Germain Grangier, transfuge du Team On Running au Team The North Face au printemps avec sa compagne Katie Schide, s’affirment d’années en années comme le nouveau couple montant du monde de l’Ultra Trail.
Ils viennent respectivement de remporter l’Ultra et le 100 km du Val d’Aran by UTMB, avec un objectif en tête briller comme l’an passé du côté de l’UTMB Mont-Blanc fin août ou ils avaient terminé respectivement 5ème et 8ème.
retour avec Germain sur sa victoire, sa préparation et son regard sur les UTMB World Series.
« La course a tout pour devenir une référence » : Germain Grangier
1/ comment as tu géré cette course en ayant quasiment fait cavalier seul du début à la fin ? Est-ce difficile mentalement de rester focus pendant plus de 23h ?
J’ai couru 3h avec d’autres coureurs puis effectivement je me suis retrouvé seul au couché du soleil, c’était d’ailleurs magnifique. Ensuite, pas mal de brouillard sur les crêtes en hors sentier qui ont rendu la progression difficile puis une nuit seul. J’adore courir la nuit seul donc c’est cool, c’était un peu plus long sur la fin, il a fait très chaud. En effet, c’est dur de garder un rythme consistant mais c’est aussi très intéressant de se gérer seul si longtemps, je pense qu’on apprend beaucoup et c’est aussi ça que j’étais venu chercher. Partir à vue, pour 24h, dans un endroit inconnu.
2/ 165 km, 7 semaines avant UTMB c’est nouveau dans ta préparation, es tu satisfait de ce résultat pour aborder le tour du Mont-Blanc ? Quel va être le programme des prochaines semaines ?
Merci pour le rappel des chiffres ! oui, c’est nouveau, c’est assumé, je sais que je jette la pièce en l’air. J’ai une chance sur 2 donc 50%, c’est pas mal! Mes seules expériences sur 100 miles c’est l’UTMB 2019 et 2021, je voulais engranger de l’expérience sur 100 miles hors UTMB et tester différentes choses. On voulait également découvrir les Pyrénées avec Katie du coup c’était l’occasion.
Priorité au repos à présent puis peut être une course courte d’ici fin août autour de 30 km maxi tout en maintenant une activité physique variée.
Au programme, du vélo sur les cols italiens autour de chez moi. J’aimerais aussi faire un peu de montagne mais les conditions ne font pas vraiment rêver niveau sécurité, sûrement plutôt rocher, toujours côté italien entre le Viso et Aoste. L’idée c’est de mixer tout ça, avec des virées qui me plaisent en ayant un ligne conductrice vers l’UTMB®. Je me bloque sur aucun plan, ça sera en fonction de la forme, de l’envie et des conditions !
3/ Quel regard portes-tu sur cet UTMB World Series, un des 2 majors 2022 mais finalement avec peu d’élites au départ ?
C’est un très bel événement, une belle ferveur dans une enclave Espagnole authentique. Les petits villages avec les maisons tout en pierre et toits en ardoise, c’est magnifique. Les gens sont passionnés, tout Vielha et le Val d’Aran vit au rythme de l’événement sur 3 jours, c’est assez rare. La course a honnêtement tout pour devenir une référence. Le parcours est vraiment très dur je ne m’attendais pas à cela, à ne pas sous estimer, étant donné que tu as aussi seulement 3 points d’assistance au total. C’est un peu près de l’UTMB effectivement pour le format 100 miles pour le reste, ça se fait bien. C’est très sauvage, j’ai vu énormément d’animaux et entendu un ours!!
D’un point de vue global, l’UTMB World Series a le mérite d’exister et d’essayer de « structurer » le monde de l’ultra, je pense qu’on est dans une période de 2 années charnières. On verra fin 2023 comment ça aura évolué.
« c’est la culture du rien » : Germain Grangier
4/ Après une saison hivernale compliquée en raison du manque de neige chez vous, comment as tu pu préparer les ultras et est-ce compatible de faire 2 saisons pleines ski et trail ?
Effectivement, très peu de neige dans les Alpes-Maritimes cette année, à une échelle globale dans les Alpes quand on voit l’état des glaciers actuellement. A Isola 2000, le travail sur les pistes nous a un peu sauvé. Donc on a fait du ski pas très marrant sur les pistes à la maison et on a essayé de bouger de temps à autre à Tignes, Arêches, Belledonne… j’ai la chance d’avoir mon coéquipier de course de ski alpi dans la Tinée, donc on a passé du bon temps quand même. J’ai toujours skié depuis petit mais cette année j’ai décidé de m’investir plus dans le côté compétitif avec quelques participations à des courses de ski alpinisme. Je ne dirais pas que j’ai fait une saison pleine de ski car ce n’est pas le cas, donc je pense que c’est gérable! Ça faisait plusieurs hiver que j’avais mis un accent sur la foulée,le pied et la vitesse (10km) en parallèle du ski, là, cette année je n’ai quasiment pas couru et fait beaucoup plus de ski.
5/ Vous êtes professionnels du trail et ski alpinisme avec Katie, est-ce possible aujourd’hui de bien vivre de son sport ?
Alors, le « bien vivre » c’est subjectif. J’estime bien vivre au quotidien. Je ne suis en manque de rien. On habite un petit village au fond de la vallée de la Tinée, c’est la culture du rien. On réfléchit à ce qu’on fait, si ça fait sens ou non. Pour l’instant, on vit en équilibre et ça nous plait.
Tout savoir sur Germain Grangier et Katie Schide
Par Fred Bousseau – ©organisation et liqen studio
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