Sur le Madeira Island Ultra Trail (MIUT) le week-end dernier, Manon Bohard s’est imposée en 15h48’58 (115km/7100m D+), avec presque une heure d’avance sur toutes ses concurrentes. Elle revient, pour Trails Endurance, sur sa course et aborde ses objectifs futurs.
Recueilli par Killian Tanguy
Manon,avais-tu un plan de course pour battre l’Américaine Abby Hall et la Suissesse Luzia Buehler qui étaient les favorites de la course ?
« Non, pas du tout. Je ne suis pas comme ça. Sur ce genre de course, on peut y aller avec des ambitions de résultat, mais j’ai du mal à voir la compétition comme ça. Ce n’est même pas plus mal étant donné la pression que je me mets. C’est sûr qu’il y avait un joli plateau et je ne m’attendais pas du tout à me retrouver si vite toute seule et à creuser l’écart. Mais, je me suis focalisée sur mes estimations de temps, et j’avais toujours un petit peu d’avance. J’ai aussi voulu partir en-dedans, car je sais que le début est très cassant et je voulais vraiment finir bien pour récupérer vite et pouvoir enchaîner. Je ne voulais surtout pas me mettre dans le rouge. J’ai fait une course en gestion avec cette prudence dans la tête par rapport aux Mondiaux, qui arriveront bientôt (ndlr : à Innsbruck, du 6 au 10 juin). J’en ai aussi profité pour faire des tests sur le côté nutritionnel qui me fait parfois défaut. »
Ta famille était à tes côtés, avec notamment ton père qui courrait également (8e ex aequo en 15h07’12). Était-ce une motivation supplémentaire ?
« Complètement ! Mon papa n’était pas très en forme au départ. Au début de la course, je me suis quand même questionné sur son état, car il a pris de l’avance et je me demandais s’il allait réussir à gérer. Mais c’était une vraie motivation de le talonner et de faire que l’écart ne soit pas trop grand entre nous. Et pourquoi pas faire un petit bout ensemble ! Ce qui me motive aussi, c’est d’essayer de me rapprocher du niveau de mon père. Quelques années en arrière, quand je courais avec lui, ce n’était pas un entraînement pour lui, et moi je tirais la langue. Maintenant, on partage des séances ensemble et on a quasiment le même niveau. C’est vraiment grisant et ça nous permet de partager des belles choses. Lui aussi ça le motive je pense. Mais c’est vraiment sain, il n’y a pas d’adversité. »
As-tu eu le temps de profiter et de visiter un peu l’île après la course ?
« Oui, mais avant. Je suis très vigilante par rapport au mode vie, la récupération, la nutrition, etc. Mais je suis assez épicurienne, et je ne veux pas me frustrer. On a fait des visites et des randonnées. J’ai fait quelques séances avant la course pour courir sur place, dans un environnement différent. On a aussi bien profité des bons plats. On a vraiment profité des lieux et ce n’est pas quelque chose qui nous pose soucis. Les courses comme cela, ce sont aussi les vacances. Il faisait 25°C et quand on est rentré à Genève le lundi, il y avait de la neige. La reprise du boulot le lendemain a été un petit peu hard ! »
Actuellement l’équipe de France est en reconnaissance à Innsbruck. Vas-tu également faire une reconnaissance ?
« C’est vrai que ça tombait mal car ils partaient le dimanche. J’étais à Madère et de toute façon, je n’ai pas encore suffisamment récupéré pour aller courir et faire une reconnaissance de parcours qui est aussi exigeante. Normalement, je devrais y aller mi-mai sur trois ou quatre jours. En plus, il y aura un peu moins de neige sur les hauteurs. Je vais voir les coureurs de l’équipe de France qui veulent se joindre à moi car il y a aussi la possibilité d’y aller la semaine juste avant les Mondiaux, mais je ne trouve pas ça forcément très propice pour préparer la course et la mentaliser. Je n’ai pas envie de commettre les mêmes erreurs qu’en Thaïlande. Le parcours n’est pas évident et je vais mettre toutes les chances de mon côté. »
décembre, 2024
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