Boa®, c’est le fabricant américain d’un petit médaillon en plastique qui permet de fermer ses chaussures en un clin d’oeil, d’une nouvelle façon, et sans lacets. Parce que c’est tout petit, parce que c’est aussi génial que simplissime, parce que c’est une technologie encore très neuve et bien plus implantée dans le snowboard ou le vélo de route que dans le running, on ne prête pas forcément beaucoup d’attention à Boa®. Lorsqu’on fait l’effort de pencher un peu sur l’équation proposée aujourd’hui par Boa® – plus de sûreté dans le serrage, plus de rapidité dans le réglage, plus de précision dans la pose du pied et plus de résistance à l’usure générale – on prend vite la mesure du potentiel de ce petit disque rond, discret, design, sobre.
Boa® : Histoire d’Entreprise
Du médical aux chaussures de course à pied
Au départ, il y a une famille de surfeurs californiens, les Hammerslag. Le père et le fils mettent au point un système de câbles métalliques qu’ils commercialisent dans le domaine médical : ces petits câbles aussi solides que fins participent au traitement des artères coronaires rétrécies (angioplastie coronaire). Ils sont dans le B to B, le business-to-business, et décident de vendre leur société à une entreprise médicale. La famille déménage alors dans le Colorado et prend vite le pas de la culture locale. Ils troquent les planches de surf du pacifique pour les snowboards des montagnes rocheuses et les patins à glace des hockeyeurs pros et universitaires. L’idée de leurs fameux petits câbles ne les lâche pas.
On est en 2001 et, prototype après prototype, le père et le fils finissent par trouver un nouveau nom à leur techno : Boa®, du nom du serpent enrouleur dont il est difficile de se sauver lorsqu’il vous tombe dessus. Pour les bottes de snowboard, les marques leaders Vans et K2 sont les premiers clients. C’est un premier succès. En 2005, Boa® introduit le petit disque de serrage tel que nous le connaissons aujourd’hui. La technologie devient mature et c’est le début tant attendu de l’ouverture au reste du marché de l’outdoor.
Boa® s’enroule autour de l’outdoor
Les marchés du golf et de la chaussure de vélo s’ouvrent alors à la marque. Tout le monde ou presque veut du Boa®. Aujourd’hui, des marques du running aussi puissantes qu’Adidas, La Sportiva, Asics, ou encore New Balance Saucony proposent des modèles équipés en Boa®. Mais l’un des plus intéressants mouvements de ces dernières années, c’est l’arrivée en juin 2017 d’un boss en passe de devenir emblématique : R Shawn Neville, un hawaiien ancien de Procter & Gamble et de Visa USA mais aussi de Reebok, qu’il a dirigé à l’international pendant 5 ans. Lors de notre reportage, nous l’avons rencontré. R Shawn Neville nous a fait beaucoup d’effet. Le renouveau de Boa®, c’est lui. La nouvelle stratégie de développement de Boa®, c’est lui. Il nous l’a expliqué et nous vous le racontons ici : « Ce qui compte maintenant, c’est d’asseoir notre technologie sur des études et des résultats scientifiques ». Il a raison. Car sinon, le risque pour l’entreprise Boa® c’est qu’on la prenne pour une fabrique de gadget. Ce virage scientifique est à double tranchant : ça passe ou ça casse.
La technologie Boa®
Adieu les lacets ?
À première vue, on va être franc, il n’y a pas franchement de raison d’être très emballé. Les lacets qui composent encore plus de 90% du parc des chaussures de running à ce jour ne nous ont pas, dans leur très grande majorité, apporté de problèmes, tant à l’entraînement qu’en compétition, peu importe le terrain, peu importe la météo et peu importe les distances. Toutefois, le simple fait de jouer avec nos gros doigts sur le mécanisme fin de la plateforme Boa® a bien éveillé notre curiosité.
Le système Boa®, même si bien sûr personne n’y avait pensé avant, n’est pas très compliqué en soi. Il est certes précis, étudié, devenu moderne et même high tech. Nous louons notamment ces petits « lacets » nommés TX4 issus de la nouvelle plateforme L6, les disques qui équipent nos/vos chaussures de running dernier cri. Ils sont comme une fine cordelette type alpinisme mais en modèle réduit et donc beaucoup – beaucoup – plus fins et plus légers mais tout aussi solides – les derniers modèles sont en Dyneema® et en polyester. On est donc désormais loin des premiers câbles en acier semi-rigides utilisés dans le médical il y a…20 ans.
Un maintient efficace dans la chaussure
Le système Boa® c’est aussi, selon nous, un fonctionnement sans défaut. Il ne nous a jamais pris au dépourvu. Nous n’avons jamais eu de couacs, de points de pression sur le dessus du pied ou de gênes à déplorer lors de nos différents tests en Europe, avant ce reportage, sur deux modèles de chaussures, l’Asics 451 précitée et la Saucony Switchback ISO ; mais aussi aux USA pendant ce reportage sur les sentiers ocres des alentours de Denver / Boulder avec les deux autres modèles : la nouvelle New Balance Fresh Foam Hierro Boa® (un double système Boa® sur les côtés externe de la chaussure !) pour le trail engagé et la New Balance 1500 v6 Boa® pour le triathlon ou les très courtes distances sur route.
Malgré de faibles différences techniques – des différences relatives au design et à la forme de ces petits disques, au client à qui ils se destinent aussi, et donc à la résistance de l’ensemble (on imagine bien qu’un disque Boa® pour des chaussure de snowboard doit être plus solide et plus lourds que celui simplement apposé sur la fragile tige d’un modèle de course à pied sur route éclair) – le système semble avoir atteint un point de développement qu’il est désormais plus difficile de faire évoluer. Du moins pour le moment. Alors que fait la marque ? Elle ne se repose pas sur ses lauriers non, mais cherche à légitimer son avancée. Les disques et les « câbles » qui composent l’ensemble des systèmes Boa® d’aujourd’hui permettent des micro-ajustements, ils sont tous plus light les uns que les autres, très solides, souvent très élégants.
Le Performance Fit Lab de Boa®
Une chaussure de running sans lacets classiques mais dont la tige est montée avec un système Boa®, ça peut encore surprendre, visuellement parlant, exactement comme une paire d’Altra (semelle extra-large) ou une paire d’Hoka One One (semelle extra-haute). Mais de moins en moins. L’oeil de celui qui possède une ou plusieurs paires de ce genre de bijou s’habitue très vite au look tout droit venu d’un film de science-fiction. Alors pour faire avancer encore plus les mentalités, et convaincre son monde, ses clients et les consommateurs, Boa® a récemment lancé un nouveau laboratoire de R&D sous l’impulsion de son nouveau patron Shawn Neville : c’est le Performance Fit Lab. C’est là, dans un site de 250 mètres carrés, que sont validées une à une les hypothèses progressistes de ce système de « laçage » des temps modernes.
Boa® : Gadget ou révolution dans le running ?
Séduits par le concept et les recherches qui se cachent derrière ces drôles de petits disques noirs, volontaires pour aller cuisiner les responsables Américains de la marque, nous avons donc profité de l’inauguration officielle de ce Performance Fit Lab du headquarters de Denver, pour essayer de comprendre où va Boa®. Le concept Boa® était-il pour nous un gimmick de plus, un « Go-Go-Gadget » amusant mais à la durée de vie extrêmement limité ? Ou bien étions-nous en face d’un système de fermeture de chaussure unique et en passe de reléguer nos bon vieux lacets au marché de brocanteurs ? En somme, Boa® avait-il l’envergure pour être une de ces révolutions du running dont on ne se remettra pas ?
La réponse, après trois jours sur place, quelques bons runs et une interaction encore active à l’écriture de ce papier avec les journalistes américains eux aussi conviés à cette inauguration, est sans appel : c’est oui. Oui, oui, oui. Boa® devrait légitimement se développer dans les années à venir, se démocratiser et être en grande partie responsable de la disparition des lacets de nos grand-mères à plus ou moins court terme. Pas moins !
D’abord le trio de chercheurs qui a été mis aux manettes de ce laboratoire n’a pas manqué de nous étonner. Brett Vladika, Kate Harrison et Dan Feeney, tous titulaire d’un doctorat, nous ont même franchement ébahis. Fins, amusant, éclairés, intelligents, abordables et hyper sportifs, ils sont les têtes chercheuses chargées de valider les impacts positifs sur la performance sportive du système Boa®, ceci afin de le justifier à leurs clients, les marques, mais aussi indirectement les consommateurs comme vous et nous. Ces trois scientifiques ne sont toutefois pas seuls dans cette entreprise puisqu’ils bénéficient régulièrement du concours des équipes de chercheurs du laboratoire de physiologie sportive de l’université de Denver, leur très sérieux « Human Dynamics laboratory », qui vient sur place de temps en temps pour les aider, mais surtout valider indépendamment les résultats de leurs études.
Nous ne sommes bien sûr pas à même de jauger de la validité des recherches mises en avant par Boa® mais…Pour le moment, dans le domaine du running, ces recherches sur le « fit », autrement dit le maintien et le confort du pied sembleraient montrer que le système Boa® aurait un impact bénéfique sur un ensemble de points essentiels pour notre pratique du running : l’agilité du pied, ses temps de réaction ou temps de réponse, la vitesse du sujet, la qualité de la proprioception, l’application maximale de la puissance musculaire, la précision de la foulée et bien sûr l’économie d’énergie, c’est à dire ni plus ni moins l’endurance à laquelle nous sommes tous très sensibles. Il faut noter que la fabrication d’un modèle de chaussures qui intègre le système Boa® est très différente d’un modèle à lacets classique. Il ne suffit en effet pas de remplacer ces derniers par ce premier, mais bien d’une modification en profondeur, quasi-totale, de la tige, la partie supérieure de la chaussure, celle qui qui vient autour du pied et sur le pied.
Quoi qu’il en soit, et même s’il ne suffit pas encore de chausser un modèle de chaussure de running équipé en Boa® pour se sentir pousser des ailes et courir comme Kipchoge (dans son cas c’est plutôt la semelle de sa nouvelle Vaporfly qui est en cause et non pas tant la tige de la dite chaussure), on ne peut, on ne veut, rechigner sur cette nouvelle technologie. Notre voyage au cœur de ce Boa®-là nous a conquis et même si nous n’avons pas eu d’infos précises sur les prochains projets de la marque, ou les prochains clients (Altra ? Hoka One One ? à quand du Boa® sur la Nike Vaporfly ?), nous parions sur un avenir doré pour le petit rond !
Voir le Test et Avis sur la Adidas Terrex Boa 2 dans le comparateur de chaussure de trail
Voir le Test et Avis sur la chaussure La Sportiva VK Boa® dans le comparateur de chaussure de trail
novembre, 2024
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