Depuis plus de deux décennies, la destinée de la Saintélyon est entre les mains d’Extra Sports et de Michel Sorine, son fondateur. Une société d’événementiel qui s’appuie sur le club historique du CT Lyon pour faire perdurer la magie d’une épreuve sans pareille.
Avec ses 17 000 coureurs attendus sur la 69e édition, la Asics Saintélyon est le “moteur” d’Extra Sports. Et les sports d’endurance celui de son patron, Michel Sorine. Sportif averti, avant d’être victime d’un grave accident de vélo qui l’a cloué définitivement dans un fauteuil roulant, Michel et sa jeune équipe ont su développer, au fil des ans, un large catalogue d’organisations dans les sports d’endurance, et notamment le running. Retour avec le “boss” lyonnais sur ses grandes réussites et ses projets.
Recueilli par Luc Beurnaux
- Michel, de quand date ton premier contact avec la Saintélyon ?
Dans les années 90, je bossais dans la pub, et en même temps j’étais un sportif assidu. Je faisais beaucoup de cyclosportives, de VTT, de course à pied. J’ai commencé à faire un peu de trail, et puis en 2000, j’ai démissionné de ma boîte et j’ai co-créé l’agence Extra, qui à l’époque était une agence de communication. Et j’ai dit à mes associés que je voulais monter un pôle Sport. J’avais fait aussi beaucoup de communication et d’événementiel dans mon activité précédente, et comme je participais tous les week-ends à des courses, je voyais ce qui se faisait de bien. En 1997, j’avais organisé une course qui s’appelait Bike In Lyon ; c’était l’ancêtre de Lyon Free VTT. Il n’y a eu qu’une seule édition, avec plus de 2000 personnes, beaucoup de partenaires, comme Pasteur-Mérieux, La Poste etc. Mais la municipalité d’alors, sous Raymond Barre, a trouvé ça très accidentogène, surtout qu’il y avait eu un décès en course. L’année suivante, elle m’a dit “non”. J’ai dû attendre l’arrivée de Gérard Collomb à la mairie en 2001 pour ressortir le projet des cartons. J’étais membre d’un club de vélo, le Cyclo Team 69, et j’organisais aussi pour eux la Scott 1000 Bosses, avec 2000 personnes. Un jour, aux 1000 Bosses, les gens du CT Lyon, organisateurs historiques de la Saintélyon, sont venus me voir et m’ont dit : “On n’y arrive plus, on fait ça tous les deux ans, il y a de moins en moins de monde, etc. Est-ce que ça t’intéresserait de t’en occuper ?” A l’époque, j’avais commencé à entrevoir le succès du trail, avec les Templiers. Je me disais qu’il y avait sûrement une carte à jouer. C’était vraiment une course atypique, très connue à Lyon, mais il n’y avait que 1500 participants. J’ai dit OK, mais à certaines conditions : redonner un rythme annuel à la Saintélyon, changer toute la communication, développer les formules relais, modifier le parcours, qui à l’époque était vraiment la ligne la plus droite possible entre les deux villes, et qui empruntait un maximum de bitume, avec un ravito tous les 5km….Et depuis, en 20 ans, on est passé progressivement de 64 km à 80km, et d’à peine 30% de chemins à 65% aujourd’hui. Cette année sera donc ma 22e édition de la Saintélyon, et l’idylle continue !
- Quels ingrédients as-tu amené pour rebooster tout ça, et pour arriver aujourd’hui à une course à plus de 17 000 inscrits ?
Nous avons su surfer sur l’avènement du trail running. Et c’est un trail qui est finalement très accessible. La Asics Saintélyon est un peu la porte d’entrée dans le trail running, avant d’accéder à des choses plus compliquées. Même si c’est quand même une course qui se mérite, parce que courir la nuit, dans le froid, sous la neige ou la pluie, ce n’est pas facile, d’autant qu’on court tout le temps, et qu’on est toujours en prise…. J’ai vu beaucoup de trailers qui venaient ici en pensant se friser les moustaches, pour finalement trouver la Saintélyon extrêmement dure. L’autre atout, c’est d’avoir le côté “course en ligne” qu’on peut faire sans prendre sa voiture ; c’est un “ville à ville”, un peu comme Paris-Versailles, Marseille-Cassis ; et je pense qu’on a quand même vraiment bien bossé en communication, pour arriver à ce que c’est aujourd’hui en terme de popularité. La première année, nous avons doublé les effectifs du peloton, de 1500 à 3000 et depuis, progressivement, nous avons augmenté la jauge, développé les infrastructures, augmenté le confort des coureurs ; en 2017, nous sommes arrivés à 17 000 coureurs. Et on ne pourra pas aller au-delà, les chemins ne sont pas extensibles. On veut éviter les bouchons, et d’un point de vue “expérience coureur “et environnemental, ce ne serait pas raisonnable d’aller au-dessus. D’ailleurs c’est sur le grand parcours qu’on fait le plus de monde en solo cette année, avec 7500 coureurs sur le 80km…et je pense que si on ne limitait pas, on pourrait en avoir 12 000 !
- Chaque année, tu proposes des nouvelles sections sur les parcours de la Saintélyon. Peux-tu nous expliquer comment tu travailles les tracés ?
Ça nous tient à cœur de proposer des nouveautés à chaque édition. Le traceur historique était Alain Souzy, avec qui on partageait vraiment la même vision. Il adorait la cartographie, il adorait fouiner pour améliorer le tracé. On lui doit de très beaux parcours. Il est malheureusement décédé en 2018 de la maladie de Charcot, et Nicolas Bouteille, du CTL, a repris le flambeau, dans la même veine. On lui laisse la main là-dessus. Et je sais que pour l’année prochaine, la 70ème, il nous prépare un kilométrage supérieur. On n’ira pas au-delà des 90 bornes, mais on risque d’être largement au-dessus des 80 ! On veut majoritairement du chemin, en essayant d’améliorer des choses. Je me rappelle des premières années, ce départ jusqu’à Sorbiers… je le trouvais bien glauque, sur une route large ; on a essayé de trouver un substitut. Nous l’avons bien trouvé, toujours sur une petite route mais beaucoup plus tranquille, plus vallonnée, plus bucolique. Mais plus on s’approche de Lyon, plus c’est compliqué. L’urbanisation galopante fait qu’à partir de Chaponost, c’est quand même un peu difficile de changer les choses. Malgré tout, on trouve toujours des petites nouveautés ; le parc Aventure de Sainte-Foy-les-Lyon en était une. Et la Métropole nous prépare à l’horizon 2026 une nouvelle passerelle pour traverser le Rhône ; pourquoi pas envisager à ce moment-là de l’emprunter, ce qui nous permettrait de prendre un nouvel itinéraire pour la fin de course !
- L’une des nouveautés 2023, c’est l’apparition de pacers, de meneurs d’allure, à l’image de ce qui se fait sur marathon. Comment cela va-il fonctionner ?
Au départ, nous cherchions à trouver une activation pour notre partenaire Petzl, qui est un de nos plus fidèles partenaires, arrivé en 2002. Parmi les propositions mises sur la table, il y avait celle-ci. J’avoue que j’étais un peu dubitatif au début, je me demandais si ça n’allait pas créer des bouchons, par exemple. Finalement, nous nous sommes laissé convaincre. Nous avons fait un appel à candidatures uniquement via les réseaux sociaux, et on a reçu 300 réponses ! Au final, il y aura 27 éclaireurs répartis en 11 objectifs. Le premier objectif c’est 9h, puis 9h30, 10h, 10h30, jusqu’à 14h. Il y aura donc 2 voire 3 coureurs par objectif, avec des remplaçants. On a plutôt des bons dans le lot !. L’éclaireur qui est sur l’objectif 9h a déjà sorti une Saintélyon en 7h. Ces gens-là vont être reconnaissables : ils auront une lampe clignotante derrière la tête avec des couleurs, un dossard rose sur leur sac où sera indiqué le temps référence, et ils seront répartis dans les différents sas. Ils ont un tableau de marche qui a été établi par ASICS; ils savent exactement ce qu’ils ont à faire, ils respecteront leur allure, ils essaieront de réconforter ceux qui ne vont pas bien…L’initiative est plutôt très bien accueillie par les coureurs !
L’autre belle innovation, c’est un spectacle de drones lumineux au départ.10 minutes de spectacle avec 300 drones lumineux en action ! Ça va être un moment assez inoubliable ! Il y aura également le Live, de 22h à 8h sur différents canaux, dont la page Facebook de Trails endurance et BFM Lyon, qui arrive dans le dispositif cette année.
- Que vous apporte le partenariat avec ASICS ?
Clairement, le partenariat avec ASICS nous a encore permis de changer de dimension. Ça n’a pas révolutionné la course, mais ça a révolutionné notre approche marketing. ASICS cherchait une grande course un peu populaire et accessible, donc ça l’a vraiment fait entre nous. ASICS voulait le partenariat titre. C’était un peu une révolution culturelle pour nous, enfin surtout pour le CT Lyon, qui est toujours propriétaire de l’épreuve. Il a fallu que nous leur expliquions que c’était un vrai plus pour l’événement à tous niveaux. C’est un partenariat qui nous permet de faire beaucoup de choses, notamment les live, etc. avec un budget de 2 millions d’euros. Cela fait déjà 3 ans qu’on travaille ensemble, et nous allons certainement prolonger. Il y a une partie en cash, une partie en dotation. Ils fournissent par exemple tous les t-shirts finisher, tous les lots finishers (qui sont des gants cette année) et ils déclinent beaucoup d’activations ; cette année nous avons organisé par exemple une reco pour 120 personnes avec du testing shoes, nous allons faire la traditionnelle photo avec I-Run sous l’arche de départ ; et la boutique officielle Asiçs Saintélyon est totalement pilotée dédiée par I-Run et ASICS. ASICS amène aussi beaucoup d’athlètes internationaux sur tous les formats de nos courses !
- Vous vous appuyez toujours sur un club local pour organiser vos évènements, explique-nous comment cela fonctionne ?
Oui, c’est un peu notre modèle que de s’appuyer sur des clubs locaux. Au Puy-en-Velay, on a même créé une association éponyme qui s’appelle Grand Trail du Saint-Jacques, qui joue le rôle de club, qui fédère les collectivités entre elles. Globalement, le club en question gère les parcours (le fléchage /défléchage), les ravitos, le recrutement des bénévoles, et le reste on le fait. Et bien sûr, le club reçoit une contrepartie financière. C’est vraiment un fonctionnement “win-win”. D’ailleurs, personne n’a jamais eu à s’en plaindre. Le club a l’opportunité de ne se concentrer que sur ce qu’il aime faire, c’est-à-dire tracer les parcours, gérer les bénévoles, et tout l’aspect administratif, nous le gérons pour eux. Nous rédigeons les dossiers de subvention ou de préfecture, et c’est le club qui touche les subventions au final ! Chaque club perçoit en moyenne 10% de la billetterie.
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novembre, 2024
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