Du 11 au 14 novembre 2021 a eu lieu le trail scientifique de Clécy, un ultra-trail de 156 kilomètres durant lequel 56 ultra-trailers ont passé 40 tests scientifiques, trail organisé par l’ université de Caen Normandie avec l’ appui financier de la Région. Une aventure sportive, humaine et scientifique qui est une première mondiale.
Avec plus de 1,5 million de trailers et 300 000 ultra-trailers en France (10 millions de pratiquants de trail en Europe) et 4500 trails organisés par an, le trail connait en France un développement exponentiel sans précédent en 10 ans ; et pourtant peu de recherches scientifiques concernent ce sport.
Du 11 au 14 novembre 2021 a eu lieu le trail scientifique de Clécy, un ultra-trail de 156 kilomètres et 6000m de dénivelé durant lequel 56 ultra-trailers (13 femmes et 43 hommes, âgés de 24 à 66 ans) ont passé, tous les 26 km, 40 tests scientifiques multidisciplinaires d’ une durée totale de 50 minutes : biologiques, cardiaques, cognitifs, musculaires, sensoriels,… avec pour objectifs de mieux comprendre les mécanismes d’ adaptations physiologiques et physiopathologiques des trailers qui leur permettent ces exploits sportifs et humains, mais aussi d’ étudier les répercussions sur la santé de ces courses de l’ extrême.
Organisé par l’université de Caen Normandie à l’initiative du chercheur Benoît Mauvieux et avec l’implication d’ une équipe pluridisciplinaire de plus de 60 chercheurs, cet ultra-trail scientifique qui est une première mondiale à cette échelle, n’aurait pu voir le jour sans l’appui financier de 350 000 euros de la Région Normandie. Les coureurs ont pris le départ de la course à 14h30 le 11 novembre, le premier trailer, Jean, 32 ans est arrivé le lendemain à 12h15 c’est-à-dire en moins de 20h. A la quatrième place arrive à 16h10, la première femme, Caroline, 36 ans ; le dernier coureur est arrivé le samedi 13 à 7h le matin.
Les premiers résultats de cette étude sont attendus d’ici un an avec déjà des premières indications…à lire en fin d’article.
Baisse de force et système vestibulaire ne répond plus !
« La recherche est une priorité pour l’ université de Caen Normandie. 45 laboratoires de recherche dont plus de 30 labélisés avec le CNRS, l’ INSERM, le CEA, etc. Le lien entre sport et santé est essentiel à l’ Université car nous faisons de la question du « Bien vivre tout au long de la vie » notre marque de fabrique. C’ est pourquoi cette recherche scientifique, première mondiale, s’ inscrit parfaitement dans cette stratégie d’excellence », analyse Lamri Adoui, président de l’université Caen Normandie.
« Qui a dit que la recherche scientifique devait uniquement se faire dans des laboratoires derrière des microscopes et dans des éprouvettes ? Cette première étape de la recherche ne pouvait se faire en laboratoire, il nous fallait des tests grandeur nature, dans les conditions du réel (fatigue, froid, stress,…) pour avoir des résultats qui reflètent vraiment l’ effort et les conditions des ultra-trailers sur plus de 150km. Maintenant, il va falloir analyser toutes les données recueillies, puis les mettre en commun et les croiser afin de mieux comprendre ce qui fait la particularité physique, physiologique et mentale de ces trailers. Ces résultats vont permettre d’ une part de pouvoir améliorer leur préparation (alimentation, chaussures, vêtements, etc…), leur récupération et donc leurs performances, mais aussi permettre des parallèles avec des milieux professionnels où existent la privation de sommeil et les conditions de températures et apporter à eux aussi des conseils pour l’ amélioration de leurs performances (travail de nuit dans des frigos, …). La diffusion des résultats va permettre d’ aider les kinés, ostéopathes, médecins généralistes à mieux appréhender cette population des trailers et d’ offrir de vraies données à la presse spécialisée trails et courses pour qu’ elle puisse apporter des conseils avisés à leurs lecteurs », explique Benoit Mauvieux, maître de conférences UFR Staps et chercheur à l’université de Caen Normandie, laboratoire COMETE.
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Le succès d’une recherche scientifique pas comme les autres
L’ultra-trail de Clécy en quelques chiffres : premier bilan
L’ Ultra-trail s’ est déroulé du 11 au 14 novembre 2021 dans le parc de Clécy.
56 trailers (13 femmes et 43 hommes, âgés de 24 à 66 ans) ont pris le départ de la course de 156km et 6000m de dénivelé.
Tous les trailers sont partis à 14h30 le 11 novembre ; le 1er est arrivé à 12h10 le lendemain et le dernier à 7h le samedi matin. La première femme est arrivée à la 4ème place et a réalisé le parcours en moins de 26h (arrivée le 11 novembre à 16h10).
Les trailers devaient effectuer 6 fois une boucle de 26 km. A chaque passage au Centre de Pleine Nature Lionel Terray où se déroulaient les examens, les coureurs effectuaient 40 tests en 50 minutes.
C’est ainsi 5824 tubes à essai contenant le sang des trailers qui repartent pour être analysés.
25% d’abandons restant ainsi dans la norme basse. Les abandons l’ ont été surtout pour des raisons de fatigue, problèmes gastriques et entorses légères. Les conditions climatiques du trail étaient ultra favorables, peu de pluie, des journées et des nuits avec des températures douces.
60 chercheurs, 80 étudiants, 150 bénévoles ont participé à la réussite de ce trail scientifique, faisant de cette expérience une aventure humaine sans précédent.
40 tests tous les 26km
Ainsi, tous les 26km, les trailers devaient passer en 50 minutes une batterie de tests allant de questions sur la perception de leur fatigue et de leur état de santé, à l’ analyse de ce qu’ ils avaient bu et mangé durant leur parcours et sur la base de loisir, d’ une prise de sang, d’ une échographie cardiaque et myotendineuse (mollet et tendon d’ Achille) à des tests de vigilance, d’ équilibre, de force musculaire, de motivation, de déformation et volumétrie du pied via un scan 3D du pied et d’ une analyse cinématique de la course.
Les innovations scientifiques
Certains tests ont été effectués tout au long de la course grâce à des appareils miniaturisés portés par les coureurs. Un tracking physiologique via un GPS (Gilet Hexosquin) a ainsi permis d’ enregistrer tous les paramètres de la course : la vitesse, la vitesse ascensionnelle durant les dénivelés, la cadence de pas, etc…
L’ ingestion avant la course d’ une gélule gastro intestinale (BodyCap) par les coureurs a permis de suivre les fluctuations de leur température centrale. Un nouveau logiciel en réalité virtuelle a analyser les fonctions sensorielles et les capacités d’équilibration et d’orientation (InMind-VR). Un capteur très léger (Runscribe) accroché à chacune des chaussures des coureurs a permis l’ analyse cinématique de la foulée.
Des capteurs de glycémie, (patch collé sur la peau)permettaient de suivre l’ évolution du taux de sucre dans le sang. Enfin, pour analyser leur sommeil (sommeil profond), les coureurs portaient un capteur collé sur leur front (Somfit) le temps de leur repos en salle de sommeil.
Les premières observations
Il faudra attendre entre 8 et 12 mois pour obtenir les premiers résultats. Mais déjà certaines observations apparaissent comme une baisse sensible de la force musculaire dans les jambes dès les 26 premiers kilomètres, ou encore après 156 km le système vestibulaire (oreille interne liée à l’équilibre) ne répond plus entrainant étourdissement et nausées au moment des tests.
Communiqué de presse – novembre 2021 – ©Alexis Berg et Eric Lacroix
décembre, 2024
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