Avant les premières foulées de cette course « mystérieuse », quelques futurs solitaires ont accepté de s’échapper dans les méandres d’un questionnaire. A tout vainqueur des Templiers, tout honneur. Thierry Breuil est le premier à y répondre.
Preview Templiers 2015 ICI – favoris, outsiders, forfaits
Thierry, que penses-tu de l’idée de Gilles Bertrand ?
Tout d’abord, j’ai beaucoup de sympathie pour Gilles, et Odile. Ils sont des personnes importantes dans le monde du trail et de la course à pied en général, et leurs courses font rêver des milliers de gens depuis 20 ans, maintenant. Comme beaucoup, j’achetais des revues telle que VO2, tout jeune, et c’est en couverture de l’une d’elle que j’ai vu naître le trail avec la victoire de Patrick Renard. Je peux dire que nous sommes amis, aujourd’hui. Quand j’ai vu pour la première fois la naissance de cette course, le jour même, je savais que j’en ferais parti. C’était une évidence après une victoire aux Templiers et deux autres podiums. Faire la première course revenant aux origines du trail s’imposait pour moi. Après 33 ans, je suis resté un gamin qui prend autant de plaisir dans des formes nouvelles de courses, qui s’apparente presque à un jeu sur le papier avant de, peut-être, connaitre l’enfer.
Après 33 années de course à pied, peut-on dire que cette une course qui te ressemble ?
Carrément. Pour durer aussi longtemps, je me suis tout le temps renouvelé. J’ai fait du cross gamin, de la piste, du steeple, de la route, de la course de montagne, puis du trail. J’ai aussi fait quelques petits raids en course, puis du côté organisation. Se renouveler et jouer en même temps, avec des yeux d’enfants, de passionné. C’est en ce sens qu’elle me ressemble. J’aime organiser, une sortie, un off, une chasse au trésor pour mes filles plus jeunes. Aller chercher de la folie, du jeu, des surprises….
Thierry Breuil : « C’est une course qui me ressemble… »
As-tu fait une préparation spécifique ?
Pas véritablement. Depuis 2009, où j’ai remporté les Templiers, je réédite tous les ans la même préparation les 100 derniers jours avant l’échéance. J’ai juste allégé cette année en août, car pour des raisons familiales, je n’ai pas pu partir en vacances en août dans les Pyrénées. Par contre, j’ai fait un très gros bloc sur 11 jours, fin septembre et début octobre avec 276 km et +11.000m, en venant notamment faire un week-end choc sur le parcours de la Solitaire…. Oui, car c’est ce que j’avais alors communiqué sur ma page Facebook pour faire de l’humour et voir ceux qui allaient tomber dans le panneau et lire leurs réactions. Déjà une forme de jeux, comme l’est cette course. Je me suis donc juste préparé à du dur, voir du très dur, et en ce sens, j’ai changé certaines séances pour les rendre encore plus dur et m’endurcir.
Comment comptes-tu gérer cette course ?
Là, on rentre déjà dans de la stratégie. Cette course, je l’ai dans la tête depuis longtemps. J’y ai beaucoup réfléchis. Car une course est toujours à l’image de son créateur qui a des façons de faire, des logiques… J’ai mon idée du lieu de départ, du cadre, de l’heure…. Se mettre à la place de Gilles. Qu’aurais-je fais à sa place. Mais la façon de la gérer, je vais devoir ne pas la livrer, pas avant la ligne d’arrivée.
As-tu déjà une expérience en course ou en raid d’orientation ou en lecture de carte ?
A la base, quand nous nous sommes inscrits, il y avait marqué balisage restreint, mais ce n’est pas de la course d’orientation. Et puis, les dernières informations ne nous disent pas la même chose… Bon, c’est du trail ou une espèce de CO, je ne sais plus vraiment, en fait. J’ai donc fait quelques raids multisports début des années 2000, par équipe de 4 alors. Comme nous avions un gros physique, mais que nous perdions toujours tout en CO pourtant facile, celle d’un raid. Je me suis donc licencié dans un club de CO. J’en ai fait un peu plus d’un an. Donc, sur de vrais cartes de CO. J’ai fait les championnats de France des clubs, nous étions en 4e division en assurant le premier relais de nuit à la frontale. Puis j’ai arrété en découvrant le trail. Cet été, a eu lieu sur mes parcours de trail, chez moi dans le Causse corrézien, la Semaine Fédéral de CO. J’ai fait la short distance, puis pris part en hors classement le championnat de France de longue distance. J’ai juste mis une heure de plus que les premiers… mais je me suis éclaté. Je ne savais pas en rachetant une boussole, car je ne trouvais plus celle que j’avais à l’époque, que cette dernière me servirait pour la Solitaire. Après pour bien connaitre, Gilles nous annonce une carte au 25.000 ou 20.000, mais en IGN, donc c’est diffèrent.
Que penses-tu des engagés ? Quels sont tes favoris ou favorites ?
Il y a quelques personnes que je connais. C’est assez drôle de se retrouver sur une liste avec des amis, sans s’être donné le mot. Régis Guilloux, est un ami très proche, corrézien avec qui j’étais allé courir à San Francisco il y a trois ans, et avec qui je passe mes vacances d’été en famille. En 2007, pour mes premiers Templiers, Christophe Malardé avait terminé second, moi troisième, Thomas Saint Girons quatrième. C’est assez marrant de se retrouver tous les trois, 8 ans après. Ce sont les deux coureurs, plus deux ou trois autres qui seront à surveiller. Mais cela dépendra aussi de la stratégie de course de chacun.
Enfin, quelles sont tes ambitions pour la Solitaire ?
Je pourrais dire de me faire plaisir, ce qui n’est pas faux, mais est-ce suffisamment sincère. Ça fait politiquement correct… Oui, j’espère que cette aventure, ce jeu grandeur nature serait aussi émerveillant que nous avons voulu le penser ces dernières semaines en nous préparant. Mais je reste le même compétiteur que pour mon premier cross alors à peine âgé de 10 ans, et je cours donc pour tenter de m’imposer, comme mes compagnons précédemment cités, je pense.
Par Bruno Poirier – © Kalenji – Fred Bousseau – Yves Marie Quemener
novembre, 2024
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