Il y a 10 ans, le 9 juillet 2011, les Français avaient brillé sur les Championnats du monde de trail organisé dans le parc national du Connemara en Irlande. Sur le parcours de 71,5 kilomètres, Erick Clavery s’était imposé chez les hommes, tout comme Maud Gobert chez les femmes. Mais la performance de l’équipe de France ne s’était pas arrêtée là puisque que par équipe l’équipe masculine et l’équipe féminine avaient terminé en haut du classement et Patrick Bringer avait aussi décroché le bronze en individuel. Mais depuis cet exploit, que sont devenus les champions du monde de cette année-là, entretien avec Maud Gobert et Erick Clavery.
Maud Gobert en garde de bons souvenirs de cette course, « C’était une belle course d’équipe, je ne l’ai pas vécue comme une course individuelle ». Au niveau individuel, elle ne s’attendait d’ailleurs pas à finir en tête surtout après sa blessure survenue à 8 kilomètres de l’arrivée : « Je me suis cassé la cheville, mais grâce au terrain humide qui ressemblait à de la tourbière, j’ai pu arriver au bout ». Pour autant, ce n’est pas la course qui lui a procuré le plus d’émotions au cours de sa carrière « Pour moi, la victoire aux Championnats du monde m’a procuré moins d’émotions que la victoire aux Templiers en 2009. Je ne peux pas l’expliquer, peut-être le contexte personnel autour la course. Cette course était un aboutissement ».
Ensuite, elle a réalisé d’autres courses et vécu d’autres succès comme les templiers, la 6000D (2012, 2014), la SaintéLyon (2013, 2014) et des titres de Championne de France. Mais les années qui ont suivi ont été plus difficiles. Des douleurs aux genoux l’ont forcée à devoir se faire opérer (ostéotomie tibiale en 2018) et depuis, elle nous a confié ne courir que rarement « Je cours car j’aime courir, mais je prends moins de plaisir qu’avant, car à la fin, je sais que vais avoir mal ».
Aujourd’hui, elle a « tourné la page du trail ». Elle pratique majoritairement le vélo que ce soit pour faire de longues sorties mais également pour se déplacer au travail, elle est accompagnatrice en montagne à La Rosière. Elle a également de nombreux projets en tête comme des cyclos, mais surtout les 7 majeurs : un parcours de 360 kilomètres avec 12 000 mètres de dénivelé positif dans les Alpes en enchaînant col de Vars, col d’Izoard, col Agnel, col de Sempeyre, col de la Fauniera, col de la Lombarde et col de la Bonette. Mais ce n’est pas le seul sport auquel elle s’est mise ; aujourd’hui elle prend plaisir à faire du parapente mais aussi à suivre les compétitions : « En pratiquant un sport à haut-niveau, c’est compliqué de faire autre chose. On ne pense qu’à ça et on lui dédit tout son temps ».
Au niveau professionnel, elle a rejoint l’entreprise créée par son amie Caroline Freslon, nommée « 5ème ELEMENT », et qui propose des stages de trail, des sorties de ski de randonnée et d’alpinisme pour des séminaires d’entreprise et des séjours privatifs. Elle y travaille en tant qu’accompagnatrice en montagne et monitrice de ski.
Pour elle, la démocratisation du trail a eu un fort impact sur la manière dont il est pratiqué « J’ai connu le trail quand on pouvait se ravitailler tout seul, c’est pour ça que j’ai fait ça. Aujourd’hui, beaucoup pensent qu’ils ne peuvent vivre que de ça ». Elle a également abordé les réseaux sociaux et le fait que le nombre de followers soit plus important que le palmarès : « Les réseaux sociaux, c’est infernal. De très bons coureurs qui ne sont pas sur les réseaux sociaux ne sont pas soutenus car les parutions sur les réseaux vont au-dessus des résultats sportifs ».
Pour terminer l’entretien, elle a reconnu qu’elle aurait bien « voulu fêter les Championnats du monde avec Erick Clavery mais avec les conditions sanitaires et les activités de chacun, c’était trop compliqué ».
Erik Clavery, lui, n’a jamais arrêté de courir, « c’est une passion, c’est un refuge également pour moi », et il le fait sous toutes ces formes « route, trail, ultra trail, et même maintenant en mode trail aventure, sur plusieurs jours ». Il vient d’ailleurs d’établir le record sur le GR223 le long des côtes normandes (670 kilomètres en 4 jours, 13 heures et 12 minutes) et juillet 2020, il avait battu le record du GR10, A LIRE ICI, en 9 jours, 9 heures et 12 minutes (traversée d’Ouest en Est des Pyrénées : 887 kilomètres avec 50 000 mètres de dénivelés « Je trouve totalement mon bonheur dans cette pratique du off, car j’y trouve la liberté de courir sans la contrainte de l’organisation et de la concurrence directe. Mon seul plaisir et de courir en nature, de partager avec ceux qui souhaitent m’y rejoindre, et de m’adapter aux conditions que je rencontre à l’instant présent. Et c’est également une opportunité de me découvrir moi-même de me redécouvrir, et d’apprendre sur mes capacités, physiques et mentales ».
Pour autant, il n’a pas délaissé les compétitions : il a remporté la Saintélyon en 2011, l’Éco-Trail de Paris l’année suivante ainsi que la Transmartinique en 2013, terminé 6ème de l’UTMB 2015. Il lui est pour autant impossible de comparer les émotions qu’il a ressenties par rapport à sa victoire aux Championnats du monde « chaque course est différente et nous apporte son lot d’émotions. Ce n’est pas pour autant qu’elles sont plus ou moins fortes, elles sont justes différentes. Et c’est ce qui fait la richesse du sport, cette variété d’émotions que l’on peut vivre ».
Quand il repense à ces Championnats du monde, il se rappelle « l’émulation au sein du groupe et de l’ambiance bienveillante qui y régnait », « de la fierté de courir pour la France », « du bonheur suprême que de franchir la ligne en tête » et « de l’insouciance dont j’ai fait état tout le week-end de ce championnat ». Selon lui, la démocratisation que vit le trail aujourd’hui est « tout à fait naturelle. C’est un sport qui nous rapproche de nos origines, la simplicité de la course à pied ».
Actuellement en équipe de France de 24 heures, il a été sacré champion de France en 2018 et il est arrivé 4e des Championnats du monde en 2019 où il a établi le nouveau record de France en parcourant 272,217 kilomètres. Un de ses futurs objectifs est d’ailleurs les prochains Championnats du monde qui devraient se tenir les 1er et 2 octobre à Bucarest, en Roumanie. Il a également d’autres projets, « Peut être trop pour une seule vie d’ailleurs », notamment tournés vers l’aventure à l’international « en France, aux Etats Unis, au Népal ou en Amérique du Sud ! ».
À côté de sa pratique de la course à pied, il est aussi devenu préparateur mental, certifié Méthode Target « j’ai vraiment à cœur d’accompagner des athlètes, étudiants, entrepreneurs, managers à développer leur potentiel mental comme on peut développer son potentiel physique pour optimiser sa performance tout en étant toujours plus dans le bien-être ».
Les Championnats du monde 2021, auront lieu du 11 au 14 novembre prochain en Thaïlande, et bien que la sélection française qui s’y rendra ne soit pas encore connue, Maud Gobert aimerait bien voir briller Blandine L’Hirondel, déjà sacrée championne du monde en 2019, « elle est naturelle et elle a un bon potentiel. Je ne la connais pas vraiment, mais je me reconnais un peu en elle ». De son côté, Erik Clavery aimerait bien voir briller Sylvain Cachard « un athlète que j’apprécie particulièrement. Pour ses qualités humaines, mais également sportives (…). Alors oui, j’espère et je suis sûre qu’il sera un digne représentant de l’équipe de France et qu’il ira très loin, encore plus loin ! ». À voir désormais s’ils feront tout aussi bien !
Killian TANGUY – © Fred Bousseau – Erik Clavery et Maud Gobert
décembre, 2024
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