François d’Haene a remporté aujourd’hui en début d’après-midi la 18e édition de l’UTMB®, après 20h45 de course. Il devient le premier athlète à obtenir un 4e sacre sur la course phare de l’évènement (après ceux de 2012, 2014 et 2017), six semaines seulement après avoir remporté et établi un nouveau record sur la course américaine de la Hardrock, disputée à plus de 4000m d’altitude.
Le vigneron du Beaujolais aura donc parfaitement géré sa récupération, et aura contrôlé ses adversaires tout au long du parcours. Profitant malgré lui des abandons de Xavier Thévenard (50e km), Tim Toleffson (78ekm), D’Haene a d’abord fait la course en tête avec un autre favori désigné, l’Américain Jim Walmsley. Au sortir de Courmayeur (ITA), peu avant la mi-course, après avoir franchi les cols du Bonhomme, de la Seigne, et l’Arête mont favre avec l’Américain, D’Haene prenait une petite longueur d’avance, et repartait de la base de vie italienne avec un avantage de 3 minutes.
Dans la longue ascension vers le Grand Col Ferret qui suivait, Walmsley jetait l’éponge à son tour, bientôt suivi par Pablo Villa (ESP). L’horizon se dégageait pour D’Haene, même si l’adversité était désormais personnifiée par Aurélien Dunand-Pallaz (FRA) et Germain Grangier (FRA), pointés à 10 minutes au sommet du Grand Col Ferret, et Mathieu Blanchard (FRA), à 25 minutes. Dans la grande descente menant à Champex (SUI), D’Haene maintenait son avance, et pointait au ravitaillement suisse avec 12 minutes d’avance sur Aurélien Dunand-Pallaz.
Dans la montée des Tseppes, Blanchard reprenait Germain Grangier et prenait la 3e position provisoire. A Vallorcine (km 150 ) D’Haene effectuait un ravitaillement express (1’15) et repartait à l’ascension de la Tête au Vent et de la Flégère, soit les 900 derniers mètres positifs de dénivelé de la course. Sous un soleil de plomb, D’Haene ne faiblissait pas, gardant Dunand Pallaz à distance respectable, et constante (environ 15 minutes). Arrivé à La Flégère, il était temps de plonger vers Chamonix, pour s’offrir une 4e victoire sur l’UTMB. « Après un début de saison difficile, j’ai su me remotiver pour ce challenge » dira D’Haene sur la ligne d’arrivée. « Cette victoire, je l’ai vraiment savourée, elle était très dure à aller chercher. J’ai eu les jambes dures assez vite. Avant Courmayeur, on a bien « joué » avec Jim Walmsley, et il l’a payé. De Courmayeur à Champex, j’ai souffert. Ce fut une course vraiment intense ».
Derrière lui, la menace Dunand-Pallaz sera restée présente jusqu’au bout. Le détenteur du record du monde de dénivelé positif en 24 heures (17 218 mètres) sera resté au contact tout au long des 170km de course, pour terminer à une magnifique 2e place, en 20h58. « C’était le gros objectif de ma saison, mais j’étais dans le doute jusque début août. J’ai aussi eu très peur au début de course, car j’ai quasiment eu des crampes aux quadriceps dès St Gervais, mais c’est revenu petit à petit. Et j’ai surtout combattu pour conserver ma 2e place, car le 3e était proche, et j’ai tout donné jusqu’à la Tête aux Vents, puis La Flégère, où j’ai compris que c’était bon pour la seconde place…. ».
Mathieu Blanchard complète ce podium 100% français, une première dans l’histoire de l’UTMB, en 21h12. Venu à l’ultra trail en 2017, Blanchard aura effectué un apprentissage express de la distance. « Je n’arrive pas à réaliser » dira-t-il sur la ligne d’arrivée. « Ce podium sur l’UTMB, c’était un rêve ; je ne pensais pas qu’il arriverait aussi tôt. Je suis sur une autre planète ! Tout s’est aligné aujourd’hui. J’ai eu l’impression de voler sur tout le parcours ! Mon niveau d’énergie est resté constant et m’a permis de pousser tout au long de la course ! ». Ludovic Pommeret et Germain Grangier, arrivés 4e et 5e, permettent à la France d’obtenir un historique quintuplé !
La course fille aura vu un cavalier seul de la tenante du titre, Courtney Dauwalter (USA). Impressionnante de facilité, semblant évoluer sur le même rythme tout au long des 170km de course, l’Américaine s’impose pour la deuxième fois à Chamonix, en 22h30, en terminant 7e du scratch. Ce qui fait oublier le nouvel échec masculin du côté américain. Une performance qui en aura époustouflé plus d’un, et notamment l’Allemand Hannes Namberger (6e), qui aura repris l’Américaine seulement dans la dernière descente. La jeune fille du Colorado améliore de près de deux heures son temps victorieux de 2019 et réalise aujourd’hui le meilleur temps féminin sur le parcours complet (l’ancien était détenu par Rory Bosio depuis 2013, en 22h37. Elle avait elle-aussi terminé à la 7e place du scratch). Derrière l’Américaine, Camille Bruyas (FRA) a réussi son baptême du feu sur l’évènement, en terminant à la 2e place. La Française toujours présente aux avants postes est revenue sur la Suédoise Mimmi Kotka dans les trente derniers kilomètres, pour terminer au premier accessit, en 24h09, à la 16e place du scratch. Audrey Tanguy, elle, avait dû abandonner tôt sur la course, dès les Contamines, victime de crampes d’estomac, et d’une déshydratation précoce. La Suédoise Mimmi Kotka terminera dans la douleur, après une chute avant la mi-course, et « tapant fort » dans ses réserves mentales et physiques pour conquérir une 3e place finale acquise au bout de 25h08. Victime d’un burn out en 2019, la Suédoise qui a élu domicile dans la vallée de Chamonix semble revenue à son meilleur niveau. « Je crois que les courses de 100 miles ne sont pas faites pour moi » dira d’un ton caustique la Suédoise sur la ligne d’arrivée. « il faut croire que je ne suis pas faite comme les autres filles. Mais je n’ai pas pu m’empêcher de revenir sur cet UTMB ». Une heure après Mimmi Kotka, la Française Marion Delespierre franchissait la ligne en 4e position, après 25h54 d’efforts. Un nouveau résultat de premier plan pour le docteur de Lyon, après sa 2e place au Grand Raid de la Réunion 2019 !
Par Luc Beurnaux – Photos Franck Oddoux, Lionel Salino, Pascal Tournaire / UTMB
décembre, 2024
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