C’est l’histoire d’un GeoTrouvetou Nordiste (Florian), et d’un succès communautaire. Le premier imagine des lampes vraiment adaptées à l’outdoor, la seconde va vite les adopter. Ajoutez-y le piment – rester différents, maîtriser la production – et vous obtenez un sacré caractère : STOOTS, 13 ans déjà d’alu coloré. La frontale Stoots KISKA 2 avait fait joli bruit en 2022, plébiscitée du trail jusqu’aux ultra-cyclos ; hyper-légère-polyvalente, et aussi puissante que durable. Sortie fin octobre, nous avons pu tester sa version 3 et nous confirmons : l’innovation continue. Alors, la meilleure pour l’ultra-trail ?
Par Julien Gilleron
UNE PHILOSOPHIE CLAIRE : « LE MEILLEUR RAPPORT POIDS-PUISSANCE-AUTONOMIE »
« C’est français ». « Et c’est épuré ». « Et c’est sacrément fûté ». Tel est le discours que le peuple Stootien fait souvent entendre au départ des compétitions, et qui a trouvé sa marque identitaire. Oublié, le temps des grosses lampes à batterie déportée et look spéléo ? Certaines ont toujours le vent en poupe.
Mais STOOTS a ce truc en plus que l’on peut se reconnaitre en elle : vous, nous, le voisin vététiste qui en a soupé du made in China, le coureur bidouilleur qui invente ses lampes le weekend. De plus, il y a ces détails finauds qui rappellent notre « fraternité » de sportifs, Lucie ou Ludivine qui signent l’étiquette incluse dans le paquet, le numéro de série, la notice simple. Du-Bon-Sens, et une brise de terroir Bourguignon.
Enfin, n’oublions pas 13 années de travail qui commencent à faire et une écoute attentive du terrain. La marque française poursuit donc une quête « toute simple » (en théorie) : le meilleur ratio poids-puissance-autonomie. Comment allait-elle améliorer sa KISKA 2 ?
QUE PROPOSE-T-ELLE DE MIEUX QUE LES AUTRES ?
Sur le papier, STOOS est formel : « La KISKA 3 est le modèle polyvalent : son éclairage unique au monde à 3 largeurs de faisceaux (large + moyen + étroit), permet de maximiser la portée d’éclairage tout en offrant une autonomie spectaculaire ». Et là, il faut expliquer sa spécificité signature, le Mixing Focus.
Voir clair durant l’effort ne veut pas dire « éclairer plein pot » !
« La zone de vision utile correspond à la zone dans laquelle on a besoin de voir clair pour la plupart des activités nocturnes. Cette zone correspond à une bande de 4/5m de large dont la longueur dépend de la vitesse de déplacement lors de l’activité pratiquée (15m en course à pied, 50m à vélo, 150m en recherche d’itinéraire en alpinisme …). Avec un éclairage classique, dont l’angle d’éclairage est constant, lorsque l’on augmente l’intensité lumineuse, on augmente aussi la largeur de la zone éclairée. De ce fait, la puissance additionnelle est diluée dans des zones où on n’a pas forcément besoin de voir plus (sur les bords). Ceci se fait au détriment de la portée d’éclairage de la lampe frontale. Avec la focalisation électronique, on vient modifier l’angle du faisceau en fonction des puissances d’éclairage. Plus on éclaire fort, plus le cône d’éclairage est étroit, clair et confortable ».
La différence STOOTS : mixer les faisceaux large et étroit
« Comment cela fonctionne ? La variation de focalisation est continue et fournit donc un faisceau totalement homogène quelle que soit la puissance d’éclairage. Le système ne consiste pas à opter pour l’un ou l’autre des faisceaux mais bien à mixer harmonieusement un faisceau large et un faisceau étroit pour obtenir un faisceau idéal et homogène pour chaque puissance. A puissance maximale, on aura donc une portée très longue mais aussi un éclairage proche performant ». Voilà, merci STOOTS.
La lampe est donc dotée de 2 à 3 systèmes d’éclairage pilotés de façon indépendante : 2 à 3 circuits de LEDS et 2 à 3 systèmes de contrôle.
- Six lentilles du bloc lumineux sont équipées de LED blanches puissantes et permettent de mixer trois largeurs de faisceaux (large, moyen & étroit) pour une distance d’éclairage confortable (120m).
- La dernière lentille du bloc lumineux permet de gérer la LED Rouge servant de témoin du niveau de charge de la batterie. Cette LED Rouge peut également être éclairée en mode rouge fixe à faible puissance, à forte puissance et en mode clignotant.
KISKA2 VS KISKA3 : QUELLES NOUVEAUTÉS ?
- Nouveau logement/fixation de batterie EasyLock (pas de vis hermétique), comme sur l’OPALO 3.
- Nouvelle focalisation électronique : oublié l’éclairage mixé à 2 faisceaux (large + moyen), place aux 3 faisceaux (large + moyen + étroit) « une 1ère sur le marché de l’éclairage outdoor » selon la marque.
- Nouveau chargeur USB-C intégré.
- Davantage de puissance : toujours 5 modes, mais désormais de 100 à 1200 lumens (5 à 1000 lm sur la KISKA 2). La KISKA 3 annonce 2 à 30h d’autonomie, sa version 2 en proposait de 2 à 80 (mais 80h à 50 lm seulement).
- 3 nouveaux modes « cachés » à LED rouge : 5 lm (300h), 50 lm (30h) et 20 lm (220h), contre un seul mode rouge à 33 lm sur la version 2.
- 12 grammes de plus sur l’ensemble boîtier + batterie + bandeau + platine, par rapport à la KISKA 2, pour un volume légèrement plus imposant que la 2. C’est l’une des craintes de notre test, cette « différence » (on est comme ça : inquiets de nature).
Décidément, tout cela devient tentant.
DES ARGUMENTS VÉRIDIQUES ?
- « 89 grammes » ? validé sur la balance : 89g de lampe-batterie, et 117g en configuration standard (lampe + batterie + 1 bandeau serre-tête). La KISKA 2 reste leader en la matière.
- « Elle détient le meilleur rapport poids puissance autonomie : jusqu’à 1200 lumens de puissance dans 89 grammes d’aluminium » ? Validé, même si l’équation reste subtile. Des concurrentes promettent 1500 lm dans 91 grammes…sans batterie, 2330 lm pour 165 grammes mais à effet pschitt constaté après 1h40 (nous l’avons vécu sur 2 ultras, et remplacé deux fois la pile…en priant pour que le jour se lève fissa).
- « Chargeur intégré USB-C étanche » : validé, ayant résisté à plusieurs sorties sous la pluie ou la neige fondue (3<6h). Notons que notre dernière utilisation de la KISKA 2 sous 8h de pluie (automne 2023) s’était conclue non par une panne, mais par l’impossibilité de l’éteindre ou de changer de mode. Bizarre, mais notre lampe n’avait jamais montré un signe de faiblesse depuis 2021, malgré un usage rock&roll, et Stoots l’a récupérée illico en SAV pour une solution tout aussi éclair.
- « Son format compact et sa légèreté procurent un très grand confort » : le seul petit bémol que nous émettons. La lampe tient en place, mais conserve une légère tendance à suivre les impacts de la foulée. Il faut ajuster de très près le bandeau, et envisager un bandeau sommital en plus – quitte à rajouter quelques grammes. Certes, pas facile d’associer performances d’éclairage, compacité, et poids invisible. Nous sommes exigeants mais nous avions prévenu…notons que nous avions signalé le même bémol sur la KISKA 2. Nous envisageons de changer de front, ou de cheveux.
BILAN : LA MEILLEURE LAMPE D’ULTRA ?
L’ensemble Lampe + batterie de la KISKA 3 pèse 89g. Ajoutez-y le support et la nouvelle sangle, et vous prenez 20g, soit un poids total de 118g. Par rapport à la KISKA 2, le total a pris seulement 12g grâce à une amélioration de la sangle avec des nouveaux passants en composites et une nouvelle fixation permettant un serrage symétrique.
En terme de prix, cette lampe se place un peu au-dessus de concurrentes…qui annoncent une puissance de feu cosmique. Or, plusieurs d’entre elles se sont avérées moins fiables que prévu – précisément à pleine puissance. 145€ (pris de base sans personnalisation), c’est un prix, mais le ratio poids-puissance-autonomie délivré par STOOTS possède peu, voire pas d’équivalent sur le marché. En outre, la lampe atteint un beau bilan.
Globalement, cette KISKA 3 est très réussie et risque de séduire la diversité des fans d’outdoor – très longue distance incluse. Le modèle est novateur, travaillé, et respecte l’ADN de la marque. On atteint toutefois un poids limite si STOOTS souhaite conserver son leadership. En gros, le chargeur interne et une puissance lumineuse supérieure conduisent à cette augmentation du volume de la lampe : 14 mm de longueur en plus (mais 5 mm de largeur en moins, et une forme allongée, a priori plus ergonomique) et 1 mm d’épaisseur supplémentaire en goguette. Mais fallait-il privilégier la compacité à tout prix ? ne soyons pas chafouins, la KISKA 3 demeure menue, et surtout monobloc pour 1200 lm de puissance maxi – gardons cette performance à l’esprit.
Nous aimions la résistance au toucher de la palette de la KISKA 2, nette lors du changement de mode d’éclairage : cette version 3 gagne beaucoup en douceur, mais on appréciera la meilleure fluidité des transitions. Le corps du bloc perd ses stries métalliques et son aspect « prototype », pour devenir une frontale épurée qui conserve toutefois deux vis épaisses, sur la palette (bof ?) ; la batterie EasyLock s’émancipe elle-aussi : désormais un vrai pas de vis étanché et élégant, mais qui peut faire crisser des dents en se glissant dans son support : on ne peut plus clipser l’accu dans son réceptacle, simplement le coulisser…au risque de micro-rayer notre belle EasyLock si une f….micropoussière ne s’y coince. Aucun impact sur le fonctionnement, seulement sur notre amour du détail.
Enfin et surtout, cette lumière en action ? Test très concluant en matière d’autonomie, et de qualité d’éclairage. La puissance pure est très satisfaisante à usage ponctuel : avec une seule batterie…2 fois 1h30 en modes 1000 et 1200 lumens ! notamment en fin de 2e nuit d’ultra lorsque la fatigue devient dangereuse – surtout pour un astigmate sévère. Mais nous avons surtout été impressionnés par la qualité d’éclairage, retrouvant les valeurs de la KISKA 2 mais nettement perfectionnées : sensation de confort visuel qui dissipe l’effet « hypnotisé par le faisceau », lorsque les heures défilent et que ce point blanc nous obsède, tellement il se concentre en azimut. Le Mixing Focus réussit à créer un halo en croissant qui fatigue moins la vue, ne se perd pas au lointain, et conserve une visibilité périphérique efficace (balisage, pente, végétation…indispensable et là encore, fûté. Le terrain, toujours le terrain…). Nous aurons ainsi oscillé entre les modes 400 et 700 lumens, sur 36h de course dont 16 heures d’obscurité : sur une seule batterie.
En revanche, il nous a fallu serrer de très près le bandeau et « bidouiller » un moment pour trouver un ajustement du bloc qui ne suive pas les mouvements de la tête. Certes, nous redoutions qu’avec les impacts au sol répercutés dans le crâne, l’accu revêtu d’alu ne glisse dans son logement lui aussi en alu : à peine 1 mm de déplacement constaté, et 3 rectifications maximum sur nos deux nuits dehors. Néanmoins, est-ce la palette un peu plus lourde qu’auparavant ? munie d’un seul bandeau périphérique, nous avons relevé quelques mouvements parasites de la frontale. À ce sujet, notons que STOOTS nous a permis de tester un prototype de bandeau sommital/support très élargi, à rajouter au serre-tête : maintien impeccable. L’ensemble y gagnerait encore une dizaine de grammes, mais sa stabilité, un monde. À suivre dans les prochaines actualités de la marque.
CARACTÉRISTIQUES TECHNIQUES
SPÉCIFICATIONS :
– lampe + batterie : 89g / bandeau 20g / platine 9g = Poids total 118g.
– 3 niveau de focus : Large + moyen + étroit pour 5 niveaux d’éclairage blanc
– Éclairage rouge fixe ou clignotant
– Bouton unique
– Bandeau démontable et lavable
– Compatible avec des fixations casque ou vélo.
– Étanchéité : IP68
– Batterie li-ion rechargeable 3350 mAh par port USB-C (chargeur inclus dans le corps de lampe)
PRIX : à partir de 145€ sans personnalisation (155 avec personnalisation)
Infos : www.stootsconcept.fr
novembre, 2024
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