12ème KM Vertical de Fully, un parcours hors norme !

Ce ne sont pas les dénégations de certains, notamment à l’extérieur du territoire helvétique, confinant au chauvinisme le plus inepte, qui changeront quoi que soit. Assurément, le KM Vertical de Fully, surplombant la Vallée du Rhône au cœur du Bas-Valais, à 5km en amont de Martigny, est le plus rapide de la planète. Son parcours, pareillement la kyrielle de prouesses enregistrées, ne laissent poindre aucun doute à ce sujet.
 
En juillet 2010, les mesures réalisées au GPS par un géomètre attestaient d’une dénivelée de 1000,06m. Et l’Italien Manfred Reichegger, lauréat 2011, et son alter ego féminin en 2009, la Haut-Alpine Laetitia Roux, auront dévoré la rampe fulliéraine, respectivement en 30’46 et 37’55.
 
La Fée Electricité à l’origine
Un double exploit qui n’aura jamais été égalé ailleurs dans le monde, rendue possible par l’un des parcours les plus extravagants qu’il soit possible d’arpenter, confinant au surnaturel : un segment d’1,920km sur une pente de catastrophe s’élevant à 52% de moyenne, avec des portions frisant les 60%, et ce à travers une antique voie de funiculaire. Construite pour l’édification à 2132m d’altitude, du barrage du Lac Supérieur de Sorniot mis en service en 1914, elle sera ensuite utilisée par les autochtones dans l’optique de monter le nécessaire pour pouvoir rejoindre sur le relief leurs hameaux et demeures appelées mayens.
Inutile de dire que ce mur exige l’usage des bâtons. Comme une évidence en vérité, hormis le cycliste haut-alpin et quadra Serge Garnier qui, ne sachant pas s’en servir, les ignore superbement depuis l’édition 2009, ce qui ne l’a pas empêché de… triompher précisément cette année-là !
Cette saignée, au milieu des vignes, des près et d’une forêt de mélèzes et d’épicéas, outre qu’elle est passée au peigne fin chaque année avant le jour J, est on ne peut mieux matérialisée. Un cheminement en effet d’un jet, régulier, dénué d’aspérités si ce n’est toutefois la présence répétée de rouleaux pour le passage de câbles.
En outre, l’altitude, comprise entre 500 et 1500m, donc modeste, n’est pas un obstacle à la performance. En réalité, rien n’est laissé au hasard pour la rendre possible comme en témoigne encore le balisage instauré, informant opportunément les verticalrunners du chemin parcouru et à… parcourir, le chiffre différentiel étant indiqué tous les 100m.
 
Spectacle au-dedans, spectacle au-dehors
C’est à la Belle Usine (500m) que le starter prend ses quartiers. Fleuron de l’architecture industrielle du début du XXème siècle de par ses assises en pierres de taille et ses élégantes baies cintrées, cette centrale hydro-électrique réceptionne une chute d’eau de 1640m émanant  du Lac de Sorniot. A compter de 1996, elle a été pour partie transformée en salle de spectacle.
Mais samedi, c’est bien dehors que le spectacle aura lieu, d’abord au milieu des cépages qui tapissent les coteaux de Fully inondés de soleil. Puis après 150m de dénivelée, sur les près, enfin une fois les 350m de différentiels avalés, dans la forêt dominée par des mélèzes vieillissants sculptés par l’altitude, le temps et le climat, mais qui n’altèrent cependant en rien  leur majesté.
Après le hors d’œuvre long de 300m, pimenté par seulement 36 petits mètres de dénivelée,  permettant ainsi de cavaler, tout le monde ou presque se met à marcher, le versant se raidissant brusquement. Mais cet escarpement n’est que broutille au regard de ce qui attend les athlètes plus haut.
Ceux-ci auront alors la berlue, une fois les 300m de différentiel croqués, lorsqu’une interminable ligne droite s’offrira à leurs mirettes. Un bref instant de répit interviendra au moment de l’unique ravitaillement (600m de dénivelée), avant que ne surgisse le plat de résistance au passage dit du Réservoir (700m), la pente se faisant alors un malin plaisir de narguer jusqu’aux plus téméraires des concurrents. La fin approchera cependant, en particulier quand la multitude, amassée à 50m du but, se fera entendre bruyamment vers les 900m.
Enfin, au lieu-dit Les Garettes (1500m), épilogue de cette invraisemblable équipée sauvage, certains ne manqueront pas de s’affaler, d’autres d’embrasser d’un coup d’œil les Alpes Valaisannes et le toit de l’Europe réunis, sans oublier ceux qui viendront aussitôt encourager leurs camarades, édulcorant ainsi quelque peu leurs souffrances endurées, celles-là même qu’ils auront dû affronté tout aussi héroïquement…
 
François Vanlaton

décembre, 2024

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