On parle souvent de la chance du débutant, mais sur une course aussi difficile que le Marathon des Sables – 250 km en 6 étapes, le tout en autosuffisance – pas sûr que ce soit le cas. À peine rentrée du Maroc, où elle avait coupé son téléphone, Maryline Nakache a répondu à notre appel pour revenir sur son expérience, et sa victoire !
Recueilli par Killian Tanguy
Maryline, tu as remporté le Marathon des Sables sur ta première participation. Comment l’expliques-tu ? Et qui t’a aussi bien conseillée ?
« Ce n’est pas évident comme question (rire). Comment je l’explique ? Je ne sais pas du tout. C’est un ensemble de choses qui a fait que tout s’est bien passé, même si c’était très dur. Le fait que ce soit ma première participation a peut-être été un avantage. J’avais moins de pression parce que je n’étais pas favorite, étant donné que Raga (Debats) l’avait déjà remporté (en 2019). Et puis, je n’avais pas la même appréhension de la difficulté. Je ne savais pas que c’était aussi dur que cela. J’avais eu des conseils de Philippe Verdier, qui m’avait pas mal aiguillé. Nicolas Maréchal et Laurence Klein aussi. Et puis des personnes qui étaient dans ma tente (la 127), comme Lucine, qui a fait 17 fois la course je crois. J’ai pris des conseils d’un peu partout, mais ce n’est pas forcément évident car chacun a ses habitudes, ses ressentis et ses besoins. Même moi, si je devais la refaire, je changerais quelques petites choses. »
Par exemple ?
« J’avais pris des affaires chaudes alors que cette année, ce n’était pas la peine d’en prendre car il a fait très chaud. Seulement, l’an dernier il avait fait très froid, 5°C la nuit donc on m’avait dit de prendre des affaires chaudes. J’ai eu très peu de confort aussi et, j’aurais peut-être dû en prendre un peu plus, comme un petit matelas qui m’aurait permis de mieux dormir car j’ai très mal dormi dans le bivouac. Je n’arrive pas à dormir à même le sol. Au niveau de la nourriture, j’aurais peut-être privilégié des choses que j’aimais un peu plus. J’ai calculé le rapport poids/calories, mais avec la chaleur, ce n’était pas forcément évident de manger et j’aurais peut-être dû me faire un peu plus plaisir. Certains détails, comme le sac qui a pas mal frotté et qui n’était pas optimal au niveau de l’ajustement…Les pieds aussi, vu leur état. Je pense que j’aurais dû mieux les préparer. »
Le Marathon des Sables, c’est également des rencontres. Quel est le moment qui t’a le plus marquée ?
« En course, c’était sur le 90 kilomètres (étape 4), quand le soleil a commencé à se coucher dans les dunes. C’était magnifique, les couleurs étaient magiques. Et surtout, il faisait moins chaud donc je savais que j’allais moins souffrir. L’arrivée de cette étape m’a aussi beaucoup marquée. Je savais que derrière je n’avais plus que 42 kilomètres. C’est l’arrivée où j’ai ressenti le plus d’émotions, plus que sur l’arrivée de la dernière étape. Après, le moment où tous les coureurs de ma tente se retrouvent était aussi magique. Savoir que tout le monde avait bien terminé et était revenu. Et un autre moment qui m’a procuré beaucoup d’émotions, ce sont les e-mails qui nous étaient imprimés et apportés le soir au bivouac. Des proches, des amis et même de personnes que l’on ne connaissait pas forcément nous encourageaient. J’avais coupé tous les réseaux, je n’avais pas de téléphone et j’avais fait exprès car je voulais à profiter à 100 % du moment présent. Avec les e-mails, je pleurais chaque soir. C’était vraiment réconfortant et ça faisait du bien. »
Tu as reversé ta prime de course à l’association Solidarité Marathon des Sables. Pourquoi ce geste ?
« Je voulais allier cette course à quelque chose de fort. La solidarité, c’est le mot qui décrit le mieux la course. Faire un geste à une association, c’est une chose que je voulais faire depuis longtemps. Et j’ai décidé de les reverser à cette association là parce que je trouve qu’elle véhicule de belles valeurs, qui me correspondent bien. Et lorsque je l’ai visitée, tout est devenu concret, j’ai vu ce qu’elle faisait et ça m’a encore plus touchée. J’étais d’autant plus contente d’avoir une grosse prime. »
Est-ce que le retour à la réalité en France a été dur après cette déconnexion totale pendant presque dix jours ?
« Oh oui, très très dur. Il y a eu une transition au Maroc, mais c’est plutôt le plaisir de se reposer et de bien manger. Mais le retour à la réalité est très dur. Surtout qu’il y a pas mal de choses qui m’attendent et qui ne sont pas forcément rigolotes… »
Et après une bonne période de repos, quelles seront les prochaines échéances et les prochains objectifs ?
« J’ai quelques examens à passer pour mes études. Si tout va bien la prochaine course sera les 120 kilomètres du Lavaredo Ultra Trail, en Italie, en juin (21 au 25 juin). Et je suis inscrite à la TDS fin août (à Chamonix, sur la semaine de l’UTMB, du 28 août au 3 septembre). Pour la fin de l’année, il y aura peut-être quelque chose, mais je verrai comment je me sens. »
Photo de Une David Gonthier / Cimbaly
novembre, 2024
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