Le ciel devait être voilé. Cette journée de dimanche a au contraire éclaté sous un franc soleil, offrant peu d’ombre et de fraîcheur aux athlètes sur les 23 kilomètres de garrigue drômoise. Le niveau, on s’en doute pour cette seconde édition des championnats de France de trail, était très relevé, le départ très précipité et les surprises nombreuses.
Chez les hommes, la course était jouée dès le début pour Cédric Fleureton, ancien triathlète de haut niveau, qui n’a jamais été inquiété par ses poursuivants et termine en grande forme en 1h39min44s. Derrière, les deuxième et troisième place se sont dessinées dans la descente après la mi-parcours. Bertrand Brochot et Benjamin Bellamy flirtant l’un avec l’autre, c’est l’Ariégeois qui a finalement eu raison de la baisse de forme du sociétaire du Ventoux Trail Club, vainqueur sur cette même épreuve en avril dernier (en respectivement 1h41min48s et 1h42min27s). Chez les filles, la surprise est venue d’Aline Camboulives, en tête pendant la première partie de course et finalement forfait à cause d’une mauvaise chute dans la dernière descente (fracture de l’humérus). Une défection malheureuse qui a profité à la vice championne du monde de course en montagne, Christel Dewalle, qui, malgré une angine et sa hantise des descentes – trop à son goût sur la première partie du parcours – termine à Buis-les Baronnies sous la barre des deux heures en 1h58min. La très éclectique Christelle Monier, licenciée à Narbonne, termine en 2h1min19s et Célia Chiron, présente comme Dewalle sur les championnats du monde de course en montagne, termine à la troisième place, en 2h3min56s, seulement cinq mois après avoir donné naissance à un petit garçon.
Les réactions
Cédric Fleureton : « J’avais fait le choix de partir vite. Ce n’était sans doute pas une bonne stratégie pour moi, mais je voulais m’amuser, je voulais me tester et les sensations étaient là. Rapidement, j’ai été tout seul devant, tout le temps, je n’ai pas vraiment eu de coups de moins bien, à part sur les deux derniers kilomètres – le bitume, je suis pas trop habitué. C’est ma 4e course d’affilée, j’ai réussi à bien gérer entre chaque course, à lever le pied, même si c’est dur quand on est un sportif de haut niveau. Mais bon, je me suis écouté et ça a payé au final. J’ai une foulée tonique, puissante, qui colle bien course montagne, j’ai gardé ça dans un coin de ma tête pour ce championnat. Ce qui est bien, c’est que je me suis fait plaisir du début à la fin. »
Benjamin Bellamy : « On est partis un peu vite avec Cédric qui a mis quelques banderilles. On lui a répondu pour la beauté du geste mais on savait que Cédric était au dessus du lot. Avec un coureur de Clermont, on s’est relayés jusqu’au ravito. Un peu avant, j’ai vu que Brochot nous rattrapait. Au ravito, il nous passe devant, ça a été dur car il m’a un peu lâché, en même temps, derrière, ça a sauté, alors je mesuis accroché, j’ai toujours gardé Brochot en point de mire, puis dans la descente, j’ai bien relâché et je l’ai rattrapé, j’ai pris un peu d’avance. Mais dans la partie technique, au niveau du camping naturiste, ça été plus dur. J’avais les cuisses dures, chaud, soif, je me suis pris une branche dans la tête, des cailloux dans les pieds, j’ai eu peur des crampes, bref, la fin a été difficile. Mais quand j’ai vu que, derrière, ça revenait pas, j’ai savouré les derniers kilomètres. Après les Europe de course en montagne, je suis vraiment content que cette saison se termine par ce podium, même si c’est mon quatrième titre de vice-champion de France. Il faudra qu’un jour je pense à monter sur la plus haute marche (rire). »
Bertrand Brochot : « J’étais troisième quasiment tout du long sauf à mi parcours où je suis passé deuxième un moment. On était ensemble avec Benjamin au ravito, je l’ai repris dans la descente pendant quelques mètres, mais il descendait beaucoup mieux que moi, j’avais mal aux pieds, soif, je me suis accroché pour conserver cette troisième place. Mon temps était meilleur aujourd’hui (1h42 contre 1h45 en avril), mais le circuit était aussi un peu différent. Le fait de connaître le parcours me donnait des repères pour attaquer, mais devant c’était déjà parti fort, alors il n’y avait plus qu’à suivre et à s’accrocher. »
Le podium féminin
Christel Dewalle : « Le départ a été brutal. Du coup, on n’a pas vraiment réalisé avec les autres filles. Aline Camboulives s’est détachée assez vite. Je l’ai accrochée, je n’étais jamais loin, mais la différence, c’est que lorsqu’elle courait sur certaines portions, je marchais… J’ai beaucoup marché d’ailleurs, pour récupérer pour les relances. Ca m’a aussi permis de trottiner dans des pentes que je ne pensais pas pouvoir courir. Mais, j’ai galéré dans les descentes ! Et Aline a bien compris qu’elle avait un ascendant psychologique sur moi. Je suis quand même déçue (pour la chute d’Aline), je sais que c’est le jeu, moi même je n’ai pas fini à Gap l’année dernière à cause d’une hypoglycémie, mais j’aurais préféré que ça se passe autrement, gagner le titre en l’ayant toujours dans la course. »
Christelle Monier : « Blessée fin juin, j’ai dû me mettre en arrêt 8 semaines et recommencer fin août, sans auccune confiance, à part mon coach. J’ai beaucoup marché aujourd’hui… Je tire mon chapeau à celui qui court partout ici. J’étais 3e pendant longtemps. La deuxième, je ne la voyais pas. Pendant au moins 15 km, je n’ai pas su à quelle place j’étais, et quand je l’ai su, l’adrénaline a fait effet. Je me suis accrochée. Mais quand j’ai vu Aline blessée, je ne savais pas quoi faire, m’arrêter ou continuer, j’ai finalement prévenu quelqu’un. C’est elle qui aurait dû être devant. Une 3e place aurait été très satisfaisante ! »
Célia Chiron : « Je rêvais d’être dans les 5 premières. Le plateau était très relevé. Je voyais bien Christel, Aline et Elisa sur le podium. J’ai toujours été 4 apparemment sur la course. C’est vrai qu’avec Céline (Lafaye), ça s’est joué à peu. J’ai accéléré dans la descente et je me suis dit qu’il fallait tout donner, que le troisième place n’était jamais inaccessible. Juste au début de la descente, quand j’ai vu qu’Aline était à l’arrêt à cause de sa chute, je suis passée troisième. C’est vraiment génial ! »
Céline Lafaye, première provisoire du TTN court, termine à la quatrième place en 2h6min49s. « La peur d’avoir des crampes dans la dernière descente et sans doute un manque de fraîcheur m’ont fait terminer comme j’ai pu. »
(Lire son interview d’avant course ICI)
Pour sa troisième participation sur le TTN court, Séverine Bovéro, deuxième actuellement du TTN court, a elle aussi accusé le coup à cause d’un départ rapide et de la chaleur plombante. La Stéphanoise termine sixième en 2h9min32s, à trois minutes de Céline Lafaye. « Je suis contente de ma place car c’était une course très relevée. J’étais quatrième à un moment, et puis, je me suis fait passer par Célia Chiron et, sur la fin, par Corail Bugnard… elle a toujours de bonnes jambes pour finir ! ».
Texte et photos Nathalie Mathieu
LES RESULTATS DU CHAMPIONNAT DE FRANCEDE TRAIL COURT 2014 ICI
Retour complet sur les Championnats de France de Trail Long 2014 ICI – hommes (compte rendu, réactions et résultats).
Retour complet sur les Championnats de France de Trail Long 2014 ICI – femmes (compte rendu, réactions et résultats).
novembre, 2024
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