Un phénomène quelque peu inquiétant est apparu depuis le début de l’année : une chute de la vitesse des inscriptions sur la distance ultra trail. Alors bien sûr on ne parle pas des stars comme l’Ultra Trail du Mont Blanc dont les inscriptions sont déjà surbookées de 100 à 450% par course…Mais pour tous les autres, cette tendance à la baisse se confirme. L’ultra trail serait-il en danger ?
Quel avenir pour l’ultra trail ?
Prenons le cas de l’Ultra Trail des Monts d’Arrée (UTMA ; 90km). L’an passé leur première édition, avait été « complète directement en 3 jours », alors que « cette année, nous sommes à 200 inscrits » (sur 750) comme nous a expliqué Zoé Blaise, responsable communication de la course. Elle porte cependant un regard critique sur cette différence puisque l’UTMA était l’une des premières courses après le covid, alors que cette année, l’UTMA sera entouré par 2 autres grands trails bretons (le trail de Guerlédan et le trail du Bout du Monde) et que certains athlètes ont reporté leur dossard des éditions 2020 ou 2021, « ce qui fait que les personnes ne s’inscrivent pas sur d’autres courses à la même période ». En revanche, le Trail des crètes (47km) qu’ils organisent également est presque rempli aux ¾.
Ce contraste entre les petites distances et les plus longues distances est également présent sur d’autres courses comme sur Grand Trail du Lac organisé par Florent Hubert. Il nous a affirmé que, alors que d’habitude, « le grand (ndlr : 75 km) est toujours complet et en avance, cette année, les coureurs étaient moitié moins sur le grand parcours mais plus que d’habitude sur le petit (ndlr : 34 km) ».
Également directeur de l’Échappée Belle, dont les inscriptions ont ouvert au début de l’année : « Le remplissage s’est fait moins vite, mais nous sommes quand même complets ». Selon lui le phénomène est, certes, lié aux déplacements des autres courses, mais ce n’est pas la seule raison. Il a expliqué que « les traileurs ont un volume d’entraînement qui leur permette de participer à des courses de petites distances, alors que les plus grandes distances, demandent une préparation bien plus importante ». En effet, sur les 2 dernières années, beaucoup de traileurs ont perdu du temps et de l’argent en s’inscrivant et s’entraînant pour des ultra trail, sans pouvoir y participer.
“On y verra plus clair en 2023” : Stéphane Agnoli
Stéphane Agnoli, directeur de la MaXi-Race a également ce même avis : « Le fait d’être inscrit à des courses qui ne remboursaient que partiellement ne motive pas à s’inscrire à des courses qui coutent cher parce qu’il y a encore quelques semaines, à cause de la crise sanitaire, on ne savait pas trop où on allait ». Il est persuadé que « cela joue encore dans l’esprit des gens, et que l’on y verra plus clair en 2023 ». Faute d’inscrits, ils ont d’ailleurs été obligé d’annuler l’Ultra-Race (108 km), et de rediriger les coureurs sur la Maxi-Race de 87 km. Cette seconde a mis 4 mois à faire le plein contre un seul à l’accoutumée.
Cependant, d’autre organisateurs pensent que l’effet COVID est désormais passé et que le problème est désormais porté sur le pass-vaccinal (finalement suspendu à partir du 14 mars 2022). C’est le cas d’Alexandre Piquier, directeur de l’Ultra 01 et de la Trace des Maquisards de l’Ain : « On a noté dans la communauté des trailers, beaucoup de coureurs qui sont hostiles au pass vaccinal, ou qui ne sont pas vaccinés ». En effet, pour la première de leur Trace des Maquisards de l’Ain, ils ont eu « beaucoup de questions sur le pass vaccinal en amont ». D’ailleurs, alors qu’ils espéraient atteindre la barre des 1 000 coureurs, ils ont terminé avec 800 inscriptions. En revanche, pour l’Ultra 01, les statistiques d’engagement sont plutôt bonnes, Alexandre Piquier nous a informé que : « par rapport à l’avant Covid de l’année, passée, on est à plus 180 % ».
Une donnée qui pourrait inverser la tendance et qui se ressent déjà puisque Vincent Guiliani, organisateur du THP, recommence à reprendre la progression pour son épreuve du mois de mai, en espérant remplir.
Un avis partagé par le Grand Trail de Serre Ponçon, qui après un début d’année mou, connaît une reprise des inscriptions depuis mi février, même si Jean Michel Faure Vincent nous confie “on a encore le temps, la course est en septembre et notre territoire à une belle carte à jouer pour attirer les coureurs”.
L’UTMB® et son système de points influencent cette situation
Un autre point abordé par Stéphane Agnoli a été « le changement de système de l’UTMB® qui oriente les coureurs sur leurs courses ». Selon lui, cette modification joue partiellement un rôle. En effet, il a constaté que « certains n’avaient pas bien compris le nouveau règlement de l’UTMB® ». En effet certains coureurs « venaient faire l’ultra pour avoir des points, alors que, pour 2023, ça ne sert plus à rien ».
Michel Sorine, du Trail du Saint-Jacques by UTMB®, a effectivement constaté une hausse : « L’effet UTMB® et le fait que le coureur puisse collecter des running stones, font que l’on n’est pas du tout atteint par ce phénomène ». En revanche, nous avons également abordé les autres courses qu’il organise comme la Lyon Urban Trail « on est en retard par rapport à une année normale comme 2019 ».
Il est donc possible de constater que le ralentissement du nombre d’inscriptions est global. Néanmoins difficile d’en connaître la raison réelle : entre le report des dossards, le manque de visibilité des dernières semaines, le pass vaccinal, et le changement de modèle d’inscription de l’UTMB®, les causes sont diverses et variées, et il est impossible de connaître l’impact de chaque facteur. Finalement, comme Stéphane Agnoli nous l’a dit : « On y verra plus clair en 2023 ».
N.B : pour la majorité des courses les listes d’inscrits ne sont pas disponible en ligne et donc pas consultables.
Killian Tanguy – © Fred Bousseau
novembre, 2024
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