annoncé un objectif de 10 jours de traversée, il espérait toucher l’océan le jour de la fête nationale, soit en moins de 9 jours et 6 heures. Mais la fatigue accumulée dans la semaine et une légère entorse de la cheville ne lui ont pas permis finir aussi vite qu’il l’aurait voulu. Peu importe, le pari est réussi, d’autant que sur un tel parcours, peu de spécialistes lui accordaient une réelle chance de rallier l’arrivée, surtout après une longue période de confinement qui l’a privé d’entraînement en terrain spécifique.
Dans la région nantaise, Erik a dû se contenter d’entraînements sur tapis roulant (avec possibilité de travail en pente), de home-trainer, et de renforcement musculaire.
Prévu le 10 juin, le départ a été repoussé au 5 juillet, lui permettant ainsi 4 jours de reconnaissance pour éprouver sur le terrain la stratégie mise en place sur le papier.
Gérer l’imprévu
Il a démontré de grosses qualités physiques sur tous les terrains et de réelles aptitudes sur les courses à étapes. Pourtant, il savait que cela ne suffirait pas sur un tel projet. Rien ne sert d’avoir le physique si la tête ne tient pas et si les habiletés mentales ne viennent pas catalyser la performance. Ainsi, la capacité d’adaptation et de gestion des imprévus est vitale. Par exemple, sur sa première étape, Erik annonçait vouloir réaliser 160 km. Mais la chaleur et la technicité du parcours du pic du Canigou en ont décidé autrement. Finalement, il se contentera de 125 km avant de goûter à un sommeil réparateur, même si les 2 premières nuits furent compliquées. En beaucoup d’autres passages, en raison du terrain, de la météo ou de la fatigue, Erik a dû réajuster ses prétentions et composer avec le réel en passant parfois par des phases passagères de déprime.
3.8 km/h de moyenne / 91 km et 6000 d+/d- par jour
En validant les 860 km et 55 000m d+ de traversée en 9 jours, 9 heures et 12minutes, Erik a parcouru quotidiennement en moyenne 91 km et 6000 d+/d-. La vitesse moyenne de 3.8 km/h tient bien évidemment compte de tous les temps de pause. Mise à part la première nuit où il a continuellement progressé, il s’est ensuite autorisé des nuits de 4h à 5h, en stoppant son effort vers 11h et en repartant vers 4h du matin. En journée, Erik a réalisé des micro-siestes de 20-30 minutes maximum. Ainsi, il a fourni journalièrement 18 heures d’effort par jour. Ses suiveurs ont été étonnés par sa régularité, notamment dans les montées raides avalées à 4 km/h du premier au dernier jour. Côté météo, la montagne l’a laissé passer même si la chaleur des 4 premiers jours a été difficile à gérer tout comme les orages du 9 juillet. Mais à part un abri forcé en refuge pendant 20 minutes, cela n’a que peu ralenti la progression d’Erik.
L’assistance, la clé de voûte du record
Ce type de projet nécessite en amont une organisation pointilleuse et une assistance expérimentée sur le terrain. Nutrition, soins des pieds, massages, affaires de rechange toujours sèches, paroles réconfortantes… sont indispensables à la réussite. Beaucoup de coureurs et amis sont venus partager cette aventure avec Erik car au-delà du défi, c’est bien cette communion avec les autres qui était recherchée. Pour autant, Erik a toujours porté son matériel d’ultra traileur (bâtons, sacs avec tout le nécessaire pour évoluer de longues heures en montagne…) et il a respecté scrupuleusement le tracé du GR 10. La balise (dotvision) et son GPS de montre (Spartan Ultra) authentifient sa trace.
Bien entendu, un record est fait pour être battu et Erik est très intéressé pour savoir qui s’y attaquera. François d’Haene ? En attendant, place à une longue période de récupération, le prochain objectif officiel d’Erik Clavery sera le championnat du monde de 24 heures en Roumanie en mai. 4ème en 2019, Erik ira à Timisoara avec de grandes ambitions et la volonté de déplacer ses limites physiques et mentales.
Par Pascal Balducci et Fred Bousseau – ©Facebook Erik Clavery
Selon la trace GPS de la traversée – données dotvision
Le point le plus à l’Est avant le départ est horodaté du 5/7/20 à 18:21:28
Le point le plus à l’Ouest avant de « rayonner » sur le trottoir est horodaté le 15/7/20 à 03:33:26
Cela fait donc 9 jours 9 heures et 11 minutes et 58 secondes (à +/- 30 secondes près)
novembre, 2024
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