Après la 6000D, le Lavaredo Ultra Trail, les championnats de France de Gap, l’Alsacien Sébastien Spehler a remporté aujourd’hui une autre des grandes classiques du calendrier, avec le Trail du Ventoux (48km), en devançant Michel Lanne et Bertrand Brochot.
Comme souvent, la météo régnant au pied et au sommet du Géant de Provence aura inquiété l’équipe d’organisation jusqu’au départ, donné ce matin à 8 heures du domaine des Florans. A la mi-février, des chutes de neige de 50cm (à 800m d’altitude) avaient donné des sueurs froides à Serge Jaulin et son équipe. Il y a 15 jours, 25 cm de neige se déposaient encore à 600m d’altitude. Au fil des jours néanmoins, la perspective de passer par le sommet du Mont Ventoux (1900m) se dégageait. Un soulagement pour les organisateurs, et le millier de coureurs inscrit sur le parcours long, impatient de côtoyer le célèbre sommet lunaire, ses congères de deux mètres de haut, et son vent violent. Au petit matin du départ, les organisateurs devaient encore débaliser une partie au sommet : « Ce matin, sur 300m de long, il y avait de la glace vive au sommet » explique Serge Jaulin. « On a donc dû faire passer les coureurs sur un petit morceau de bitume, du côté de la Face Nord du Ventoux ».
De l’engagé, donc, pour un début de saison, pour les concurrents du parcours long (48km). Pour beaucoup, il était l’heure de remettre les runnings aux pieds, après une mi-saison consacrée au cross, au ski de fond, au ski alpi’, pour des trailers qui ne connaissent pus guère d’intersaison désormais. Sébastien Spehler découvrait le Ventoux pour cette occasion. Les yeux rougis par 7h30 de route, le petit gabarit alsacien devinait, samedi, depuis la résidence des Florans, le fameux sommet. Aujourd’hui, il sera parvenu à suivre son plan à la lettre, selon ses dires. « J’ai cherché à suivre Michel Lanne en début de course » expliquera le champion de France 2013. « En fait, je n’avais pas vu que devant lui, il y avait un autre concurrent du Long (NDR : Bertrand Brochot) ». Difficile, effectivement, pour les suiveurs et les coureurs, de deviner, dans le peloton, qui fera le 26km ou le 48km, le départ des deux courses étant donné simultanément. Et que certains des coureurs(-euses) jouent l’intox vis à vis de leur adversaires, annonçant tantôt leur engagement sur le 26KM, pour en réalité basculer sur le Long, ou inversement. Spehler, lui, ne s’est pas trop posé de questions existentielles, se contentant de se concentrer sur ses sensations. « Je ne me suis pas affolé, on est revenu progressivement sur le leader ».
Ce trio s’est frotté en premier à la tempête du Mont Ventoux. Courbé en deux, pliés par des rafales de vent affichant plus de 100km/h, les coureurs se sont fait malmener dans leur progression. « Là haut, c’était l’horreur » dira dans un sourire Spehler. « Le calculs des trajectoires était spécial. Quand on voulait aller tout droit, il fallait viser sur la gauche, à cause du vent. Les rafales soulevaient de la neige gelée qui venait nous fouetter les mollets, c’était terrible… ». Une situation que Michel Lanne, jugera, lui, « compliquée, mais totalement sécurisée. Juste avant le sommet, on s’est pris à la fois de grosses rafales de vent, et aussi une forte chaleur, et cela a vraiment compliqué la course. Mais cette année, on a pu passer par le sommet, c’ était quand même grandiose, certainement la plus belle édition du Ventoux que j’ai vécue » avouait celui qui termine à la seconde place. Bertrand Brochot, lui, se satisfaisait de sa 3e place. « Je suis parti avec les gars du 26, j’ai un peu l’habitude de partir vite comme ça. Tout est bien allé dans la première heure de course. Ensuite, c’est devenu un peu infernal, avec des conditions difficiles. J’ai peiné après le 2e ravitaillement, j’ai pris un point qui m’a embêté un moment, et je n’ai plus pensé alors qu’à conserver cette 3e place ». Brochot parviendra à ses fins, repoussant Julien Navarro à la 4e place.
La course Filles – La révélation Benedicto
La course filles aura accouché d’une révélation, en la personne de Juliette Bénédicto. Championne du monde junior de triathlon en 2004, la jeune fille a dû stopper sa prometteuse carrière pour enfanter, et se lancer aujourd’hui un nouveau défi clairement affiché : réussir une seconde carrière en trail. Partie sur un rythme d’enfer, devant la première fille du 26km, plus personne n’a revu la petite amie de Julien Coudert (5e aujourd’hui). « Je n’ai rien calculé, je suis partie à fond et prié pour que ça tienne jusqu’au bout» dira Juliette à l’arrivée. « Je n’avais jamais couru plus de 30km sur trail, donc je ne savais pas trop ce que cela allait donner. J’ai eu un coup de moins bien autour du 26e, mais finalement ça a tenu. » Impériale en montée, moins rassurée dans les descentes, Juliette a dominé des expertes de la discipline, comme Caroline Chaverodt(2e) et Anne Lise Rousset (3e), ou encore Maud Gobert (5e) et Virginie Govignon (7e). Peut-être aura-t-elle profité de sont relatif anonymat du jour pour s’engouffrer dans la brèche. Mais avec sa démonstration du jour, nul doute que ses adversaires se méfieront désormais de la jeune fille de Haute Savoie ! « Désormais, je vais me mettre à fond dans le trail, c’est sûr. Je me suis bien préparée cet hiver, j’ai fait beaucoup de ski de rando, beaucoup de dénivelé, et j’essaie aussi de faire du vélo de route pour éviter les blessures. Maintenant, j’aimerais bien récupérer un dossard pour la Maxi Race, cette année, et pourquoi pas postuler pour les Mondiaux d’Annecy en 2015 », annonce Juliette.
Les 500 coureurs du petit parcours n’auront pas eu le privilège de toucher au Mont Chauve. Ce qu’il leur fut proposé néanmoins fut tout aussi sélectif, avec un parcours exigeant, technique, varié, proposant de nombreuses relances, et un final modifié avec un nouveau « coup de cul » qui en aura surpris et épuisé plus d’un. La victoire chez les hommes reviendra à l’Ardéchois Fabien Merchat, qui laissera une partie de lui sur ce parcours. Les pieds encore « tendres » en ce début de saison, Merchat finira dans la douleur, les talons à vif, les pierriers et autres rocailles locales ayant eu raison de son épiderme. A ses basques, Alexis Traub finira à une minute environ, le jeune Tristan Calamita complétant le podium.
Chez les filles, Amandine Ferrato (New Balance) découvrait pour sa part l’épreuve. Après un tour du monde sur le mode « routarde », en stop et avec son sac à dos, l’assistante de direction s’était remis au sport il y a un an environ. « Ce tour du monde m’a bien les idées en place, et les pieds sur terre. Mais j’avais perdu 10 kilos. Alors j’ai repris le sport progressivement, par la course à pied, et par le trail ». Ancienne raideuse multisport et VTTiste, Amandine s’est régalé aujourd’hui autour de Bedoin. « Les décors étaient superbes, le balisage impeccable. J’étais plutôt bien dans les descentes, mais dans les montées je n’avais pas encore les cannes. Mais ce n’est que le début de saison, c’est normal. ». Tout sourire, enthousiaste, Amandine l’emporte tout de même facilement en 2h30:46, devant l’étudiante en STAPS lyonnaise Sabine Ehrstrom, à 10 minutes, et Fanny Cospain à 18 minutes.
RÉSULTATS TRAIL DU VENTOUX 2014 : 26KM – 48KM (cliquez sur la distance)
VIDÉO DU TRAIL DU VENTOUX ERGYSPORT 2014 (sport + / 13 min)
VIDÉO DU TRAIL DU VENTOUX ERGYSPORT 2014 (Salomon / 5 min)
Luc Beurnaux – Photos JM Mouchet
Résultats trail du Ventoux 48km Hommes –
1 S Spehler 4h20min37s
2 M. LAnne 4h26min58s
3 B. Brochot 4h28min38s
4 J. Navarro 4h32min08s
5 J. Coudert 4h39min20
6 A. Perrignon, T.Lorblanchet, C. Petitjean 4h41min30s
9 P. Giguet 4h43min12s
10. N. Martin 4h45min39s
Résultats 48km filles
1 J. BENEDICTO en 5h18min
2 C. CHAVEROT en 5h21min
3 AL ROUSSET 5h22min2
Podium Filles 26km
1. A. Ferrato 2h30:46
2. S. Ehrstrom 2:40:36
3. F. Cospain 2h48:21
Podium Hommes 26km
1 F. Merchat 2h04:17
2. A. Traub 2h05:16
3. T.Calamita 2h06:23
décembre, 2024
type d'évènement:
Tous
Emplacement de l'événement:
Tous
Aucuns évènements